(Le Pays 15/01/2013) L’ancien président égyptien, Hosni Moubarak, qui avait été
condamné à perpétuité par la Justice de son pays, sera rejugé. Tout est à
reprendre à zéro. Ainsi en a décidé la Cour de cassation égyptienne qui,
refusant de se prononcer sur le fond, évoque un vice de forme ou de procédure.
Dans ce cas, l’accusé est à nouveau présumé innocent et doit être rejugé.
Il peut même demander sa libération en attendant que soit organisé un
nouveau procès. Et c’est pour éviter que l’ex-raïs ne bénéficie de cette liberté
provisoire que le parquet a sorti de son tiroir un autre dossier. Il s’agit
d’une affaire de cadeaux qui auraient été faits à Moubarak par le journal
étatique, Al-Ahram, et qui a permis au ministère public d’obtenir la détention
de l’ex-président pour 15 jours supplémentaires. Au fait, le pouvoir du
président Mohamed Morsi fait flèche de tout bois pour que l’ex-dictateur reste
en prison jusqu’à la date du 25 janvier qui marquera la commémoration du
deuxième anniversaire de la révolution égyptienne.
Libérer Moubarak
avant cette date mettrait les autorités dans une mauvaise passe, surtout que
l’opposition politique entend transformer le 25 janvier en journée d’action
nationale contre le pouvoir de Morsi. Cela dit, la détention de Moubarak après
le verdict de la Cour de cassation est beaucoup plus politique même si l’on
s’efforce de lui donner un cachet légal. Pour dire vrai, le personnage de
l’ex-président cristallise tellement les attentions qu’il est devenu un moyen de
diversion pour le régime actuel qui l’utilise à sa guise chaque fois que le
thermomètre sociopolitique commence à monter. Certes, l’ex-raïs est pointé du
doigt dans la répression des manifestants qui a occasionné des centaines de
morts pendant la révolution, mais au regard de sa santé chancelante, on se
demande souvent s’il ne faut pas le laisser terminer sereinement ses derniers
jours.
Cela d’autant qu’il ne représente aucune menace pour le régime du
Caire. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en ordonnant la
reprise du procès de l’ex-dictateur, la Justice égyptienne a fait son travail.
Elle a prouvé à l’opinion qu’elle est au-dessus de la mêlée. C’est tout à son
honneur. Car très peu de gens croyaient qu’avec tout ce que l’on a dit de
Moubarak, celui-ci pourrait bénéficier d’un procès équitable dans son propre
pays. On attend maintenant de voir ce que décidera finalement la Cour d’assises,
puisque la reprise du procès ne signifie pas de fait que l’ex-président est
innocent. Il peut être relaxé tout comme il peut écoper d’une nouvelle peine
plus lourde. Rien n’est à exclure.
C’est du reste la preuve que le
premier procès a été fait dans la précipitation, sous la pression de la rue,
d’où des vices de procédure. On espère que cette fois-ci sera la bonne et que le
droit sera dit en toute impartialité pour permettre à Moubarak de se situer
définitivement sur son sort.
Boundi OUOBA
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