(Le Figaro 25/02/2011)
Près la frontière, l'armée tunisienne a mis sur pied un hôpital de campagne avec 5000 lits. L'Égypte à fait de même à l'autre bout du pays.
Encore tout étonnés d'avoir remporté il y a quelques jours ou quelques semaines à peine leur propre bataille pour la liberté, Égyptiens et Tunisiens se mobilisent pour leurs voisins.
Les hôpitaux de l'Est libyen désormais contrôlés par l'opposition ont lancé des appels à l'aide, et les médecins d'Égypte et d'ailleurs se mobilisent, ainsi que les bénévoles et les ONG. L'Union des médecins arabes (UMA), basée au Caire, a déjà envoyé 12 tonnes de médicaments et matériel médical, 30 tonnes de vivres et 1000 poches de sang en Libye. Cinquante-cinq médecins égyptiens sont arrivés dans l'Est, à Benghazi, Tobrouk et El Beida. L'armée égyptienne a installé des hôpitaux de campagne sur sa frontière avec la Libye, et l'armée tunisienne a fait de même à l'autre bout du pays, dans le Grand Sud tunisien.
Une souffrance immense
Les Libyens de l'exil et les ONG musulmanes du monde entier ont rassemblé des dizaines de milliers de dollars en peu de temps. Jeudi, un ferry turc transportant vivres et médicaments faisait route vers la Libye. D'autres navires turcs sont attendus dans les prochains jours ; les Émirats arabes unis ont également promis leur aide. Et les tout nouveaux «vétérans» du soulèvement égyptien qui a obtenu le 11 février le départ du raïs Hosni Moubarak ont ouvert une page Facebook pour coordonner les efforts d'aide à la Libye.
Depuis le début de la semaine, les dons sont chaque nuit chargés à bord de camions, en direction de la frontière libyenne, à 17 heures de route du Caire. Là, les cargaisons sont prises en charge par des véhicules libyens. «Il n'y a pas de danger dans la région est», dit le docteur Zafran, de l'Union des médecins arabes, mais les bénévoles égyptiens ne se hasardent pas plus à l'ouest que Benghazi, évitant les zones toujours sous contrôle du régime de Tripoli.
Car si l'aide arrive sans encombre depuis l'Égypte, la situation est tout autre sur le versant occidental de la Libye. La frontière tuniso-libyenne reste quasiment impénétrable. Les blessés dans les combats «sont arrêtés bien avant d'atteindre la frontière», dénonçait hier Mourad al-Ayashi, médecin basé à Tunis. «C'est terriblement frustrant pour tous les volontaires, car ils sont prêts, ils ont des tonnes de matériel, du sang, tout, mais ils ne peuvent rien en faire.»
Non loin de la frontière, l'armée tunisienne a mis sur pied un hôpital de campagne avec 5000 lits et 20 chirurgiens. Tous espèrent l'ouverture d'un «couloir humanitaire». «Après tout ce que nous avons vu, il est impossible de rester indifférent au sort de nos voisins, soupire le docteur tunisois al-Ayashi. Nous avons vécu une situation similaire tout récemment, et nous avons souffert. Mais, en Libye, la souffrance est immense.»
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