(Afrik.com 17/08/2011)
Le groupe familial, fondé à la fin du XIXe siècle, a réussi à s’imposer comme l’un des piliers de l’économie mauricienne…
Le patronyme Currimjee est étroitement associé à l’essor économique de l’île Maurice. Dans cette famille d’origine indienne, le sens des affaires semble faire partie du patrimoine génétique. L’ancêtre du clan, Jeewanjee Currimjee, n’a que 18 ans lorsqu’il s’installe sur l’île, au milieu des années 1890, en provenance de son Inde natale. Ce qui ne l’empêche pas de tenter l’aventure entrepreneuriale en lançant la Jeewanjee Currimjee & Co (CJ), une société de négoce, qui exporte du sucre et importe des produits alimentaires.
Visionnaire, Jeewanjee Currimjee a opté pour l’innovation et la multiplication des activités. Il ne veut pas se cantonner au seul domaine du commerce de distribution. Dans les années 1930, la structure créée par ce travailleur acharné marque son entrée dans le domaine industriel par l’acquisition d’un commerce de bois et d’une scierie. C’est le début d’une saga qui fera du groupe Currimjee l’un des fleurons de l’économie mauricienne.
Jeewanjee Currimjee a su transmettre son goût du risque à sa descendance, de sorte qu’aujourd’hui les Currimjee, frères et cousins, ont étendu l’empire familial à tous les domaines de l’économie mauricienne. Des télécommunications à la distribution, en passant par la manufacture, la formation, l’immobilier, le tourisme et les services financiers, il n’est pas un secteur de l’économie de l’île de l’océan Indien où un Currimjee ne soit cité parmi les dirigeants des grandes entreprises. Bashir Currimjee le meneur Il y a Bashir, le président de Currimjee Jewanjee & Co, le holding qui coiffe les affaires familiales. C’est lui qui coordonne l’ensemble des activités du groupe. Sous sa direction, l’entreprise a consolidé son leadership dans le domaine de la haute technologie, à l’instar des télécommunications. En 1989, la firme Emtel, qui fait partie du portefeuille familial, devient le premier fournisseur d’accès à la téléphonie mobile sur l’île et dans l’hémisphère Sud. Emtel convertit ensuite les Mauriciens à la téléphonie de troisième génération (3G). Toujours à la pointe de l’innovation, cette société se lance également, au prix de lourds investissements, dans la connexion de l’île Maurice au réseau Internet à haut débit, via un réseau de câbles à fibre optique souterrain.
C’est également sous la férule de Bashir que le groupe a lancé, en 1999, MC Vision, une télévision payante diffusée par satellite. Huit ans plus tard, en 2007, il promeut Multi Contact, un réseau multimédia international d’assistance aux entreprises. Objectif : leur permettre d’améliorer la gestion de leur production et de leur base de données clientèle. Dans le domaine de la formation à distance, le groupe Currimjee s’est enrichi d’e-Skills, une entreprise qui offre des formations en ligne. Chez Bashir, la recherche de l’innovation constitue une seconde nature. « Nous n’avons jamais hésité à explorer de nouveaux domaines, ou à être des pionniers dans de nouvelles entreprises. Et, eu égard à notre passion pour ajouter de la valeur et marquer notre différence, nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous avons accompli hier. Nous cherchons constamment la croissance et visons des niveaux plus élevés d’excellence », assure-t-il sur la page d’accueil du site Internet du groupe.
Une fratrie économiquement puissante
Il y a Currim J. Currimjee. C’est le puissant patron de Quality Beverages Ltd. En 1955, cette société de commercialisation des boissons gazeuses obtient sa première licence de la firme américaine Pepsi, pour conditionner et distribuer du Pepsi-Cola. Aujourd’hui, avec Currim à sa tête, l’entreprise produit une gamme variée de boissons gazeuses : Pepsi-Cola, Seven-Up, Evervess, Mirinda, Vital Sparkling Water, Vital Syrup, Lecol Lime, Orange Squash. Outre le marché local, elle exporte en Afrique continentale, notamment en Afrique du Sud, à Madagascar et aux Comores.
Mustan Currimjee, quant à lui, est la tête de Soap and Allied Industries (SAIL). Sous sa direction, cette entreprise de fabrication de produits d’hygiène et de cosmétique a obtenu la certification Iso 9001:2000, pour la conformité de ses produits aux normes internationales. Ce qui lui a valu la confiance d’hôtels de luxe, notamment dans les pays d’Afrique australe où elle écoule une partie de sa production. Soap and Allied Industries couvre l’ensemble du marché de l’entretien avec une gamme de treize produits : nettoyants ménagers, lessive pour machines à laver, savonnettes de luxe, nettoyants pour sol, etc. Dans l’industrie textile, il y a Arif Currimjee, qui dirige Vieo Industries. Son credo : l’adaptabilité à l’évolution du marché. Pour faire face à la concurrence asiatique dans le secteur vestimentaire bon marché et à la flambée des prix des matières premières comme le coton, la laine, le fil et le cachemire, Arif a décidé de recentrer son entreprise dans le secteur haut de gamme. Dans une interview accordée début février 2011 à Défi Média Group, un journal mauricien, il affirmait que son entreprise se plaçait désormais « comme un concurrent de l’Europe plutôt que de l’Asie ». Pour ce faire, elle produit désormais des produits haut de gamme pour le secteur du luxe en Occident. Une stratégie qui semble réussir, Arif expliquant qu’après une période de régression des affaires, l’avenir « s’annonce meilleur ».
L’ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie, Azim Fakhruddin Currimjee, dirige de son côté Margarine Industries. Il assume également la fonction de directeur au sein de plusieurs compagnies du groupe familial. D’autres Currimjee, à l’instar de Karim (fret, hôtels), sont cités dans le microcosme mauricien des grands patrons. Pour rester fidèle à l’esprit de solidarité du fondateur de leur groupe, les Currimjee ont lancé la fondation Currimjee Jeewanjee, qui oeuvre dans le social en finançant la formation des jeunes des quartiers défavorisés. La fondation appuie ainsi le projet gouvernemental des Zones d’éducation prioritaire (ZEP) et distribue de l’aide sociale. Elle a également lancé une bibliothèque en ligne dotée de quelque 75 000 ouvrages, pour soutenir la formation dans les universités.
par René Dassié
Article publié dans Africa24 Magazine : Les 500 qui font l’économie du continent
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