Ça recommence ! Quelque quatre semaines après l’adoption, à Ouagadougou, par le Cadre permanent de concertation (CPC) d’un nouveau timing du processus électoral ivoirien, la poussive Commission électorale indépendante (CEI) est, une fois de plus, la cible de graves récriminations. Si fait qu’à deux mois du premier tour de la présidentielle, des incertitudes planent encore sur la tenue du scrutin, maintes fois reporté, et prévu, cette fois, en début février fin mars.
En effet, le parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI), accuse la Commission électorale indépendante (CEI) de « fraude » et de « manipulations » dans le traitement, en cours, du contentieux sur la liste électorale provisoire. Samedi 9 janvier dernier, le porte-parole du chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, a dénoncé la tentative d’inscription de plus de 400 000 personnes qui ne s’étaient pourtant pas présentées devant la commission. Déjà, le président de la République ronchonnait du fait que ses représentants ne disposaient d’aucune marge de manœuvre dans cette institution où ils sont en infériorité numérique.
Accusation pour le moins singulier quand on sait que dans les démocraties africaines, c’est généralement la minorité politique qui pointe du doigt la majorité pour toutes formes d’irrégularités. Pour le cas d’espèce, c’est vraiment l’Afrique en l’envers. On en viendrait même à rire si ces bisbilles qui se profilent à l’horizon ne menacent pas d’affecter le nouveau calendrier électoral sur lequel, d’ailleurs, beaucoup ne pariaient le moindre CFA.
C’est à croire que le président de la CEI, Robert Beugré Mambé, est frappé par le châtiment de Sisyphe : à chaque nouvelle date du scrutin, un nouvel obstacle pour caler le processus. Dernière preuve en date de cette malédiction mythologique, la grève des greffiers qui, en plus d’avoir paralysé l’administration judiciaire, a porté un coup sérieux sur la machine électorale. Conséquence, le contentieux d’inscription, qui devait être vidé au plus tard le 26 décembre 2009, ne l’a été qu’une dizaine de jours après. Plus d’une semaine de retard dans un processus réglé comme un chronomètre de marine, c’est énorme.
Avec ces récentes critiques portées par le camp présidentiel ivoirien, c’est là un gros bâton mis, dans le meilleur des cas, dans les roues de la CEI. Dans le pire des cas, c’est dans celles de tout l’ensemble du processus de paix, car ces accusations portent en elles les germes d’une élection contestée en cas de victoire de l’opposition.
De grosses bourrasques menacent à nouveau la lagune Ebrié. C’est le facilitateur Blaise Compaoré qui risque de finir par jeter la perche de sauvetage. Blaise, yako ! (1) (1) Yako : expression baoulé pour exprimer sa commisération avec autrui. Ici, avec le président burkinabè, Blaise Compaoré, médiateur depuis plusieurs années dans la crise ivoirienne.
Publié le 11-01-2010 Source : lobservateur.bf Auteur : lobservateur.bf
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