(Le Figaro 02/04/2012)
Les chefs d'État d'Afrique de l'Ouest ont décidé, lundi, un embargo total contre la junte au pouvoir à Bamako.Le Mali s'enfonce dans une crise sans nom et plus personne ne le nie. Dimanche, le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte au pouvoir depuis le 22 mars, date du putsch contre le président Amadou Toumani Touré, l'a reconnu en ordonnant le rétablissement sans délai de la Constitution et des institutions. En réponse à cette première concession, on s'attendait à ce que la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunie lundi en sommet à Dakar, lève, au moins provisoirement, les menaces de sanctions économiques pesant sur le Mali. Mais il n'en a rien été.
«Organisme de transition»
L'organisation régionale a décidé lundi un «embargo total» contre la junte au pouvoir à Bamako, a annoncé à l'issue d'un sommet à Dakar le chef d'État ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao. «Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd'hui (lundi) et ne seront levées que quand l'ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli», a déclaré le président ivoirien, ajoutant: «Nous avons demandé que l'embargo soit total.»
La Cédéao exige donc que le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'État (CNRDRE), ainsi que se dénomme la junte, rende sans délai le pouvoir aux civils. Dimanche, le capitaine Sanogo a certes promis de mettre en place «un organisme de transition». Mais il est resté très flou sur les détails ou le calendrier. «Il semblerait que le CNRDRE soit d'accord pour laisser les civils reprendre la main tout en gardant le contrôle des affaires militaires», assure un diplomate. Le Front du refus, une coalition de l'immense majorité des partis politiques maliens, qui est hostile aux putschistes, a accepté de participer à un tel «organisme».
Homme providentiel
Lundi, à Bamako, on s'interrogeait pour donner une vague réalité à cette transition. Le retour au pouvoir du chef d'État déchu semblant totalement écarté, c'est le président de l'Assemblée nationale qui devrait théoriquement lui succéder. Mais la personnalité controversée du titulaire du poste, Dioncounda Traoré, est loin de faire l'unanimité. Une session du Parlement devait être organisée en urgence lundi pour évoquer ces questions. «Il doit être possible de trouver rapidement un homme consensuel», assurait un homme politique malien.
Cet homme providentiel devra agir vite pour éviter au Mali d'imploser et de plonger dans la guerre civile. Sous les coups du MNLA et de ses alliés, l'armée malienne s'est de fait littéralement «débandée», fuyant en désordre dans les villes de Mopti ou même à Bamako. «Rien n'empêche les rebelles d'atteindre la capitale s'ils le voulaient», reconnaît un officier.
Mise en garde de la France à ses ressortissants
Devant la dégradation de la situation, la France a demandé lundi à ses ressortissants de quitter le Mali. De son côté, le CNRDRE a envoyé des émissaires au Nord pour tenter de négocier un cessez-le-feu et de demander l'aide militaire des pays voisins. Le MNLA s'est contenté, dans un communiqué, de se dire ouvert aux négociations non sans poser, en préalable, une imposante liste de revendications. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a annoncé «la mise en place» immédiate des 2 000 hommes des forces d'intervention de la Cédéao.
Par Tanguy Berthemet
Par Tanguy Berthemet Mis à jour le 02/04/2012 à 20:07 | publié le 02/04/2012 à 19:57
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