(L'Express 28/02/2011)
Des combats à Abidjan entre des partisans du président sortant ivoirien Laurent Gbagbo et ceux d'Alassane Ouattara ont endommagé un émetteur de la télévision publique, privant dimanche de programmes une partie de la population de la capitale économique du pays.
La Radiodiffusion-Télévision Ivoirienne (RTI) soutient Gbagbo depuis le début de la crise politique, qui dure depuis l'élection présidentielle du 28 novembre.
Les combats se sont déroulés dans le quartier d'Abobo, considéré comme un fief du camp Ouattara et déjà théâtre cette semaine d'affrontements entre les deux camps.
"Les combats ont eu lieu autour de l'émetteur (...) Ce matin on peut voir de la fumée sortant du centre de transmission", a dit un habitant, Doulaye Ouattara (NDLR: sans lien de parenté avec Alassane).
La chaîne était inaccessible sur le réseau hertzien dans de nombreux quartiers de la capitale économique, ont dit des habitants contactés par Reuters.
Des habitants faisaient état dimanche d'un exode de familles fuyant le quartier d'Abobo sous la surveillance de casques bleus dans des véhicules blindés. Après les affrontements de la nuit, les forces pro-Gbagbo ont elle aussi déployé plusieurs blindés dans le quartier.
L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a accusé dimanche des partisans de Laurent Gbagbo d'avoir blessé trois casques bleus et endommagé quatre de ses véhicules vendredi et samedi.
"Les trois casques bleus ont été blessés dans une embuscade perpétrée samedi soir contre les militaires de l'Onuci dans la commune d'Abobo par les forces armées du camp du président sortant Laurent Gbagbo", affirme l'Onuci dans un communiqué, en rappelant que toute attaque contre des casques bleus constitue un crime de guerre.
"Les soldats de la paix étaient en patrouille dans le cadre de la protection des civils, un élément principal du mandat de la mission, lorsqu'ils ont essuyé des tirs", ajoute-t-elle, en accusant le camp Gbagbo d'alimenter une "propagande" contre l'Onu.
Des témoins ont par ailleurs rapporté que des forces pro-Gbagbo avaient tiré en l'air dimanche et avaient utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation dans un bastion pro-Ouattara situé au sein du vaste quartier de Youpougon à Abidjan, plutôt favorable à Gbagbo.
Selon plusieurs témoignages, les affrontements ont gagné Daoukro, une ville du Centre-Est considérée comme un fief de l'opposition.
L'avancée récente des insurgés dans l'Ouest ainsi que la guérilla urbaine entre factions ivoiriennes hostiles font craindre une nouvelle guerre civile dans le premier producteur mondial de cacao.
Le cours du cacao a atteint un plus haut de 32 ans. Les exportateurs ont largement suivi la consigne d'embargo temporaire lancée par Ouattara et les pays de l'Union européenne ont interdit à leurs bateaux d'accoster dans les ports ivoiriens.
Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur de la présidentielle par la commission électorale indépendante mais le résultat, validé par les Nations unies, a été annulé par le Conseil constitutionnel, dirigé par un pro-Gbagbo.
Ange Aboa et Loucoumane Coulibaly; Clément Guillou, Nicole Dupont et Bertrand Boucey pour le service français
Par Reuters
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