(Le Pays 03/04/2012)
L’heure est à la tension en Guinée Bissau. Car, l’ancien président Kumba Yala, en lice pour le second tour du 22 avril prochain, menace de boycotter le scrutin. Convaincu que le premier tour était entaché de graves irrégularités, l’homme, on se le rappelle, avait demandé l’annulation pure et simple du scrutin, arguant du fait que son adversaire, l’ancien Premier ministre Carlos Gomez Junior, s’est accaparé tous les moyens de l’Etat. Faut-il y voir de la saltation de la part d’un ancien chef d’Etat en mal d’inspiration et qui cherche à tout prix à se donner une virginité politique ? Rien n’est moins sûr.
En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que le philosophe Kumba Yala, sentant la cause perdue, donne l’impression de monter les enchères. Son attitude rappelle celle de l’opposant libérien Henri Tubman qui avait également menacé de prendre en otage le second tour de la présidentielle qui l’opposait à Ellen Johnson Sirleaf ; quoique ce dernier ait su, in fine, faire montre de sagesse en reconsidérant sa position. De toute évidence, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a encore du pain sur la planche, elle qui, tel un pompier désemparé, essaie à tâtons, d’éteindre d’abord la braise malienne.
Elle se doit de mettre les bouchées doubles pour que le pays de l’épique héros de l’indépendance, Amilcar Cabral, ne sombre pas dans une nouvelle déflagration comme ce fut toujours le cas. Le peuple bissau-guinéen n’a pas besoin de cela, lui qui, excédé par les vicissitudes de la vie, semble s’en être remis à la fatalité. Au fait, on se rend compte, à l’analyse, que c’est en réalité l’incurie des hommes politiques bissau-guinéens qui pousse même généralement les hommes en treillis à entrer dans la scène politique, instaurant ainsi en permanence une instabilité dans le pays.
On se demande d’ailleurs si l’opposant Kumba Yala, cédant à la pression de la communauté internationale en allant au scrutin du 22 avril prochain, acceptera le verdict qui sortira des urnes. Ne faut-il pas en prélude faire signer un code de bonne conduite par tous les candidats pour parer à toute éventualité ? Car, « mieux vaut prévenir que guérir », dit l’adage. Peut-être que tout ceci n’est que de la gesticulation et que Kumba Yala pourrait surprendre agréablement l’opinion internationale en faisant preuve d’un sursaut patriotique à l’image du fair-play qui l’avait caractérisé à l’issue du scrutin qui l’avait opposé au défunt président Malam Bacaï Sanha. Espérons !
Boundi OUOBA
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