lundi 26 septembre 2011

En Tunisie, la torture des prisonniers perdure selon des ONG

(Le Monde 26/09/2011)

Après la fuite de Ben Ali, chassé du pouvoir le 14 janvier 2011, suite à un soulèvement populaire, des prisonniers politiques libérés ont raconté les sévices subis dans les geôles du régime : coups, bains d'eau froide, privation de sommeil, insultes et position du "poulet rôti", c'est-à-dire le corps attaché et maintenu recroquevillé pendant des heures.
Comme Fabien, jeune Français de 29 ans, arrêté pour possession et trafic de drogue en 2008. Malgré ses aveux, "une demi-douzaine d'enquêteurs l'ont giflé à répétition, l'ont déshabillé, l'ont attaché, mains dans le dos, ont fait basculer la chaise par terre et l'ont frappé sur la plante des pieds et les cuisses en proférant des menaces de mort", raconte son avocate, Me Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l'Association de lutte contre la torture en Tunisie. "Ils ont apporté une batterie et l'ont électrocuté au niveau des genoux. Ils l'ont filmé nu en menaçant de le violer, de lui arracher les ongles", explique-t-elle. Après cinq jours de supplices en garde à vue, stoppés par l'intervention du consulat français, Fabien signe des aveux en arabe, sans interprète, incluant des faits qu'il n'a pas commis. Il est incarcéré à la prison de Mornaguia, près de Tunis, selon sa famille.
"DES RÉSIDUS DE L'ANCIEN RÉGIME"
Selon l'Association de lutte contre la torture, ce genre de pratiques, largement répandues sous le régime de Ben Ali, a encore cours aujourd'hui. Un rappport de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), publié en juillet, s'est inquiété du "danger que représente la répétition, même à une échelle sans comparaison avec les pratiques du régime déchu, des crimes du passé". La haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, qui a ouvert en juillet à Tunis le premier bureau de son organisation en Afrique du Nord, s'est dite "inquiète et triste" concernant ces allégations.
Le ministère de l'intérieur tunisien avait alors évoqué des "résidus de l'ancien régime" et indiqué que les mentalités et comportements ne pouvaient pas changer du jour au lendemain. "Il faut faire la différence entre torture et excès de violence. Ce que nous vivons aujourd'hui n'a aucun rapport avec la torture dans la définition classique du terme", a déclaré un représentant du ministère de l'intérieur, dans un article publié début septembre sur le blog Tawa Fi Tunis.

LEMONDE.FR avec AFP
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