(TF1 03/02/2011)
Alors que les affrontements entre partisans et opposants du pouvoir ont une nouvelle fois été très violents ce jeudi au Caire, Omar Souleimane, le vice-président, a répété qu'Hosni Moubarak ne partirait pas. Vendredi, et sa manifestation baptisée "vendredi du départ" par les manifestants, s'annonce tendu.
Heurts place Tahrir, l'armée intervient
Epicentre de la contestation , la place Tahrir, au centre du Caire, s'est de nouveau transformée ce jeudi, dès le début de la matinée, en champ de bataille à l'initiative de partisans d'Hosni Moubarak qui ont attaqué les opposants. Les heurts, plus ou moins intenses, se sont poursuivis toute la journée de manière sporadique. L'armée, après être restée très discrète mercredi, est cette fois intervenue à plusieurs reprises, souvent pour protéger les opposants.
En fin d'après-midi, les partisans du pouvoir semblaient avoir quitter les lieux et les opposants, qui défiaient de fait le couvre-feu, toujours en vigueur, criaient victoire. Le reste du Caire est en revanche resté plutôt calme, tout comme l'ensemble du pays.
Bilan difficile
Selon le bilan officiel, diffusé jeudi en milieu d'après-midi, il y aurait au moins 13 morts et plus de 800 blessés depuis mercredi. Le ministre égyptien de la Santé précise que "la plupart des victimes ont été les cibles de jets de pierres et d'agressions à coups de barres de fer et de bâtons". Selon plusieurs témoins, un étranger aurait également été battu à mort sur la place Tahrir.
Chasse aux journalistes
Encore plus que mercredi, les partisans du régime s'en sont pris aux journalistes étrangers. Ceux-ci sont souvent arrêtés et molestés, voire pourchassés dans leurs hôtels. Une équipe de TF1/LCI a notamment été interpellée dans la matinée. Les Etats-Unis dénoncent une "campagne concertée" et la France appelle l'Egypte à garantir la sécurité des journalistes. Cette chasse concerne également les associations de défense des droits de l'homme. Un employé français d'Amnesty a ainsi été arrêté.
Le pouvoir lâche un (tout petit) peu de lest...
Les violences entre partisans et opposants à Hosni Moubarak vont faire l'objet d'une enquête, a annoncé le Premier ministre Ahmad Chafic, qui s'est excusé pour les violences des deux derniers jours. Il a ajouté ne pas avoir assez de policiers pour assurer la sécurité dans le pays sans avoir recours à l'armée.
Omar Souleimane, le nouveau vice-président, a aussi confirmé que ni Hosni Moubarak ni son fils Gamal, longtemps considéré comme le dauphin mais détesté par la population, ne seront candidats à la présidentielle de septembre prochain.
... mais reste ferme
Lors d'une seconde intervention télévisée en fin de journée, Omar Souleimane a opposé une fin de non-recevoir aux manifestants. Pour lui, les appels au départ d'Hosni Moubarak sont "un appel au chaos" et exhorté les manifestants à quitter la place Tahrir. Il a aussi demandé, à plusieurs reprises, du "temps" pour organiser de manière sereine la présidentielle, programmée en septembre et à laquelle il a annoncé ne pas être candidat.
... et dénonce un complot
Omar Souleimane a également affirmé que les violences entre manifestants favorables et hostiles à Hosni Moubarak sont le résultat "d'un complot" fomenté par des gens en Egypte même ou à l'étranger.
Dialogue de sourds
Sur le plan strictement politique, c'est le statu-quo. L'opposition refuse toujours de dialoguer avec le régime avant le départ d'Hosni Moubarak.
Omar Souleimane a néanmoins affirmé avoir dialogué aujourd'hui avec des "forces nationales", sans préciser lesquelles. Il souligne avoir aussi proposé aux Frères musulmans de rejoindre les discussions. Or dans la matinée, ces derniers avaient appelé pour la première fois clairement au renversement du régime.
Des SMS pro-Moubarak pas très spontanés
Vodafone affirme avoir été obligé de diffuser à ses abonnés en Egypte des messages officiels, sans qu'ils ne soient clairement attribués au gouvernement et souligne s'en être plaint aux autorités. Par ailleurs, la coupure d'Internet, vendredi dernier, a coûté au moins 65 millions d'euros.
Vendredi de tous les dangers
A l'instar de mardi, l'opposition appelle à une nouvelle grande manifestation populaire ce vendredi, jour de prière hebdomadaire. Elle espère rassembler encore plus de monde, soit au moins un million de personnes, lors de l'événement, baptisé "Vendredi du départ". Etant donné la situation, les risques de heurts sont très importants. Pour beaucoup d'observateurs, les incidents de mercredi et jeudi, provoqués a priori par le régime, avaient justement pour but de dissuader les opposants à se réunir place Tahrir ce vendredi.
Les Européens haussent le ton contre le régime
A l'instar des Etats-Unis, cinq pays européens (France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Allemagne) ont affirmé ce matin dans une déclaration commune que le "processus de transition doit commencer dès maintenant" car "seule une transition rapide et ordonnée vers un gouvernement à représentation élargie permettra de surmonter les défis auxquels l'Egypte doit faire face aujourd'hui". L'Egypte devrait faire partie des discussions du sommet européen de Bruxelles, qui se tient demain à Bruxelles.
Pas d'évacuation de Français pour l'instant
Michèle Alliot-Marie a précisé à la mi-journée que pour l'instant, il n'était pas encore pour le gouvernement d'organiser lui-même une "évacuation". Auparavant, François Baroin, le porte-parole du gouvernement, avait cependant conseillé aux Français de partir dès que possible.
le 03 février 2011 à 17h55, mis à jour le 03 février 2011 à 18:42
le 03 février 2011 à 17:55
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