(Le Quotidien (Sn) 28/02/2011)
N’eut été la clairvoyance de Abdou Diouf qui a résisté aux pressions des siens qui l’encourageaient à démissionner entre les deux tours, l’élection de 2000 n’allait pas déboucher sur l’Alternance mais sur le chaos.
La révélation est de Babacar Touré qui modérait un débat sur : La pacification de la vie politique. Le vide juridique qui aurait prévalu dans l’entre deux tours «en cas de désistement d’un des candidats», a retenu l’attention des conférenciers lors du débat organisé par le Club convergence plurielle sur : La pacification de la vie politique pour la consolidation de la démocratie.
D’après Abdoulaye Dièye professeur de Droit à l’Ucad, «le pays a failli frôler la catastrophe et pour cela, il aurait juste fallu que le candidat Diouf démissionne ou à tout le moins, renonce à aller au second tour». Ce serait alors le vide juridique et pourrait emmener le pays à des lendemains incertains. «En l’espèce que fallait-il faire», s’interroge M. Dièye. Fallait-il nommer automatiquement Wade Président parce que c’était le seul candidat, ou encore est-ce qu’il fallait prendre un 3e candidat ? Le professeur de droit ne tranche pas la question.
Toutefois à partir de 2000, «on a pensé à corriger cette imperfection», indique Abdoulaye Dièye qui explique ce vide juridique par le fait que «les Sénégalais jusqu’en 2000, ne croyaient pas qu’il puisse y avoir un 2e tour ou une quelconque Alternance au sommet de l’Etat».
Or dans une telle éventualité, ce serait des réactions d’auto défense avec un «pouvoir qui va persister dans sa tendance à s’accrocher et à faire ce qu’il veut, tandis que l’opposition sera tentée plutôt de créer les conditions d’un chaos, convaincue qu’il n’y a pas moyens d’accéder au pouvoir par la voie des urnes, et c’est la catastrophe dans ce cas», affirme ce professeur titulaire de Chaire.
.0D’où, pour lui, la nécessité de faire entretenir l’espoir d’une alternance au sommet de l’Etat. «L’espoir, ça peut faire vivre ; quand on sait qu’on peut demain accéder au pouvoir, on n’est pas porté à mettre le chaos dans le pays.»
Le modérateur, Babacar Touré de souligner à M. Dièye que le cas qu’il vient d’évoquer, c’est-à-dire «une démission possible du Président Diouf, a bien failli se produire». Car révèle M. Touré, l’entourage du Président Diouf le travaillait à ne pas aller jusqu’au bout. «C’était en discussion et une partie du clan Diouf avait cherché à le convaincre de ne pas aller à un 2e tour. Ce qui aurait provoqué une crise et aurait ouvert la voie non pas à l’Alternance, mais à autre chose», dit M Touré.
«De la part de Wade nous attendons la même loyauté», estime le journaliste Abdoulaye Bamba Diallo qui regrette l’ancien Président. «Pendant tout le temps de son règne, Diouf est allé de concession en concession, de compromis en compromis, parfois à son détriment et au détriment de son propre parti à un moment où la démocratie était un luxe pour le continent noir.» A titre illustratif il cite le Code consensuel de 92 et l’ouverture de son gouvernement à l’opposition, «ce qui a permis à Wade de se familiariser à la gestion». «Ce dont Wade est incapable : son tandem avec Niasse n’a duré que le temps d’une rose et a éclaté au bout d’un an, sans compter les autres purges qui ont suivi», poursuit ce patron de presse. «C’est certainement lié à son tempérament (et), à la tyrannie de l’âge», ajoute Babacar Touré.
Mais précise le député Amadou Ndiaye Lô du Pds, Diouf n’a fait aucune concession de gaieté de cœur. «Tout a été arraché de force. Ce sont les rapports de forces qui dictent les conduites», commente le député de Kolda. En tout cas, pour rassurer l’auditoire Abdou Fall affirme que Wade ne fera pas moins que Senghor ou Diouf à qui il a rendu des hommages appuyés pour leurs rôles respectifs dans la construction, la pacification et la consolidation de la démocratie au Sénégal .
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