mardi 29 janvier 2013

Egypte - L'état d'urgence décrété en Égypte

(Le Point 28/01/2013)
Mohamed Morsi a annoncé des "mesures exceptionnelles" pour faire face à l'escalade, menaçant d'en prendre d'autres si les violences persistent.

Le président égyptien Mohamed Morsi a décrété dimanche l'état d'urgence dans trois provinces du pays où les violences ont fait 46 morts en trois jours, et appelé à un dialogue national incluant les dirigeants de l'opposition lundi.
Les heurts les plus meurtriers ont eu lieu à Port-Saïd où 37 personnes ont péri après la condamnation à la peine capitale samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry, pour leur implication dans des violences ayant fait 74 morts en 2012 après un match contre l'équipe du Caire, Al-Ahly.
Dans un discours à la nation, au ton ferme, retransmis à la télévision, Mohamed Morsi a annoncé des "mesures exceptionnelles" pour faire face à l'escalade, menaçant d'en prendre d'autres si les violences persistent. "Je le ferai pour l'intérêt de l'Égypte. C'est mon devoir et je n'hésiterai pas un instant". Selon lui, l'état d'urgence entrera en vigueur à partir de minuit dimanche pour 30 jours, à Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, sur le Canal. Il sera accompagné d'un couvre-feu de 21 heures à 6 heures, heure locale, pour la même période.
"Je suis contre les mesures exceptionnelles, mais j'avais dit que si j'y étais contraint, je le ferais pour éviter que le sang ne coule et pour protéger les citoyens", a dit le président. L'état d'urgence, imposé durant 30 ans, avait été levé en mai 2012.
Parallèlement, Mohamed Morsi, accusé d'autoritarisme par ses détracteurs, a appelé les dirigeants de l'opposition à un dialogue national lundi. Selon un communiqué de la présidence, les dirigeants du Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, Hamdeen Sabbahi, Amr Moussa et Mohammed El Baradei, ont été conviés notamment à ce dialogue dimanche en fin de journée au palais présidentiel au Caire. Le FSN avait réclamé samedi une "solution globale" à la crise incluant un "gouvernement de salut national", faute de quoi, il boycotterait les législatives prévues en mars ou avril et réclamerait une présidentielle anticipée.
L'armée déployée à Port-Saïd
Dimanche à Port-Saïd, six personnes, dont un jeune homme de 18 ans atteint par une balle, ont péri en marge d'obsèques, selon des sources médicales. 467 ont aussi été blessées, dont 38 par balle. Selon des témoins, des coups de feu d'origine indéterminée ont été entendus pendant que les dépouilles étaient transportées d'une mosquée vers le cimetière, provoquant un mouvement de panique parmi les milliers de personnes présentes, puis des scènes d'émeute. Certains participants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir islamiste, scandant "À bas le pouvoir du guide" des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi. Parmi les 31 morts samedi figurent deux policiers pour qui des funérailles militaires ont été organisées au Caire. Le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a été empêché d'y participer par des policiers en colère, selon l'agence Mena.
L'armée a pris position à Port-Saïd pour protéger les bâtiments publics et les sites sensibles après une tentative des proches de condamnés à mort de prendre d'assaut la prison où ces derniers sont détenus et des attaques contre des postes de police. Pour des habitants de Port-Saïd, les condamnations à mort ont été motivées par le souhait d'éviter des troubles plus graves avec les supporteurs très organisés d'Al-Ahly, qui avaient menacé de semer le "chaos" si le verdict n'était pas assez sévère. "C'est un verdict politique qui a sacrifié nos enfants pour éviter le chaos. Nos enfants sont des boucs émissaires", a affirmé Achraf Sayyed.
Mais lors de son discours, Mohamed Morsi a affirmé que "les décisions de justice doivent être respectées par tous. Elles ne sont pas dirigées contre une partie spécifique et ne sont pas partiales."
Les troubles avaient commencé vendredi dans plusieurs villes, dont Le Caire, à l'occasion du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak. Les affrontements entre opposants à Morsi, élu en juin 2012, et policiers avaient fait ce jour-là neuf morts - huit à Suez et un à Ismaïliya - et des centaines de blessés, reflétant les profondes divisions dans le pays.
À Suez et au Caire, des accrochages sporadiques ont continué d'opposer des manifestants à des policiers. Les ambassades des États-Unis et de Grande-Bretagne, près de la place Tahrir au Caire, ont suspendu dimanche leurs services au public.

Le Point.fr

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