mercredi 2 février 2011

Guinée - Interview exclusive du président Alpha Condé

(Afriscoop 02/02/2011)
Accueilli avec grand honneur par ses pairs lors du 16e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) qui a pris fin lundi tard dans la nuit après deux jours de discussions, Alpha Condé, nouveau président élu de la Guinée-Conakry, affirme s’inscrire dans le rôle joué par Sékou Touré pour l’intégration et l’unité du continent.
Dans un entretien exclusive avec Xinhua à Addis-Abeba en Ethiopie, celui qui a acquis la réputation d’opposant historique depuis le régime de feu Lansana Conté a par ailleurs situé les priorités de son action pour l’électricité, l’eau et la sécurité au profit du peuple guinéen.Question : Vous participez à votre premier sommet de l’Union africaine en tant que président nouvellement élu de la Guinée. Quel est le sentiment qui vous anime ?
Réponse : Je suis content d’y participer parce que j’ai toujours défendu l’intégration et l’unité africaine en tant qu’opposant. Aujourd’hui, le fait de pouvoir le faire en tant que président me donne l’occasion de reprendre le rôle joué par la Guinée dans les années 60. Parce que Sékou Touré a beaucoup œuvré pour la création de l’OUA (Organisation de l’unité africaine, ancêtre de l’Union africaine, ndlr). Donc, je souhaite que les idées que nous avons défendues quand j’étais étudiant je puisse participer à leur accomplissement au sein de l’Union africaine.
Q : Et vous, quelle est votre vision personnelle ? Comment percevez-vous cette intégration-là aujourd’hui ?
R : Je pense que l’Union africaine est bloquée entre ceux qui disent qu’il faut faire le toit et ceux qui disent qu’il faut d’abord le soubassement. On ne progresse pas. Donc, il faut trouver un moyen terme pour pouvoir avancer. Parce que ceux qui veulent faire le toit ne le font pas ; ceux qui disent qu’ils veulent le soubassement le ne font pas. Il faut trouver le moyen de faire progresser l’Afrique d’une manière ou d’une autre.
Q : Au plan interne, quelles sont vos priorités en tant que le premier président démocratiquement élu de la Guinée ?
R : Je crois que la Guinée tout le monde sait, c’est l’électricité, l’eau, l’autosuffisance alimentaire, le chômage des jeunes, les femmes, l’enseignement. Mais, notre priorité aujourd’hui, c’est de donner l’électricité, l’eau et faire l’autosuffisance alimentaire, parce que la Guinée est un scandale agricole en même temps, mais on ne parle que des mines. Donc, c’est de nous rendre autonomes. En clair, produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons. C’est ça mon objectif.
Q : Et que pensez-vous de la coopération chinoise ? Y ferez-vous appel pour mettre en œuvre vos projets ?
R : Ce n’est pas seulement la coopération chinoise. Moi je suis pour le renforcement de la coopération entre pays africains. En tout cas, j’ai été en Afrique du Sud, j’ai été à Luanda (en Angola), j’ai été en Libye. Ensuite renforcer la coopération Sud-Sud avec le Brésil, l’Inde et la Chine. Parce que je pense qu’aujourd’hui ce sont les pays avec lesquels nous devons collaborer pour un partenariat gagnant-gagnant et favorable non seulement à la coopération africaine, mais à la coopération Sud-Sud.

Propos recueillis Raphaël MVOGO ( (Xinhua)
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