mercredi 9 février 2011

Sénégal - A quoi sert le Forum social à Dakar ?

(La Libre 09/02/2011)

Entretiens. Porto Alegre était plutot une manifestation hostile. A Dakar, on aborde les problèmes difficiles et nouveaux, en prenant en compte toutes les dimensions. Avec la,participation de représentants du pouvoir.
Quel regard portez-vous sur le Forum social de Dakar ?Je dirais que le Forum de Porto Alegre était plutôt une manifestation. C’était un événement hostile à quelque chose, une réaction à certaines formes de gestion de l’économie du monde. Une contestation du système. Un certain nombre de personnes semblaient dire que le monde n’avait pas la bonne manière de conduire les affaires. C’était donc une prise de conscience. Par contre, ce qu’on tente de faire à Dakar, c’est de s’assurer que, dans la manière dont on aborde des problèmes difficiles et nouveaux, toutes les dimensions sont prises en compte. Ça, c’est un élément intéressant. Mais alors, il y a des éléments plus idéologiques qui interviennent, comme il en existe également dans d’autres structures. Cependant, aujourd’hui, on note aussi l’apparition de représentants du pouvoir. Tandis qu’à Porto Alegre, on retrouvait plutôt des indications de contre-pouvoir, cette fois on voit venir Lula, qui incarne tout de même aussi la responsabilité du pouvoir. C’est-à-dire pas seulement une aspiration qui ne tiendrait pas compte des contingences.La présence de Lula pourrait-elle entraîner d’autres adhésions de ce type ?Le monde a changé et n’a pas de système de gouvernance qui satisfasse qui que ce soit. Par exemple, la question de la valeur des monnaies les unes par rapport aux autres constitue un thème de forum social ou de gouvernance tout court. Les sujets s’entrecroisent à mesure que le type de monde auquel nous sommes confrontés s’écarte du modèle traditionnel dans lequel les pays en voie de développement étaient clairement ce qu’ils étaient, et les pays développés de même. Or, le Brésil est un pays important, à l’égal de la Chine, mais l’un comme l’autre, en regard d’un certain nombre de critères, sont toujours des pays en voie de développement.La régulation du système financier international, depuis la crise de 2008, ne s’impose-t-elle pas plus que jamais ?On se rend compte que, si l’on veut des éléments de stabilité, une certaine stabilité dans le rapport des monnaies par exemple est une chose utile, mais formidablement difficile parce que, encore une fois, comparer la situation de l’Inde, de la Chine ou du Brésil à celle du Bangladesh, ce n’est guère évident.Le souci du changement climatique n’est-il pas trop absent au rendez-vous de Davos ?Je ne pense pas, non. Il suffit de voir à travers l’Union européenne, quand elle s’occupe de la compétitivité ou hier de l’énergie, à quel point la dimension climatique est devenue inéluctable. On ne peut plus parler des problèmes de l’énergie sans en même temps évoquer l’environnement. Ce sont devenus deux faces de la même monnaie, ce qui n’était pas vrai il y a dix ans. Evidemment, dans les forums altermondialistes, il y a une tendance à dire que les autres sont responsables de la situation actuelle, et que ce sont eux qui doivent faire l’effort. C’est un peu plus compliqué que ça .

Entretien : E.d.B.
Mis en ligne le 09/02/2011
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