(AgoraVox 17/08/2011)
L'évêque Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix et figure historique de la lutte contre l'apartheid, a demandé la mise en place d'une taxe spéciale sur les Blancs. Il déclenche ainsi une polémique portant sur le racisme à l'envers et l'exploitation de la culpabilité coloniale. Après avoir tenu des propos très brutaux, il a semblé les modérer, parlant d'une taxe sur la fortune réservée aux Blancs.
L'évêque Desmond Tutu a proposé une taxe spéciale sur les Blancs. Prix Nobel de la Paix, figure de la lutte contre l'apartheid, il a une position bien assise de "conscience morale" indéboulonnable, ce qui rend ses propos d'autant plus graves.
Le Freedom Front (FF) qualifia ces propos de racistes et d'irréfléchis par la voix de son porte-parole Anton Alberts (source : News 24.com du 13 août 2011).
C'est le 11 août (source : AFP), en marge d'une soirée littéraire au Cap, que l'ex-archevêque anglican du Cap, a cherché à démontrer que les méfaits de l'apartheid étaient encore visibles, quinze ans après l'instauration de la démocratie.
"Vous avez tous profité de l'apartheid", a-t-il dit en s'adressant à la minorité blanche du pays, "vos enfants pouvaient aller à l'école, vous viviez dans des quartiers chics."
Il leur demanda de "reconnaître l'évidence" et se lança dans des propos psychologisants : "beaucoup de mes concitoyens blans sont bouleversés quand on mentionne cela. Pourquoi ? Certains sont paralysés par la honte et la culpabilité, ou répondent par l'auto-justification ou l'indifférence. Les deux attitudes font que nous sommes moins que ce que nous devrions être."
Il modéra peut-être ses propos hors conférence : interrogé par un journaliste en fin de soirée, il parla d'une "taxe sur la richesse" qui s'appliquerait uniquement aux blancs : "Ce pourrait être insignifiant, peut-être 1% de leurs avoirs en bourse. Ce n'est rien"
La polémique fit rage tout le week-end. Tutu déclara que les Blancs devraient eux-mêmes militer pour que cette taxe leur soit imposée.
Anton Alberts, du FF, déjà nommé, fit remarquer que même une taxe sur la fortune ne devait pas être liée à la race dans un pays fondé sur l'anti-racisme. Il souligna que, durant les dernières 17 années, ce sont les blancs qui ont le plus contribué au fisc, et s'indigna que Tutu oublie de prendre en compte l'existence de 600 000 blancs pauvres.
Lundi matin, la fondation FW de Klerk, de l'ancien président (Frédérik de Lerk) qui négocia avec Nelson Mandela la fin de l'apartheid, condamnait à son tour sur son site internet :
"L'un des principes (de notre démocratie), c'est le non-discrimination raciale, et l'idée que nous ne devons plus adopter de lois qui visent l'un ou l'autre groupe racial. Aussi dévastateur qu'ait pu être l'apartheid, nous ne pouvons pas continuer indéfiniment à mettre sur le compte du passé tout ce qui va mal en Afrique du Sud. Pas plus que nous ne pouvons accepter la dangereuse idée de culpabilité raciale".
Cette polémique renvoie aux accents radicaux, voire racistes, de certains leaders politiques, notamment du chef de la Ligue de Jeunesse de l'ANC Julius Malema, qui a suggéré en mai dernier d'exproprier sans dédommagement les fermiers blancs de leurs terre en affirmant : "Ils ne nous les ont jamais achetées".
par Catherine Segurane mercredi 17 août 2011 -
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