(Congo Libre 30/08/2011)
Les experts en informatique sont formels : A cet âge de l’informatique, le programmateur du serveur électoral, gère les élections. Ainsi, par exemple, avec la programmation informatique un vote pour Mr X dans un bureau de vote peut se transformer en vote pour Mme Y sur le serveur. Tout dépend de la programmation du serveur. Autrement dit, celui qui programme le serveur électoral d’un pays est en mesure de programmer le gagnant et le perdant, pendant que sur terrain les candidats et leurs supporteurs se laissent distraire par lequel d’entre eux fait le plein du Stade des Martyrs. Pour minimiser cette possibilité de fraude informatique, la commission électorale doit être indépendante de tout parti politique pour inspirer confiance aux uns et aux autres. Elle doit se mettre à l’écoute de toutes les parties aux élections, répondre dans la clarté aux différents griefs, être transparente dans le pilotage du processus électoral, etc.
Dans le cas de la RDC, le constat est que sa Commission Electorale Nationale Indépendante (en sigle CENI) n’inspire pas confiance à tous les électeurs et partis politiques. Souvent toute prise de position de la CENI est considérée comme celle de la majorité au pouvoir à cause de l’appartenance de son président au parti au pouvoir, le PPRD. En d’autres termes, l’indépendance de la CENI est mise en doute par plus d’un congolais.
C’est ainsi que plusieurs partis d’opposition pensent que la CENI refuse l’audit et la gestion concertée du fichier électoral parce que c’est là que se trouve son secret, notamment les bureaux et les électeurs fictifs, les électeurs non-congolais, l’enrôlement des enfants et des militaires, etc.
D’autres opposants vont jusqu'à prédire que les élections du 28 novembre 2011 se gagneront plus dans le serveur électoral made in China que dans les urnes.
Les plus sceptiques qui ont encore en mémoire l’exemple de la Côte d’Ivoire projettent que le Pasteur Ngoy Mulunda, membre fondateur du PPRD, ira vite en besogne comme son homologue ivoirien Youssouf Bakayoko qui proclama à l’insu des autres membres du bureau de la CEI/Ivoirienne la victoire d’Alassane Ouattara.
Les partisans de l’UDPS qui croient en l’élection en 100% du messie Etienne Tshisekedi wa Mulumba, craignent que la RDC ne soit atteinte du syndrome Kenyan où le président sortant Mwai Kibaki, ayant appris sa défaite dans les urnes, se précipita pour se faire proclamer vainqueur par une Cours Suprême de Justice à sa solde et pour prêter serment le soir même des élections. La conséquence de cette attitude cavalière de Mwai Kibaki fut une violence ethnique qui fit plus de 2000 morts. Le décompte ultérieur des bulletins de vote démontrera que l’opposant Raila Odinga était le vainqueur de ces élections de 2008. Mais pour privilégier la paix, les médiateurs du conflit électoral kenyan, décidèrent de partager le pouvoir entre Mwai Kibaki (Président de la République) et Raila Odinga (Premier Ministre).
Bien que légitimes, les craintes et projections de fraude électorale formulées par les uns et les autres ne peuvent être prises pour des vérités établies sur les prochaines élections en RDC. Prendre l’une ou l’autre probabilité ci-dessous comme une vérité serait sauter le fusil au lieu de l’utiliser pour combattre.
Quel combat fallait-il donc mener pour que les élections du 28 novembre 2011 reflètent la vérité des urnes ?
A notre avis, il aurait fallu que les partis politiques et les candidats aux prochaines élections s’impliquent dans le processus électoral dès le début, notamment dès l’étape de la programmation du serveur électoral et de la constitution du bureau technique de la CENI.
Les agents techniques de la CENI devaient être apolitiques et validés par le parlement ou par le collège des partis politiques candidats aux élections. Aujourd’hui, bien que représentés au sein du bureau de la CENI, les partis politiques de l’opposition se rendent compte sur le tard qu’ils n’ont aucun contrôle sur le bureau technique de la CENI où, selon certaines projections, se joueront en définitif les élections du 28 novembre prochain. C’est cela le nœud du bras de fer entre la CENI et les partis politiques de la CENI.
En effet, en cet âge informatique, les agents techniques de la CENI ont plus de responsabilité quant à la véracité des résultats des urnes que les cadres politiques dont la plupart sont sans expertise en informatique. La technologie informatique, symbole du pouvoir moderne, s’invite ainsi au débat électoral R-D-Congolais. Un candidat aux élections aussi populaire qu’il soit, doit s’assurer de la fiabilité de l’outil informatique électoral pour espérer transformer sa popularité en victoire. Les opposants politiques congolais viennent ainsi de se rendre compte tardivement de l’importance de la maîtrise de l’outil informatique en politique électorale.
En 2006, la question de la technologie informatique n’était pas posée par les partis politiques d’opposition qui se limitaient à accuser la CEI de fraude sans préciser les méthodes et les contours de cette fraude. Tout d’abord, en 2006, la programmation du serveur était confiée à une firme étrangère (belge ou française). Selon plusieurs sources, le serveur électoral de la RDC en 2006 était en France.
Qu’en est-il de la situation en 2011 ?
Plusieurs observateurs pensent que la programmation du serveur électoral de 2011 a été faite ou est en cours de montage dans une firme chinoise. Sachant que l’octroi d’un tel marché stratégique relève de la discrétion du pouvoir organisateur des élections et du Président de la CENI, les partis politiques de l’opposition congolaise ne devraient pas se cramponner seulement sur l’intégration de leurs agents techniques dans l’équipe technique de la CENI. En effet, les agents techniques congolais, qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, peuvent être réduits en des simples agents de saisie ou des manœuvriers, dans la mesure où ils n’auraient pas participé à la programmation du serveur électoral.
Ainsi donc, pour se rassurer de la véracité des résultats des urnes, le peuple congolais dans son ensemble doit exiger qu’un outil de souveraineté comme le serveur électoral soit réalisé par des experts congolais de confiance. La RDC regorge d’experts en informatique capables de monter un serveur électoral. Il faudrait ainsi voter une loi qui interdit tout recourt à des experts étrangers (qui par ailleurs coûtent très chers) dans un domaine de souveraineté nationale où la RDC possède ses propres experts.
Que faut-il faire maintenant qu’il ne reste plus que deux mois avant la tenue des élections dont le serveur viendra de Chine ?
En attendant que la RDC monte son propre serveur électoral sous la supervision des partis politiques toutes tendances confondues, plusieurs voix s’élèvent pour exiger immédiatement le comptage manuel des bulletins des votes sur toute l’étendue de la République. Cette pratique que même les USA avait utilisée pour départager George W. Bush du candidat malheureux Al Gore, est ce qui peut faire échec aujourd’hui à d’éventuelles fraudes ou manipulations des votes programmées d’avance. Bien que longue, cette méthode aurait l’avantage d’être fiable, moins couteuse, plus pratique et démocratique dans une RDC où l’internet n’est pas une tasse de thé pour tous. La RDC ne devrait plus jamais organiser des élections dont elle ne sait concevoir longtemps en avance l’organisation, le pilotage, le financement, la securité, etc. Le calendrier électoral doit être connu cinq ans à l’avance et rester le même pour toutes les élections pour éviter que les hommes au pouvoir ne s’en servent pour maximiser leur avantage.
Oscar Kambale Masimengo
Canada-NB
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