(La Libre 25/02/2011)
Combats dans l’ouest du pays et à Abidjan, alors que le blocage politique croît. Ce que l’on craignait - la reprise de la guerre civile en Côte-d’Ivoire - est-il en train d’arriver, alors que la communauté internationale a les yeux tournés vers la crise dans les pays arabes ? Cela y ressemblait fort, jeudi : les combats entre armées rivales ont repris dans l’ouest du pays, à la frontière libérienne, et ceux d’Abobo, un quartier populaire d’Abidjan, qui se prolongent, provoquent un exode.
Trois mois après la défaite du président sortant, Laurent Gbagbo, au second tour de la présidentielle, le 28 novembre, et alors qu’il refuse toujours de céder la place au vainqueur, Alassane Ouattara, la situation s’est subitement tendue au moment où l’unité de l’Afrique pour soutenir Ouattara semble se fracturer (voir LLB du 23 fevrier).
Lors de la visite de 4 des 5 présidents africains chargés par l’Union africaine (UA) de présenter des solutions "contraignantes" à Abidjan (le 5e n’ayant pu débarquer pour cause de menaces de la milice de Gbagbo, les "Jeunes Patriotes") et alors que les forces armées fidèles au perdant de l’élection venaient de tuer 6 partisans de Ouattara, lundi, "10 à 15" militaires de Gbagbo ont été tués dans une embuscade mardi soir. Celle-ci a été tendue par un mystérieux "groupe armé" à Abobo, quartier pro-Ouattara d’Abidjan soumis à un siège des militaires gbagbistes depuis plusieurs semaines et où des dizaines de personnes ont été tuées ou ont "disparu " après une visite des forces armées gbagbistes.
Selon l’équipe Gbagbo, il s’agirait de "rebelles", c’est-à-dire de membres des "Forces nouvelles" - l’ex-rébellion nordiste soulevée en 2002 contre la politique anti-nordiste du président Gbagbo. Le camp Gbagbo les considère comme inféodés à Ouattara, nordiste, qui nie toute autorité sur elles.
Selon des habitants qui fuyaient Abobo par centaines jeudi en raison de la persistance des combats, parfois à l’arme lourde, les combattants mystérieux - qui revendiquent la mort de 27 policiers - seraient "des jeunes gens qui n’ont même pas la trentaine", "torse nu ou en débardeur".
Selon l’AFP, les militaires gbagbistes sont passés mercredi dans les rues d’Abobo pour inciter les habitants au départ. Les fuyards, surtout des femmes et des enfants, qui quittent le quartier à pied, les transports publics n’y roulant plus, se dirigeaient jeudi vers Yopougon, autre quartier populaire d’Abidjan, mais majoritairement pro-Gbagbo, celui-ci.
Mercredi, des combats "classiques" ont repris dans l’ouest du pays, dans la région de Danané, à la frontière libérienne, entre les Forces Nouvelles et l’armée de Laurent Gbagbo. Chacun des deux camps accuse l’autre d’avoir engagé les hostilités à Zouan-Hounien, dans l’ex-"zone de confiance ", une zone tampon séparant les ex-belligérants et où patrouillent les forces de l’Onu en Côte-d’Ivoire. Les casques bleus ont confirmé les affrontements.
Vendredi dernier, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro - ancien chef politique des Forces Nouvelles - avait appelé la population d’Abidjan à chasser Gbagbo à la manière du printemps arabe.
Il faut aussi souligner que les pro-Ouattara se sont inquiétés de la déclaration faite mardi à l’AFP par le ministre adjoint des Affaires étrangères d’Afrique du Sud - dont le Président fait partie du panel des 5 et passe pour favorable à Gbagbo - selon laquelle les solutions "contraignantes" qui seront proposées ce week-end ou lundi à MM. Ouattara et Gbagbo seraient "un partage de la présidence entre les deux Présidents ou (...) un gouvernement d’interim jusqu’à de nouvelles élections". MFC (Avec AFP, Reuters et AP)
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