mardi 29 janvier 2013

Madagascar : 10 millions USD des pays de la région en faveur des élections (INTERVIEW)

(Xinhuanet 28/01/2013)
ADDIS-ABEBA -- Les élections générales prévues cette année à Madagascar, qui se dérouleront sans la participation d'Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, seront financées à hauteur de 10 millions USD sur un budget total estimé à 60 millions, a affirmé à Xinhua le ministre mauricien des Affaires des étrangères, Arvin Boolell, dimanche à Addis-Abeba, en marge du 20e sommet de l'Union africaine (UA).
M. Boolell s'est confié au terme d'une réunion conjointe de la Commission de l'océan Indien et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), également consacrée à la République démocratique du Congo (RDC) où, d'après une autre source diplomatique, la SADC préconise la mise à l'écart du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda et de la RDC elle-même de la force multinationale neutre prévue dans l'Est de ce pays.
Question : Monsieur le ministre, quelles sont les conclussions de la réunion conjointe SADC-Commission de l'océan Indien tenue ce dimanche soir en marge du 20e sommet de l'Union africaine ici à Addis-Abeba sur les crises de Madagascar et de la République démocratique du Congo ?
Réponse : Concernant Madagascar, je dois dire que les choses commencent à bouger très positivement dans la bonne direction et suite à la décision prise par les deux protagonistes (le président de l'Autorité de transition Andry Rajoelina et l'ex-président déchu Marc Ravalomanana, NDLR) de ne pas se porter candidats aux élections présidentielles. Mais pour qu'on puisse arriver à cette décision, ça a été un travail de longue haleine. Maintenant, il faut que les recommandations de la feuille de route soient respectées. Il y a bien sûr la loi sur l'amnistie qui doit être introduite par le Parlement de transition. Parce qu'il ne faut pas oublier que la feuille de route a été acceptée et paraphée par tous les partis politiques, inclus bien sûr le parti de l'ancien président Ravalomanana.
Q : La décision de l'ancien président Ravalomanana et d'Andry Rajoelina de ne pas se présenter à l'élection présidentielle prévue cette année ouvre-t-elle la voie à une véritable décrispation politique et à un retour effectif à la normalisation ?
R : C'est non seulement une décrispation, mais je crois fermement que c'est la solution malgacho-malgache qui donne le droit au peuple malgache d'aller aux urnes, de voter et de faire le choix des candidats pour les élections parlementaires et les candidats pour l'élection présidentielle et les élections communales. Maintenant, au-delà de ce que le Parlement a voté sur les dépenses qui doivent être encourues pour l'organisation des élections, il faut qu'il y ait un soutien de la communauté internationale. Et là, je félicite le Premier ministre de la République de Maurice qui a dit haut et fort qu'il y a un engagement de la part du gouvernement mauricien pour décaisser 500. 000 dollars pour l'organisation des élections qui, qu'on le veuille ou non, va quand même coûter 60 millions de dollars. Au- delà de ce qui a été voté par le Parlement malgache, il faut trouver les moyens nécessaires pour que cette somme puisse être mobilisée pour une bonne organisation des élections à Madagascar.
Q : Est-ce qu'il y aura un soutien financier de la SADC ?
R : Il y a un engagement pris par la SADC pour décaisser 10 millions de dollars. Si je prends l'engagement pris par la Commission de l'océan Indien, c'est un million de dollars, donc 9 probablement de la SADC. Il ne faut pas oublier que les Etats membres de la Commission de l'océan Indien sont aussi membres de la SADC. Donc, 10 millions de dollars provenant de la SADC, d'autres sources de financement de la communauté internationale incuse l'Union européenne, je crois que la somme requise va être recueillie sans aucun problème.
Q : Est-ce que après l'adoption de la loi d'amnistie le président Ravalomanana pourra rentrer tranquillement de son exil d'Afrique du Sud ?
R : L'essentiel, c'est de trouver le moment opportun pour le retour du président Ravalomanana, et je laisse le soin à la présidence et les membres de la troïka de continuer le dialogue déjà entamé avec les protagonistes. L'essentiel, c'est le respect de cette feuille de route. Il faut que la loi sur l'amnistie soit votée par le Parlement pour que les personnes qui sont accusées de crimes contre l'humanité puissent être exonérées.
Q : Sur la RDC maintenant, qu'est-ce qui ressort de la réunion de ce dimanche ?
R : Sur la RDC, l'essentiel maintenant, c'est de mettre sur pied ce qu'on appelle International Neutral Army (la force internationale neutre, NDLR). Cela est important pour redonner confiance à la RDC. Le soutien des Nations Unies est là, mais il faut qu'il y ait une meilleure interaction avec la MONUSCO ( Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo, NDLR) et Interantional Neutral Army. Et il faut que cela se fasse sans heurts et dans le respect de la souveraineté de la RDC.
Q : Y a-t-il un calendrier qui a été fixé pour la mise en place de cette force, les autorités de Kinshasa s'impatientent de son établissement ?
R : Il y a une feuille de route qui a été établie. Je sais que le secrétaire général des Nations Unies veut rencontrer les pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Il y a une très bonne concertation entre la SADC et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. C'est une bonne interaction. Ce qui a été dit et condamné haut et fort par la SADC, il ne faut pas que le groupe M23 ait une certaine légitimité. Il faut que tout le monde soit partie prenante et qu'on respecte la souveraineté de la RDC. Il ne faut pas qu'il y ait un sentiment d'invasion d'un pays voisin par un autre. Il faut qu'il y ait un dialogue, des consultations pour trouver une solution qui va nous donner beaucoup de confiance quant à une sortie de crise durable.

Par Raphaël Mvogo

© Copyright Xinhuanet

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire