(Notre Voie 23/08/2011)
Alors que le cas du président Laurent Gbagbo relève d’une procédure judiciaire spéciale, le Procureur Simplice Kouadio Koffi actionné par le régime Ouattara a cru devoir l’inculper ainsi que son épouse, le député Simone Gbagbo. Le faisant, il porte un grand coup au processus de réconciliation nationale.
Interrogé, le mardi 16 août dernier, par le confrère Nord Sud Quotidien, journal proche du Premier ministre, Guillaume Soro Kigbafori, un procureur de la République disait à propos du président Laurent Gbagbo : « Le statut d’ancien président de Laurent Gbagbo lui donne droit à une procédure spéciale. De par son statut d’ancien chef de l’Etat, il est de facto membre du Conseil Constitutionnel selon nos textes de lois et cela nous oblige à agir autrement. Nous sommes entrain d’organiser nos services afin d’adresser une requête au Conseil pour qu’il autorise des poursuites contre Laurent Gbagbo. Une fois l’autorisation obtenue, la procédure suivra son cours normal ». Alors même que le Conseil Constitutionnel n’a pas encore autorisé des poursuites contre le Président Gbagbo, le procureur de la république près le tribunal d’Abidjan, Simplice Kouadio Koffi, a annoncé l’inculpation de M. Gbagbo et de son épouse, Simone Ehivet Gbagbo, lors d’un point de presse qu’il a animé, à son cabinet, le jeudi 18 Aout. Cette inculpation suscite des interrogations.
Que s’est-il passé pour que le procureur Simplice Kouadio Koffi se précipite à inculper l’ancien chef de l’Etat ivoirien ? Laurent Gbagbo aurait-il changé de statut ? Le nouveau chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, aurait-il décidé de ne plus reconnaitre M. Gbagbo comme ancien président de la république et ex-chef de l’Etat ? Les lois ivoiriennes qui confèrent un statut spécial à Laurent Gbagbo en sa qualité d’ex- chef de l’Etat et d’ancien Président de la République auraient-elles changées? Qu’est-ce qui fait courir le procureur Simplice kouadio koffi ? Les réponses à ces questions permettraient d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur la curieuse inculpation du couple Gbagbo pour crimes économiques. En tout état de cause, en agissant comme il l’a fait, c'est-à-dire en violation flagrante des lois ivoiriennes, le procureur Simplice Kouadio Koffi porte un coup grave au processus de réconciliation nationale, avant même celui-ci n’ait pris forme. En effet, d’aucuns disent que le processus de réconciliation ne doit pas empêcher que justice soit faite pour tous les crimes commis. C’est vrai. Mais la justice ne peut être crédible et aider le processus de réconciliation, et donc contribuer à apporter la paix, que si elle est impartiale. C'est-à-dire rendue selon les règles d’équité et d’indépendance. Or, ce qui se passe en Côte d’ivoire, depuis avril 2011, est tout sauf une justice impartiale et indépendance.
Car, comme a tenu à le rappeler l’ex-chef de l’Etat, le président Laurent Gbagbo, dans son message aux ivoiriens à la veille de la commémoration de l’indépendance du pays, non seulement il n’a pas perdu les élections présidentielles, mais il a été victime d’un coup d’Etat de la France. Les nouveaux tenants du pouvoir ivoirien devraient, de ce fait, avoir le profil bas et créer les conditions d’une vraie réconciliation nationale. Au lieu de cela, ils mettent en place une justice dont l’objectif est d’écraser les autres. Au regard de tous ces fais, on est en droit de dire que le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, n’est pas sincère quand il parle de réconciliation nationale. Et personne ne serait surpris de voir l’ex- Premier ministre, Charles Konan Banny, démissionner un jour de la présidence de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation qui apparait comme un cadeau empoisonné.
Boga Sivori
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