jeudi 24 février 2011

Cameroun -Le spectre de la révolte au Cameroun

(Le Post.fr 24/02/2011)

La brise du tsunami de la révolution qui ballaie le Nord de l'Afrique commencerait elle à souffler sur l'Afrique sub saharienne?
Le 20 février dernier au Sénégal un ancien militaire tentait de s'immoler, et de nombreux sénégalais se disaient prêt à s'immoller à leur tour. Au Cameroun, hier 23 février, des jeunes sont descendus dans la rue, harangués par certains leaders de l'opposition camerounaise et par des responsables politiques commomérant les émeutes de la faim de février 2008 qui avaient fait près de 140 morts, des jeunes qui inspirés par l'ouragan de liberté du Nord de l'Afrique ont réclamé le départ du président Biya.
Fait marquant on retrouve les même ingrédients de la brise révolutionnaire au Sénégal comme au Cameroun: la commomération des émeutes de faim à la même période, la corruption des gouvernements. Avec certes un degré de corruption différent d'un pays à l'autre, le Sénégal se trouvant à la 105ème place et le Cameroun à la 146 ème place de l'indice de perception de la corruption en 2010, toujours parmi les pays les plus corrompus de la planète malgré une soit disant "opération épervier" de nettoyage.
Biya au pouvoir depuis près de 30 ans, fait partie de ces dictateurs dont ne veulent plus les populations opprimées, en grande misère: ayant pillé les caisses de l'Etat appartenant aux camerounais, on se rappellera qu'il est lui aussi sous le coup d'une affaire de bien mal acquis , et on se souvient également du choc qu'avaientt provoqué ses vacances à la Baule pour un montant d'un million d'euros, alors que dans le même temps des camerounais mourraient de malnutrition dans le Nord du pays
Si la mobilisation des jeunes camerounais n'était pas importante, le 23 février, la représsion des autorités elle était démésurée, violente, vis à vis des quelques 200 à 300 manifestants qui se sont déplacés. Déjà le dimanche dernier alors que des rumeurs de manifestation ne faisaient que circuler , certains journaux camerounais font état de l'arrestation d'un des leaders de l'opposition. En réponse à cette entorse à l'état de droit comme d'habitude au Cameroun , le ministre de la communication a fait l'éloge de l'état de droit au Cameroun :" le Cameroun est un Etat de droit. Quiconque invite les Camerounais à l’insurrection vont au travers de loi" J'ai presqu'envie de dire : "laisser moi rire" L'état de droit n'est -il pas aussi la consécration de la liberté d'expression, et donc de manifester?
Tout porte à croire que le gouvernement camerounais se paie la tête des camerounais, résignés depuis des années, hormis des soubresauts d'insurrection comme lors des émeutes de la faim en Février 2008 , à ne se contenter que de se "débrouiller", opprimés et appeurés qu'ils sont par le régime Biya, déçus par le manque d'engagement et de vocation politique dont font preuve les grands partis d'opposition camerounais très souvent sous le coup d'une sorte d' "ouverture politique" à la Biya, consistant au clientélisme et à la corruption de l'opposition, à la redistribution des miettes du pouvoir, pour acheter leur assentiment quant aux dérives du régime en place.
Toutefois, le besoin d'une quête de la dignité du peuple camerounais est une réalité indéniable au sein de la population camerounaise: le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (moins d'un dollars par jour) en 2007 est estimé à 39, 9%.Un chiffre certainement en augmentation depuis les effets secondaires de la récente crise économique. Plus de 39,9 % de la population en situation d'extrême pauvreté, 1 million d'enfants souffrant de malnutrition chronique en 2009, pendant que Paul Biya se paie des vacances à 1 million d'euros à la Baule la même année.
Certainement, il faut un changement au Cameroun, la dignité d'un peuple et la souveraineté d'un peuple ne sont pas négociables en démocratie. Aussi, osons espérer plus de conscience politique de la part des camerounais pour les prochaines manifestations qu'ont prévu le collectif d'organisation de celle du 23 février.
Paul Biya, âgé de 78 ans, doit entendre les dolléances et les revendications des camerounais qui l'exhortent à laisser le pouvoir et à passer la main , étant justement à "l’âge où il exhale le meilleur de son parfum" je dirais le parfum de la fin. Il est temps pour lui de préparer un autre cameroun, véritablement démocrartique , en refusant de se présenter à l'élection présidentielle de cette année et de marquer l'histoire du pays, en sortant par la grande porte.

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