(Le Pays 22/02/2011)
On croyait tous les couacs réglés avec le report de la présidentielle béninoise, initialement prévue le 27 février, au 6 mars 2011. Mais voilà que 11 des 14 candidats en lice, et pas des moindres, réclament à cor et à cri un second report de quelques semaines.
Comme raisons invoquées, entre autres, l’exclusion de 1,3 millions d’électeurs, l’indisponibilité de la Liste électorale permanente informatisée (LEPI) et la non-distribution des cartes d’électeur. Autant de reproches que le gouvernement rejette en bloc. Mieux, la Commission électorale nationale autonome (CENA) promet une élection dans les règles de l’art.
La bataille entre le pouvoir et l’opposition autour de la LEPI mérite que l’on s’interroge sur les intentions réelles de chacune des deux parties. Le pouvoir ne veut pas d’un second report car s’il venait à être effectif, cela entraînerait un problème de délai constitutionnel qui obligerait le président sortant, Boni Yayi, à confier la gestion des affaires de l’Etat au président de l’Assemblée.
Toute chose qui pourrait lui faire perdre certains privilèges liés à la gestion du pouvoir d’Etat et partant, rendre difficile sa réélection. Quant à l’opposition, elle s’est lancé le défi de réaliser l’alternance. C’est vrai que la CENA béninoise a fait appel à des experts étrangers pour parfaire la liste électorale qui achoppe, mais cela n’a pas suffi pour dénouer la crise. Il importe de souligner que contrairement à bien des pays où l’on a généralement un super favori, au Bénin, aucun des 14 candidats à la présidentielle ne peut se prévaloir de ce titre. Le pouvoir de Boni Yayi doit examiner la requête de l’opposition avec beaucoup de réalisme. Si un second report peut permettre de corriger les différentes irrégularités relevées par les 11 candidats de l’opposition, qu’il daigne y répondre favorablement. Car, au-delà des rivalités, c’est la réputation du Bénin en matière de démocratie qu’il convient de préserver. En tout cas, le devoir de patriotisme s’impose aux acteurs de la scène politique béninoise : trouver un consensus afin d’éviter de briser cette belle vitrine démocratique que le pays a longtemps servie au reste du monde. Pour tout dire, cette querelle ne doit pas remettre en cause les acquis de près d’un quart de siècle. Les élections qui se sont déroulées sur le continent africain durant l’année écoulée ont été peu satisfaisantes. Toutefois, la maturité de la classe politique béninoise fait que l’on attendait d’elle des élections propres qui renforceraient les acquis démocratiques du pays. En tout cas, pour l’heure, l’ampleur des contestations est telle qu’elle n’augure pas de lendemains sereins. C’est pourquoi d’ailleurs, il faut souhaiter qu’une solution consensuelle soit trouvée pour que l’élection se déroule dans le calme et la sérénité. Le Bénin montrerait ainsi au monde que élections ne riment pas forcément avec contestations en Afrique.
Dabadi ZOUMBARA
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