lundi 26 septembre 2011

RDC: Législatives 2011 : Plus de 19.000 candidats

(L'Avenir Quotidien 26/09/2011)

*En vue des législatives du 28 novembre 2011, la CENI a enregistré plus de 19.000 dossiers de candidats pour 500 sièges seulement. Le record de 2006 est nettement battu car il y a cinq ans, la CEI de l’époque avait enregistré 9.632 candidats. * Sans doute, on n’en a pas encore fini avec les postulants, dont un certain nombre de ceux qui ont été écartés entendent saisir la Cour Suprême de Justice qui fait office ici de Cour constitutionnelle. Surtout qu’avant la publication de la liste provisoire, il revenait à la CENI de sanctionner tout parti politique, regroupement ou une candidature présentée par un indépendant pour violation de l’article 22 de la loi électorale. *Mais qu’est-ce qui justifie cet engouement, même si la Rd Congo qui expérimente le multipartisme a opté pour un scrutin ouvert ? Le malaise dans la société congolaise, le chômage, la vie facile et certaines situations liées au contexte propre au pays peuvent expliquer ce fait.
Pour le compte des élections législatives de novembre 2011, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient de publier la liste additive pour les trois provinces qui restaient (Equateur, Bandundu et Kasaï-Oriental). Ce qui porte ainsi le nombre provisoire de 13.401 candidats députés à environ 19.000 aujourd’hui. Et ce, en attendant que la Cour suprême de justice qui fait office de Cour constitutionnelle examine les requêtes interjetées par certains partis politiques, regroupements ou personnalités indépendantes.
Il faut dire que la Rd Congo est en train d’expérimenter la démocratie et a choisi le multipartisme comme système de gestion. Il s’agit aussi d’un facteur qui montre la vivacité et la détermination du Congolais à aller vers de l’avant, à changer les choses pour un Congo nouveau. Loin de nous la prétention de voir d’un très mauvais œil cette ruée vers la députation nationale, c’est le moment de dire qu’on ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Ayant opté pour la démocratie, nous avons donc le droit de nous assumer en tant que tel, quel qu’en soit le prix. En plus, il faut insister sur le fait que la Rd Congo a adopté un régime des partis politiques et un mode à scrutins ouverts. Au moment où l’on respecte les principes mis en jeu et les lois de la République, on n’aura pas péché en postulant à la députation, même si la population, peu importe son niveau, aura affaire à un bulletin de format A2.
Depuis les élections présidentielles et législatives de 2006, il ne s’est pas constitué une vraie majorité qui pouvait permettre à Joseph Kabila de bien gérer le pouvoir. C’est alors qu’on assistera à ce qu’on a qualifié de « Majorité Présidentielle ». En réalité, c’était un regroupement des partis politiques ayant au moins un député au parlement et ayant opté de se ranger derrière Joseph Kabila Kabange.
Contrairement à certains pays où existent deux grandes familles politiques, la droite et de la gauche, la Rd Congo se contente de plus de 400 partis politiques reprenant en leur sein les gauchistes et les droitistes, pourquoi pas les centristes. Et pourtant, de tels regroupements auraient facilité la tâche et permis à ceux qui le veulent de se retrouver dans un courant de leur choix. Le dépôt des candidatures serait facilité et on ne connaîtrait pas cette floraison des candidatures. Mais dans le contexte actuel de la Rd Congo, c’est chaque parti politique, peu importe l’argent à dépenser, qui prend quand même le risque de déposer toutes les candidatures. Et ce, conformément aux prescrits des lois en la matière.
La CSJ examine les recours
Sans doute, on n’en a pas encore fini avec les postulants, dont un certain nombre de ceux qui ont été écartés entendent saisir la Cour Suprême de Justice qui fait office ici de Cour constitutionnelle. Et si leurs recours aboutissaient, il n’est pas exclu que l’on franchisse le cap de 20.000 candidatures ou plus, pour seulement 500 sièges. Avant d’arriver à la Cour Suprême de Justice et pour bien faciliter sa tâche, la CENI aurait bien fait de rejeter certaines candidatures introduites en violation de l’article 22 de la loi électorale et sanctionner ainsi les partis politiques qui ont manqué du sérieux dans le dépôt des candidatures.
En effet, selon cet article 22, « une liste présentée par un parti politique, un regroupement politique ou une candidature présentée par un indépendant est déclarée irrecevable lorsque elle reprend le nom d’un ou de plusieurs personnes inéligibles, elle porte un nombre de candidats supérieur au nombre de sièges fixé pour chaque circonscription, elle reprend le nom d’un candidat dans plus d’une circonscription électorale pour un même niveau ».
Il est vrai que si la CENI avait tenu compte de cet article, peut-être que nombreuses candidatures ne seraient pas reprises sur la liste provisoire. Mais étant donné que la période des recours est clôturée (soit du 22 au 25 septembre), il revient à la Cour suprême de justice de se prononcer sur l’irrecevabilité de certains dossiers. Même si le chiffre sera revu à la hausse ou à la baisse, c’est la démocratie qui aura gagné.
De 9.632 en 2006 à plus de 19.000 en 2011
C’est avec raison qu’il faut louer la démocratie qui s’impose de plus en plus, comme le seul mode de gestion du pouvoir en Rd Congo. Mais on ne doit pas non plus occulter certaines questions propres au contexte actuel de ce pays post-conflit. C’est dans cette logique qu’une certaine opinion veut savoir, comment justifier un tel engouement à la députation nationale, surtout lorsqu’on sait ce qu’elle exige en termes d’efforts et de compétences pour les élus du peuple. C’est ici que certains pensent aussi que cette ruée vers la députation nationale traduit en quelque sorte un malaise constaté au sein de la société congolaise. Une société du reste dominée par le chômage qui touche plus de 80% de la population, la vie facile, etc.
La députation dans ce pays attire presque toutes les classes sociales, motivées notamment par cette ‘’carrière’’ qui offre plusieurs avantages. Il s’agit par exemple de « fameux jeep », d’un salaire mirobolant de 6.500 dollars Us, des immunités, des primes, … de quoi attirer de milliers de Congolais. Au-delà de cet aspect, certains pensent que la députation est semblable à l’armée qui, à une certaine époque, on y envoyait les enfants de la rue et autres délinquants en rupture avec leurs familles biologiques. Et pourtant, la députation est une charge pour une certaine élite dont la société congolaise a besoin. Il s’agit des gens qui vivent avec la population, qui peuvent amener ces problèmes à l’Assemblée nationale en vue du bien-être de celle-ci, pour attirer l’attention de l’exécutif.
Même si le chômage gagne plus d’un Congolais, la députation ne doit pas être considérée comme étant un dépotoir ou un fourre-tout, qui a comme vocation de recevoir tous ceux qui n’ont pas pu réussir ailleurs. Pour une autre catégorie des Congolais, la ruée vers la députation est justifiée par un degré considérable de déception. En effet, aux élections de 2006, plusieurs candidats députés avaient miroité leurs bases de beaucoup de projets qu’ils n’étaient même pas à même de réaliser. Certains, oubliant la séparation des pouvoirs, s’étaient même arrogés le pouvoir de l’exécutif, en promettant monts et merveilles à leurs bases. Mais s’étant rendu compte de la réalité, ces élus du peuple ont passé des lustres sans visiter une seule fois leurs propres circonscriptions.
Et c’est au regard de ce fait là qu’une certaine frange de la population s’est décidée de postuler, surtout pour leur prouver qu’ils pouvaient aussi faire mieux. Et pourtant, le rôle d’un député est de représenter sa circonscription mais également la Nation tout entière. Pour exercer son rôle de contrôle, le député peut interroger le gouvernement, examiner son action au sein d’une commission, parfois même contrôler l’emploi de l’argent public. Il peut également, en signant une motion de censure qui sera soumise au vote de l’ensemble des députés, mettre en cause la responsabilité du gouvernement.

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