lundi 19 septembre 2011

Togo - Kpatcha, l'encombrant prisonnier de Faure

(Afriscoop 19/09/2011)

Quand les fils Gnassingbé lavent leur linge sale au tribunal! C'est, en effet, le moins que l'on pouvait attendre du "régiment" des dignes héritiers de feu le général Eyadéma qui se partagent le Togo depuis l'éternité mais que, malheureusement, le seul sang paternel ne suffit à unir.
Au-devant de la scène aujourd'hui, le président Faure Gnassingbé, que la Constitution ne destinait nullement au trône au décès de l'inamovible père le 5 février 2005, et son jeune et demi-frère Kpatcha Gnassingbé, le faiseur de rois, aux arrêts depuis le 15 avril 2009 pour complot et atteinte à la sûreté de l'Etat.
Au terme d'un procès expéditif, la fatwa de la cour est tombée jeudi dernier: 20 ans de prison ferme et déchéance civique pour le frère encombrant de Faure.
Même si le mea culpa de Kpatcha à l'adresse du peuple togolais et de ses co-accusés sue l'aveu de culpabilité, il faut dire qu'au sommet de l'Etat, le fils éclairé du miraculé de Sarakawa aura saisi là l'aubaine pour effacer celui-là qui, malgré son jeune âge et son curriculum vitæ désertique, lui faisait de l'ombre sur la scène politique.
Si l'élégance et le riche cursus universitaire du président de 45 ans ne se démentent, Kpatcha, 43 ans, lui, passait pour large (dans tous les sens du terme), très proche des masses et de la hiérarchie de la Grande muette.
A telle enseigne qu'il se plaisait à recevoir, lui aussi, sa ration aux côtés de son frère quand ils passaient ensemble les troupes en revue, ou encore de "Monsieur le vice-président", et les acclamations quand il prenait un bain de foule dans son fief du Nord-Togo.
Maintenant la question est de savoir si la condamnation du petit frère, même prétentieux fût-il, ne pèsera pas sur la conscience du grand frère qui lui doit, en tout cas, la réussite du putsch d'avril 2005, et son élection un an plus tard, hélas couronnée par tant et tant de morts, de blessés et d'exilés.
En attendant, la classe politique togolaise se trouve aujourd'hui divisée et la case Gnassingbé en déconfiture.
N'est-ce pas qu'après avoir défait l'ennemi commun les héritiers d'Etienne Eyadéma donnent le ton d'une guerre fratricide, à l'issue incertaine, et dont les déflagrations pourraient atteindre les mille et une veuves du palais ?

Rabi Mitbkèta
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