(Armees.com 14/04/2011)
Alassane Dramane Ouattara, surnommé « ADO », né le 1er janvier 1942 à Dimbokro, près de la capitale Yamoussoukro (centre du pays), est un homme d’État ivoirien.
Économiste de profession, il est notamment Premier ministre de Côte d’Ivoire de 1990 à 1993. Candidat à l’élection présidentielle de 2010, il est élu président de Côte d’Ivoire selon la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale. Devant le refus du président sortant, Laurent Gbagbo, de quitter le pouvoir, ses forces procèdent à son arrestation le 11 avril 2011. Alassane Ouattara exerce désormais pleinement ses fonctions de chef d’État.
Famille
Son père Dramane, commerçant et transporteur prospère, est un descendant de Sékou Oumar Ouattara (1665-1745) [1], fondateur de l’empire Kong, au début du XVIIIe siècle, à cheval sur le Mali, le Ghana, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire [2].
En 1990, Alassane Ouattara épouse Dominique Novion, femme d’affaires qui gère les propriétés immobilières du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny et de son homologue gabonais Omar Bongo au sein du groupe Aici et gère les franchises Jacques Dessange aux États-Unis. Selon les sources, leur mariage aurait été célébré à Paris par le maire-adjoint du XVIe arrondissement [3]. Le couple a deux enfants.
Carrière d’économiste
Après un doctorat en économie aux États-Unis, au Drexel Institute of Technology et à l’Université de Pennsylvanie, il devient économiste au FMI (directeur du département Afrique de 1984 à 1988) puis occupe le poste de gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de 1988 à 1990 [4]. En 1990, il est appelé pour résoudre la crise économique qui frappe la Côte d’Ivoire en tant que président du comité interministériel de la coordination du programme de stabilisation et de relance économique, puis en tant que Premier ministre à partir du 7 novembre.
Débuts en politique
Comme Premier ministre, il mène une politique de rigueur budgétaire qui est durement ressentie par la population ; mais il finit par assainir les finances publiques [réf. nécessaire]et redonner confiance aux bailleurs de fonds. Il crée également la carte de séjour pour les travailleurs étrangers. Pendant cette période, l’opposant Laurent Gbagbo, arrêté à la suite d’une manifestation pacifique, est condamné le 6 mars à deux ans de prison. Le député Gbagbo et les autres condamnés, dont son épouse Simone Gbagbo et son fils ainé Michel Gbagbo, seront amnistiés fin juillet 1992, par le président Félix Houphouët-Boigny. Remplacé de son poste de Premier ministre par Daniel Kablan Duncan en 1993, Alassane Ouattara devient l’année suivante directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI).
ADO de par son parcours professionnel au sein de grandes institutions financières, jouit d’une bonne réputation auprès des organisations financières internationales. Il est très populaire dans le Nord du pays et possède une assise politique réelle à l’issue des élections municipales en 2001.
Opposant
Ses partisans, désormais très nombreux dans le pays, le désignent comme président du Rassemblement des Républicains (RDR) en 1999 [5], parti fondé par le député Djéni Kobina cinq ans auparavant (septembre 1994) [6].
En 1995, Laurent Gbagbo conduit un boycott actif des élections contre une constitution ne permettant pas des élections démocratiques (absence de commission indépendante électorale, absence du bulletin unique de vote, etc). Cette constitution, en fondant l’éligibilité de tout candidat à la présidence sur la nationalité ivoirienne de son père et de sa mère, empêche la candidature de Ouattara aux élections. Ouattara ne se présente pas, considérant que le Code électoral ne le lui permettait pas : selon l’ancien code, le candidat à la présidence de la République devant être né ivoirien.
À l’époque, le parti de Ouattara (alors dirigé par Djéni Kobina) et celui de Gbagbo forment un même bloc : le Front républicain. Absent de la Côte d’Ivoire pendant toute la période pré et post-électorale, ce sont ses militants et ceux du FPI qui feront les frais de la répression du boycott actif. Plusieurs membres du Front républicain sont emprisonnés par le régime d’Henri Konan Bedié président à cette époque.
À Noël 1999, le président Bédié est renversé par un soulèvement populaire soutenu par l’armée, qui appelle ensuite le général Robert Guéï à assurer l’intérim présidentiel. Les prisonniers de la MACA, la maison d’arrêt civil d’Abidjan, sont tous libérés, y compris les prisonniers politiques dont ceux du RDR. Ouattara rentre de Paris. Guéi installe un gouvernement dit “de transition”, composé de militaires et de civils, dont une majorité de RDR, au point que le FPI refuse dans un premier temps d’y participer, jugeant qu’il s’agit d’« un gouvernement RDR ». Ouattara parle de « révolution des œillets ». Les supposées tensions ethniques s’estompent, puisque le nouveau gouvernement compte (comme le précédent) à peu près autant de musulmans que de chrétiens (l’appartenance religieuse n’ayant jusque là jamais servi de critère en Côte d’Ivoire). Une commission consultative est formée par les militaires, avec des représentants de tous les partis, pour rédiger une nouvelle Constitution à soumettre à référendum dans les plus brefs délais.
Il s’avère que les propositions de la commission concernant les conditions de nationalité pour se présenter à la présidence de la République ne constituent pas un assouplissement par rapport à celles de la Ire République, d’où des tensions qui débouchent sur le départ du gouvernement des ministres RDR, qui y étaient majoritaires au lendemain du coup d’État. Le climat social se dégrade et les partisans de Alassane Ouattara sont victimes d’intimidations, d’enlèvement et de meurtres de la part des militaires. [réf. nécessaire]
Alassane Ouattara voit alors sa candidature à l’élection présidentielle à nouveau écartée par la Cour suprême, qui s’appuie sur la nouvelle Constitution (adoptée par référendum par plus de 50 % du corps électoral à une majorité de 86 % des suffrages exprimés en 2000) [7]. Cette situation contribue à provoquer des troubles qui feront des milliers de victimes dans le pays, dont le tristement célèbre « charnier de Yopougon » au lendemain des élections qui portent après plusieurs contestations Laurent Gbagbo à la tête du pays. 54 personnes supposées par l’opposition d’être toutes originaires du Nord et supposées être des partisans de Ouattara sont trouvées assassinées. [réf. nécessaire]
Quelques mois plus tard, pendant le mandat de Laurent Gbagbo, sa candidature est encore rejetée par la cour suprême pour les élections législatives alors qu’il était candidat dans la ville de Kong. Le RDR décide un boycott violent des élections législatives, mais le mouvement subversif initié bute contre la fermeté du pouvoir légal : les législatives se tiendront sans le RDR. Suite aux différents troubles, le président ivoirien instaure un Forum pour la réconciliation nationale (9 octobre-18 décembre 2001), réunissant les principaux responsables politiques du pays.
À la suite de la tentative de coup d’État militaire du 19 septembre 2002, il manque de peu d’être assassiné par des partisans de Laurent Gbagbo [8]. Depuis cette date, une rébellion partie du nord occupe la moitié nord du pays (voir guerre civile de Côte d’Ivoire). S’affirmant menacé à Abidjan, Alassane Ouattara prend alors le chemin de l’exil vers la France.
Après avoir signé les accords de paix de Linas-Marcoussis, d’Accra II puis III, Alassane Ouattara, les rebelles des Forces nouvelles, Henri Konan Bedié et le président Gbagbo sont engagés dans un nouveau processus de médiation sous l’égide de l’Union africaine. À terme ce processus doit permettre d’avancer vers l’application des accords de Marcoussis et d’Accra III ainsi que l’organisation d’élection présidentielle transparente et ouverte à tous en octobre 2005.
Le 15 janvier 2005, la direction du Rassemblement des Républicains a annoncé qu’Alassane Ouattara serait son candidat pour l’élection présidentielle prévue en octobre 2005. Devant les questions sur la légitimité de cette candidature, le secrétaire général adjoint du parti indique que la candidature devra être confirmée par un vote des militants dans les mois à venir. L’élection présidentielle est repoussée à plusieurs reprises.
Le 26 janvier 2006, Ouattara revient [9] de son exil volontaire en France pour mener campagne en vue de l’élection présidentielle à venir [10].
Président de la République de Côte d’Ivoire
Élection présidentielle de 2010
Alassane Ouattara est candidat à l’élection présidentielle de 2010. Au premier tour, le 31 octobre, il obtient 32 % des voix, se plaçant en seconde position derrière le candidat sortant, Laurent Gbagbo, qui rassemble 38 % des suffrages. Il aborde le second tour de l’élection présidentielle avec le soutien d’Henri Konan Bédié, arrivé en troisième position avec 25 % des voix. Tous deux inscrivent leur campagne commune de second tour dans la filiation de Félix Houphouët-Boigny, l’ancien président de la République. Le 2 décembre 2010, Alassane Ouattara est annoncé selon les résultats provisoires vainqueur avec 54,1 % des voix par la Commission électorale indépendante, la CEI n’étant pas habilitée à prononcer des résultats définitifs, rôle du Conseil constitutionnel. Ce même jour, le Conseil constitutionnel, composé presque exclusivement de partisans de Laurent Gbagbo, invalide ces résultats et proclame le président sortant réélu avec 51,45 % des suffrages le lendemain [11] en invalidant les résultats dans sept départements du Nord (soit 13 % des votants). La représentante de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, considèrent pour leur part que le vainqueur de l’élection est Alassane Ouattara [12]. Les présidents français Nicolas Sarkozy et américain Barack Obama appellent également Gbagbo à s’incliner [13].
Le 4 décembre, Alassane Ouattara reconduit le premier ministre Guillaume Soro dans ses fonctions, après que celui-ci a reconnu son élection et remis sa démission à Laurent Gbagbo. Soro forme alors son nouveau gouvernement le 6 [14].
Tensions après le scrutin
Obtenant le soutien de nombreux états étrangers, ainsi que celui d’instances économiques et financières tant régionales (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) qu’internationales, Ouatarra parvient à paralyser l’économie et assécher les finances de l’état ivoirien, notamment les zones encore contrôlées par son adversaire [15].
Cependant, cette situation ne satisfait aucun des protagonistes et les esprits finissent par s’échauffer de nouveau. Les combats éclatent à Abidjan à la fin du mois de février 2011 entre le « Commando invisible » pro-Ouattara et l’armée régulière. Puis, début mars, la tension gagne l’ouest du pays, où les Forces nouvelles prennent le contrôle de nouveaux territoires. L’ensemble du front finit par s’embraser à la fin mars, et les forces pro-Ouattara, rebaptisées Forces républicaines de Côte d’Ivoire, et placées sous le commandement du colonel Patrice Kouassi, prennent Yamoussoukro, la capitale politique du pays, le 30 mars. À partir de ce moment-là, tout va très vite : le sud du pays est conquis en quelques heures et les troupes de Ouattara entrent dans Abidjan, sans rencontrer de réelle résistance, et pour cause, l’armée régulière et la gendarmerie font défection, abandonnent Gbagbo, et se rangent au côté de Ouattara. Laurent Gbagbo et son épouse se retranchent au Palais présidentiel d’Abidjan, protégés par un dernier carré de fidèles. Le palais est assiégé par les forces pro-Ouattara, et Laurent Gbagbo est finalement arrêté avec son épouse le 11 avril 2011.
Dates clés de sa carrière
Avril 1968 - août 1972 : économiste au FMI à Washington
Août 1973 - février 1975 : chargé de mission au siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Paris
Février 1975 - décembre 1982 : conseiller du gouverneur et directeur des études de la BCEAO à Paris puis à Dakar
Janvier 1983 - octobre 1984 : vice-gouverneur de la BCEAO à Dakar
Novembre 1984 - octobre 1988 : directeur du département Afrique au FMI à Washington
Octobre 1988 - décembre 1990 : gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest à Dakar
Avril à novembre 1990 : président du comité interministériel de la Coordination du programme de stabilisation et de relance économique de la Côte d’Ivoire
Novembre 1990 - décembre 1993 : Premier ministre de Côte d’Ivoire
Mai 1994 - juillet 1999 : directeur général adjoint du Fonds monétaire international
2 décembre 2010 : Alassane Ouattara se proclame vainqueur de l’élection présidentielle après l’annonce des résultats provisoires par le président de la commission électorale indépendante.
4 décembre 2010 : il prête serment « en qualité de président de la République de Côte d’Ivoire » et reconduit Guillaume Soro au poste de Premier ministre.
Notes et références
1.Biographie de Sékou Oumar Ouattara
2.Marwane Ben Yahmed, « Présidentielle : les deux mondes de Gbagbo et Ouattara » sur jeuneafrique.com, 27 novembre 2010
3.Augustin Scalbert, « Quand Paris boudait Ouattara à cause de sa femme française » sur rue89.com, 6 avril 2011.
4.Jean-Marc Balencie et Arnaud de la Grange, Les nouveaux mondes rebelles, Paris, Michalon, 2004, p. 142.
5.Sur le site du RDR
6.Sur le site du RDR
7.La constitution ivoirienne vue par 7 juristes français
8.« Gbagbo, la fuite en avant », Le Point, 9 décembre 2010.
9.(en) Opposition Leader Returns, Calls for Peace, as UN Mulls Sanctions — IRIN
10.(en) Si j’étais président, entretien avec ADO — Jeune Afrique
11.« La proclamation de la victoire de Laurent Gbagbo conduit le pays dans l’impasse », site de France 24, 4 décembre 2010.
12.L’ONU et l’UE s’opposent au coup de force de Gbagbo Le Figaro
13.Article du « Parisien » du 3 décembre 2010
14.Dépèche AFP du 6 décembre
15.Gbagbo en difficultés financières, l’économie ivoirienne est affectée - Article « RNW » du 5 février 2011
Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Alassane Ouattara de Wikipédia en français (auteurs)
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