(L'Express 20/02/2011)
Le président tunisien par intérim Fouad Mebazza a signé samedi un décret d'amnistie générale des détenus politiques pour ouvrir la voie à des élections pacifiques au cours de l'année, rapportent les médias officiels.
Cette mesure correspond à une promesse faite par le nouveau pouvoir moins d'une semaine après la chute, à la mi-janvier, du président Zine ben Ali à la suite d'un soulèvement populaire.
D'après ces médias, le nouveau gouvernement espère que cette mesure mettra un point final à une ère de répression et fournira le cadre adéquat pour la tenue des élections.
Selon des estimations émanant d'organisations de défense des droits de l'homme, le pays comptait un millier de détenus politiques après 23 ans de régime du "raïs" de Carthage qui avait mis hors-la-loi l'opposition islamiste et réprimé d'une main de fer toute voix discordante.
Par ailleurs, quelque 15.000 personnes ont manifesté samedi sur la principale artère de Tunis pour dénoncer la mouvance islamiste en appelant à la tolérance en matière confessionnelle au lendemain de l'annonce par le ministère de l'Intérieur de l'assassinat d'un prêtre polonais par un groupe extrémiste.
"Le terrorisme n'est pas tunisien" et "La religion est une affaire privée", scandait notamment la foule. Les forces de sécurité sont restées très discrètes aux abords de l'avenue Bourguiba, même si un périmètre de sécurité a été maintenu devant le bâtiment du ministère de l'Intérieur.
Trois mille autres manifestants se sont massés devant l'ambassade de France, située à proximité, pour réclamer le départ de l'ambassadeur Boris Boillon, nommé par Paris après le renversement de Ben Ali.
Boillon s'est attiré les foudres de la rue en raison notamment d'une vidéo où on le voit tancer des journalistes tunisiens pour leurs questions "débiles" sur la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie et les liens de Paris avec l'ancien dirigeant tunisien.
Plusieurs centaines d'autres manifestants ont réclamé le remplacement du cabinet de transition tunisien, contre lequel une autre marche est prévue dimanche.
Le ministère de l'Intérieur a publié samedi soir un communiqué où il souligne que les manifestations restent illégales en vertu des mesures d'exception prises depuis la révolution, et que les personnes qui se joindraient à de nouveaux mouvements de rue seraient poursuivies.
Depuis le renversement de Ben Ali, la mouvance islamiste tunisienne montre des signes d'organisation. Ces dernières semaines, les islamistes ont ainsi fait pression sur le pouvoir pour fermer au moins trois maisons de passe.
Le mouvement islamiste Ennahd a diffusé samedi un communiqué condamnant l'assassinat du prêtre polonais ainsi que la violence observée lors de récentes manifestations islamistes contre les maisons de passe.
Tarek Amara; Jean-Loup Fiévet et Philippe Bas-Rabérin pour le service français
Par Reuters
© Copyright L'Express
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire