(L'Express 23/02/2011)
Le gouvernement algérien a adopté mardi un projet d'ordonnance visant à lever l'état d'urgence en vigueur depuis dix-neuf ans, ce qui répond à une exigence de l'opposition.
Le gouvernement a aussi approuvé des mesures destinées à réduire le chômage, l'un des principaux problèmes du pays.
La levée des mesures d'exception était une revendication commune à tous les mouvements d'opposition qui participent à des manifestations hebdomadaires dans la capitale en prenant exemple sur les soulèvements survenus en Egypte et en Tunisie.
"La levée de l'état d'urgence reste positive, mais ce n'est pas assez", a déclaré Mustafa Bouchachi, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme et l'un des organisateurs des manifestations.
"Nous avons besoin d'une véritable ouverture pour les activités politiques, médiatiques et sociales, afin que les gens puissent vivre la démocratie par eux-mêmes", a-t-il dit à Reuters.
L'état d'urgence avait été décrété en 1992 dans le cadre de la lutte menée par les autorités contre l'insurrection islamiste. Mais celle-ci est retombée depuis quelques années et les opposants au gouvernement estiment que l'état d'urgence est utilisé pour limiter les libertés publiques.
Les mesures d'exception seront levées lorsque l'ordonnance adoptée par le cabinet sera promulguée au Journal officiel, ce qui devrait intervenir dans les prochains jours.
Selon l'agence de presse officielle APS, le président Abdelaziz Bouteflika a déclaré en conseil des ministres que l'état d'urgence avait été appliqué pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste.
Le président algérien avait annoncé au début du mois que les mesures d'exception seraient abrogées à bref délai.
La décision de mardi aura peu d'implications pratiques, le gouvernement ayant aussi adopté de nouvelles règles qui autorisent l'armée à jouer un rôle dans la sécurité intérieure, comme elle le faisait précédemment.
Bouteflika a indiqué que les manifestations resteraient interdites dans la capitale pour une durée indéterminée.
Les autres mesures approuvées mardi sont centrées sur le chômage, qui s'élève à 10% de la population active selon les statistiques officielles mais affecte un pourcentage de jeunes beaucoup plus important.
Il est notamment prévu d'attribuer 1,38 milliard de dollars aux banques publiques pour le financement d'investissements à long terme, de réduire les cotisations sociales des entreprises pour les encourager à embaucher davantage et de soutenir le secteur agricole, l'un des principaux employeurs du pays, par des prêts à faible intérêt.
Marc Delteil et Philippe Bas-Rabérin pour le service français
Par Reuters
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