(Xinhuanet 05/02/2013) KHARTOUM -- Les tensions qui ont éclaté de nouveau à la
frontière commune entre le Soudan et le Soudan du Sud pourraient conduire à la
destruction des accords fragiles signés entre les deux pays voisins, selon les
observateurs.
Lors d'une vague récente d'accusations échangées entre les
deux pays, l'armée du Soudan du Sud a accusé Khartoum d'avoir bombardé des zones
frontalières dans l'Etat du Nil Supérieur au Soudan du Sud, alors que Khartoum a
accusé Juba d'avoir mobilisé ses forces à la frontière avant d'envahir les zones
frontalières soudanaises.
L'armée soudanaise a attaqué une zone frontière
dans l'Etat du Nil Supérieur, qui a entrainé la mort d'un soldat de l'Armée de
libération du peuple soudanais (SPLA), a annoncé aux journalistes à Juba Philip
Aguer, porte-parole de l'Armée sud-soudanaise.
Il a ajouté que l'armée
soudanaise avait lancé une attaque aérienne sur Babaniss, dans l'Etat du Nil
Supérieur, réitérant que trois soldats des SPLA avaient été blessés et un tué
dans l'attaque.
Cependant, l'armée soudanaise a nié avoir attaqué le
Soudan du Sud.
"Nous n'avons bombardé aucune zone dans les territoires du
Soudan du Sud et n'y avons mené aucune opération militaire", a rapporté le média
local soudanais lundi, citant le porte-parole de l'armée, Al-Sawarmy Khalid
Saad. Par ailleurs, les autorités locales dans l'Etat soudanais du Kordofan Sud
ont déclaré que le Soudan du Sud avait envoyé beaucoup de soldats dans la
zone.
Les observateurs craignent que les tensions croissantes à la
frontière commune ne mènent à la destruction de l'accord de coopération signé
par les deux pays en septembre dernier sous le parrainage de l'Union africaine
(UA) et ne ramènent les deux pays au bord de la guerre.
"Si les querelles
actuelles entre le Soudan et le Soudan du Sud se poursuivent, elles pourraient
conduire à une nouvelle guerre entre les deux pays", a déclaré le général
Mohamed Al-Abbas al- Amin, expert militaire soudanais et maître de conférence
des études stratégiques à l'université Al-Zaeem Al-Azhary à Khartoum, à l'agence
Xinhua.
"Il n'est pas exclu que cette querelle ne développe et ne pousse
une des parties à l'escalader et à déboucher en fin de compte sur une
confrontation militaire", a déclaré M. Al-Amin, attribuant les tensions
frontalières à leur échec à délimiter leur frontière commune.
"Les
négociateurs soudanais ont commis une grosse erreur en ne se mettant pas
d'accord d'abord sur la démarcation frontalière assurant le retrait de l'armée
du Soudan du Sud. Cette erreur a permis à Juba d'obtenir des cartes à utiliser
contre Khartoum", a- t-il souligné.
Pour sa part, l'analyste politique
soudanais Abdallah Adam Khatir a affirmé que les accusations échangées risquent
de paralyser les efforts de l'UA.
"La guerre des mots est susceptible
d'affecter directement les efforts déployés par les deux pays pour parvenir à un
accord et risque de paralyser les efforts de la médiation africaine", a déclaré
M. Khatir à Xinhua.
En septembre 2012, le Soudan et le Soudan du Sud ont
signé une série d'accords sur diverses questions en suspens lors d'un sommet
présidentiel dans la capitale de l'Ethiopie. Ils ont signé trois accords sur des
questions de coopération, de sécurité et de post- sécession.
Néanmoins,
les accords signés n'abordent pas ni les questions d'Abyei ni la démarcation des
frontières.
Les cinq zones frontalières contestées, en particulier,
constituent les principaux obstacles sur la voie du règlement des questions en
suspens et la résolution de la question de la démarcation des frontières entre
les deux pays.
Les cinq zones contestées, en plus d'Abyei, comprennent
les zones de Dabat Al-Fakhar, Jabel Al-Miqainis, Samha, et keffiers Kanji.
Depuis la signature de l'accord, les deux parties n'ont pas réussi à
s'entendre sur plusieurs questions, qui comprennent également le déploiement des
troupes sur leur frontière commune et la suppression du lien entre l'armée du
Soudan du Sud et les groupes armés qui lutte contre le gouvernement soudanais.
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