mercredi 28 septembre 2011

Guinée - Violences politiques en Afrique : Alpha Condé sur les traces du « régime Wade 2 » ?

(Afriscoop 28/09/2011)

(AfriSCOOP) — Encore une poussée de fièvre en Guinée et une nouvelle fois pour des vétilles politiques qui pouvaient être aplanies, sans grande difficulté. Toute la classe politique guinéenne sera comptable devant l’Histoire pour ces violences gratuites qui ne grandissent pas le pays de Sékou Touré. Cependant, quand on est au pouvoir, on est toujours plus comptable devant ses compatriotes et le monde.
« Au lieu de réprimer les manifestants de l’Opposition ce 27 septembre 2011, les forces de l’ordre auraient pu les encadrer », dixit un opposant au pouvoir de Conakry, après ce qu’il faut appeler une répression des velléités contestataires des opposants guinéens.
Pays fortement militarisé sous les présidents Touré et Conté, la Guinée a les moyens d’encadrer les partisans de l’Opposition qui descendent dans les rues de Conakry ; au lieu de les réprimer. L’interdiction de la marche annoncée par les contestataires du régime Condé était une manière pour l’actuel chef de l’Etat de réaffirmer à ses adversaires politiques qu’il est le seul maître à bord du navire guinéen d’une part.
D’autre part, en s’opposant coûte que coûte à ses critiques dans les rues de Conakry, l’ancien opposant aux pouvoirs dictatoriaux de Touré et de Conté a envoyé au monde le message selon lequel il a toujours, dans un coin de la tête, les accusations qu’il a portées contre Bah Oury (numéro deux de l’Opposition), comme étant l’instigateur de la présumée attaque contre le domicile présidentiel le 19 juillet dernier.
Pourtant, tout incite à la prudence en Guinée
Pour ne pas marcher sur les plates bandes de Me Wade (durant son second mandat présidentiel), Alpha Condé doit avoir la victoire modeste. Il est certes le premier président élu démocratiquement en Guinée, mais son élection en novembre 2010 a manifestement été émaillée de graves manipulations de voix. A l’image de l’élection de Mme Sirleaf (au Libéria) qui était largement distanciée par Georges Weah lors du premier tour de la présidentielle libérienne, avant de refaire son retard, comme par enchantement, sur son challenger au second tour.
Bref, Alpha Conde doit étaler devant ses compatriotes des attitudes d’ancien opposant pour imposer son leadership, même à ses adversaires politiques les plus virulents. Lorsqu’on a réellement connu les fers de l’oppression et de l’humiliation pendant plusieurs années comme le président Condé, l’on ne doit pas réserver le même sort à ses opposants. Surtout quand l’on a en mémoire que ces opposants les plus farouches représentent une couche importante dans la composition ethnique de la Guinée, d’un point de vue numérique.
Le « non » de Conakry à la marche d’opposants ce 27 septembre 2011 est-il le signe irréfutable d’un pouvoir qui s’ostracise un peu plus ? Cette démarche rappelle, sans conteste, dans tous les cas, la répression avec laquelle le pouvoir du Pds au Sénégal a inauguré son second mandat en 2007. Avec la différence que de telles attitudes ringardes risquent de laisser des traces politiques et psychologiques, plus en Guinée qu’au Sénégal, car la patrie de Sékou Touré n’a toujours pas pansé ses plaies béantes qui ont pour nom : intolérance et autisme politiques.
« Professeur Condé », à vous donc d’imprimer votre marque, la bonne, à la Guinée, si elle vous est vraiment chère.

mercredi 28 septembre 2011 par Hilarion Dembele , La Rédaction © AfriSCOOP
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