(Le Pays 17/08/2011)
Les partisans de l’opposant guinéen, Cellou Dalein Diallo, arrêtés et condamnés à des peines allant de six mois avec sursis à deux ans de prison ferme, sont désormais libres. En effet, le chef de l’Etat, Alpha Condé, leur a accordé une grâce présidentielle, le 15 août dernier. Toute chose qui leur permettra de fêter la fin du ramadan en famille.
Autant dire que cette amnistie présidentielle ressemble à une sorte de grâce "ramadanesque", puisque, à ce qu’on dit, la période du mois sacré est une occasion que les fidèles musulmans du monde entier doivent saisir pour jeter la rancune à la rivière afin de se réconcilier avec les autres. L’acte est si magnanime qu’aucun être humain épris de paix ne peut s’empêcher de l’acclamer, tant il laisse entrevoir une volonté du président Condé de rabibocher les Guinéens avec eux-mêmes. En fait, ce qui distingue les êtres humains, c’est beaucoup moins leur spécificité ontologique que leur aptitude à reconnaître leurs erreurs. Les uns, par humilité, acceptent de se mortifier, tandis que les autres, par orgueil, restent fermes sur leur position si bien qu’ils se croient infaillibles.
Et le professeur Condé, selon toute vraisemblance, a fait preuve de discernement puisque, après coup, il s’est rendu compte qu’il n’y avait aucune raison valable de garder en prison des gens qui s’étaient seulement rendus à l’aéroport de Conakry pour accueillir triomphalement leur idole, le leader de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), Cellou Dalein Diallo, de retour au pays après une longue randonnée sous-régionale. On se rappelle d’ailleurs que la répression qui s’était abattue sur eux, avait occasionné des blessés et même des morts, à en croire le camp adverse. A vrai dire, le jeu en valait la chandelle.
Et le professeur Condé ne pouvait mieux faire que de libérer les partisans de son rival dans la mesure où les charges retenues contre eux paraissaient pour le moins absconses. Il aura fait preuve de sagesse et c’est tout à son honneur, même si, au rebours, il tente de circonvenir l’opinion en précisant que les trente-sept personnes ont été libérées sur demande de pardon exprimée par leurs familles respectives. Enfin ! Cela importe peu. L’important, c’est que tous ceux qui avaient été interpellés le 3 avril dernier, jugés et condamnés le 12 mai pour "participation à une marche interdite", sont désormais libres de leurs mouvements. Et c’est tant mieux si cette démarche conciliante peut contribuer à décrisper l’atmosphère qui prévaut actuellement au pays de Sékou Touré. Sans doute que le professeur Condé cherche là une occasion pour se donner bonne conscience et du même coup se racheter.
De toute façon, ce que l’opinion attend du président Condé, c’est l’organisation de législatives transparentes, paisibles et démocratiques qui gommeront les clivages sociaux et politiques qui constituent un goulot d’étranglement pour tout effort de réconciliation nationale. Mais avant d’arriver à cette étape essentielle pour le pays, Condé et son opposition doivent oeuvrer à un climat apaisé en Guinée.
Boundi OUOBA — Le pays
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