(Le Figaro 22/08/2011)
Le Conseil national de transition libyen comprend une quarantaine de membres, dont 13 sont connus. Sur le papier, ses intentions sont impeccables, mais certains lui reprochent ses accointances avec Kadhafi.
La Tunisie a reconnu dimanche le Conseil national de transition (CNT). Après la France le 10 mars le premier pays à avoir reconnu l'instance dirigeante de la rébellion libyenne le Royaume-Uni, l'Allemagne ou les Etats-Unis, la Tunisie emboîte le pas à 28 autres pays. Mais pourquoi ces pays font-ils confiance au CNT et qui est—il vraiment ?
Le CNT a été crée le 27 février à Benghazi, dans les jours qui ont suivi la révolte populaire contre le régime du colonel Kadhafi. Depuis début mars, il se veut un «comité de gestion des crises» et est actuellement présidé par Moustapha Abdeljalil, un ancien ministre de la Justice du Guide libyen. On sait encore peu de choses sur ses membres, une quarantaine au total, désignés en théorie pour leur expérience et sur la base de la répartition géographique. Seuls les noms de treize d'entre eux -essentiellement des juristes, avocats et professeurs d'université- ont été rendus publics à ce jour pour des raisons de sécurité.
Le CNT a un représentant en France : Mansour Saïf al-Nasr, nommé le 28 juillet dernier, est un membre de la ligue libyenne des droits de l'homme et il faisait partie jusque là du Front national pour le salut de la Libye, un mouvement d'opposition en exil. Il était lui-même exilé depuis 1969.
On sait aussi que le CNT abrite plusieurs anciens proches de Kadhafi, les rangs de la rébellion étant régulièrement alimentés par des défections. Les plus récentes sont celles d'Omran Aboukraa, le ministre libyen du Pétrole, apparemment resté en Tunisie samedi au terme d'une mission en Italie ; de Nasser al Mabrouk Abdoullah, un haut responsable de la sécurité libyenne, mais surtout d' Abdessalem Jalloud, ancien compagnon du colonel Mouammar Kadhafi et ex-numéro deux du régime libyen il était premier ministre de 1972 à 1977. Après des différends avec le Guide libyen, Abdessalem Jalloud avait été écarté des affaires et s'était retiré de la vie politique. Il a été maintenu en résidence surveillée pendant plusieurs années. Il était une personnalité populaire en Libye.
Des divisions internes
Si l'on ne connaît pas tous les membres du CNT, on connaît au moins leurs intentions sur le papier, qui sont d'instaurer une démocratie et un Etat laïque en Libye. Une feuille de route éditée le 16 août dernier promet en 37 articles et sur une dizaine de pages des élections «transparentes et démocratiques», un référendum autour d'un projet de constitution, la supervision de l'ONU… Et pour répondre aux craintes de la communauté internationale de voir un nouveau tyran s'accaparer le pouvoir, le CNT affirme notamment qu'il se dissoudra 8 mois après la chute de Kadhafi. «Il n'est pas envisageable de suggérer que le CNT restera en place et continuera à gérer le pays alors qu'il n'a pas été élu», avait alors insisté le président du CNT.
Mais le CNT est contesté, y compris à l'intérieur de ses rangs, pour la proximité passée de certains de ses membres avec le colonel Kadhafi. Ces dissensions internes ont été révélées à la suite de l'assassinat le 27 juillet dernier de l'ancien chef militaire de la rébellion , le général Younès. Rappelé de la région de Brega, cet ancien ministre de l'Intérieur de Kadhafi avait été convoqué et avait comparu devant une commission politique quelques heures avant son assassinat. Il lui aurait été reproché d'entretenir encore des liens avec le guide libyen.
Par Aude Lorriaux
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