(L'Avenir Quotidien 14/04/2011)
*Lorsqu’il s’agit des stratégies pour mettre les bâtons dans les roues des élections, l’opposition parle rapidement d’une seule voix. Lorsqu’il s’agit d’un programme ou d’un candidat communs, l’opposition ressemble à la tour de Babel. *Au sujet du calendrier électoral l’optimisme du pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la Ceni contraste avec la mauvaise humeur de l’opposition. *Roger Meece conseille les dirigeants politiques congolais à faire confiance à la Ceni dont la neutralité ne souffre d’aucun doute.
Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président du bureau de la commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé la publication prochaine du calendrier électoral. Cette déclaration faite par le président de la Ceni au cours d’un colloque organisé à Kinshasa sur la dynamique des élections apaisées en Rdc, intervient au moment où l’opposition, après avoir été consultée par le président de la Ceni, est montée au créneau pour dénoncer toute organisation des élections hors délai constitutionnel.
Au regard de la position de l’opposition, on est porté à croire que le pasteur Daniel Ngoy Muliunda n’avait pas convaincu ses interlocuteurs sur les difficultés que rencontrerait la Ceni. Ce qui nous étonnerait. Le discours du pasteur Daniel Ngoy Mulunda contredit les inquiétudes de l’opposition. Pour lui, après avoir reçu les conclusions de la classe politique, il ne reste qu’à publier le calendrier.
« S’agissant du calendrier électoral, ayant déjà reçu les conclusions des partis et regroupement politiques, le bureau de la CENI publiera très bientôt le calendrier électoral », avait déclaré le président de la Ceni. L’opposition qui demande la certification des résultats par la Monusco, est-elle prête à écouter les conseils du Chef de cette mission de l’Onu à Kinshasa ?Car, George Meece est d’avis que les acteurs politiques congolais doivent faire confiance à la Ceni. Cette institution étant neutre, elle ne publiera pas un calendrier et n’organisera pas les élections en faveur d’un camp politique contre un autre.
« Il me semble que les acteurs politiques doivent avoir confiance aux institutions chargée de l’organisation des élections qui elles-mêmes par leur impartialité et leur professionnalisme doivent inspirer confiance et respect » avait-il fait savoir. Sauf mauvaise foi, le pasteur Ngoy Mulunda et son bureau montrent patte blanche.
L’opposition s’agite
Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda croyait bien faire d’aller auprès de la classe politique pour lui expliquer les difficultés qu’il y aurait dans l’organisation des élections. Ces difficultés ont une influence dans l’élaboration du calendrier électoral. Comme on devrait s’y attendre, l’opposition a choisi ce prétexte pour enfourcher son cheval de bataille qu’est l’organisation d’une transition avec à la clé le partage du pouvoir. C’est la motivation principale dont le souci de respecter la Constitution n’est qu’un prétexte. Dans le cas contraire, on ne peut pas vouloir respecter la Constitution en proposant d’en sortir. Aucune disposition de la Constitution ne préconise un schéma extraconstitutionnel dans le cas où les élections ne seraient pas organisées dans le délai. L’opposition semble choisir la violation de la Constitution qui l’arrange mais qui a pour finalité, se passer de la Constitution. Car, en effet, si organiser les élections hors délai est une violation, il s’agit d’une violation dont la finalité est de rentrer dans la Constitution et non d’en sortir.
La position de l’opposition est insoutenable. L’opposition n’est même pas capable de l’expliquer à ses militants. Pour ce faire, comme toujours, elle fait croire qu’organiser les élections hors délai serait prolonger le mandant de Joseph Kabila. Une fois ceci dit à l’opinion, elle se met en tête que les élections seraient intentionnellement organisées hors délai dans le but de prolonger le mandat de Joseph Kabila. Cela s’appelle manipulation et mensonge.
Des raisons non valables
Pour justifier cette position, l’opposition dit à qui veut l’entendre que le gouvernement avait quatre années pour réunir l’argent pour les élections. Pour ne l’avoir pas fait, le gouvernement ferait preuve de mauvaise foi. Donc, pour l’opposition, c’est intentionnellement que les élections s’organiseraient hors délai. Encore que la Ceni n’a rien dit de pareil. Partant de là, l’opposition va de manipulation en manipulation de l’opinion. Elle donne l’impression que c’est le gouvernement qui organise les élections. Et pourtant, elle avait souscrit au principe de l’indépendance de la CENI, une commission dans laquelle siège aussi bien des membres de l’opposition que de la majorité au pouvoir.
Lorsque la Ceni met sur la table ses difficultés financières, elle ne fait pas seulement cas de la contribution du gouvernement. Le problème est pourtant clairement posé. Le budget électoral étant constitué des ressources internes et des ressources externes, le déficit est partout. Certains partenaires qui avaient souscrit de participer à ce budget se sont purement et simplement désengagés. D’autres continuent de nourrir la Ceni de promesses. On ne peut pas demander à ces partenaires ce qu’ils attendaient pour réunir et à temps l’argent promis. On aurait compris cette opposition dans son souci de voir les élections se tenir le délai si elle était partie auprès de la Monusco pour solliciter les moyens qui manquent à la Ceni. A la place, l’opposition est allée solliciter la certification des résultats par l’Onu.
Un suivisme enfantin
Dans son art de se faire beaucoup d’illusions, l’opposition avale souvent des schémas sans discernement et semble trouver dans chaque schéma des vertus qui garantiraient sa victoire. On pense qu’en Côte d’Ivoire, c’est la certification des résultats des élections par l’Onuci qui a garantie la victoire de l’opposant Ouattara. Par un curieux effet inqualifiable, si la Monusco certifiait les résultats des élections en Rdc, l’opposition se croit sure de les gagner. Sur ce point, puisqu’il s’agit de ce qui peut empêcher la tenue des élections, l’opposition fait bloc, elle retrouve l’unité qui lui manque pour l’essentiel. C’est ainsi que, cette opposition est incapable de se mettre d’accord autour de ce que plus d’un, même elle-même, considèrent comme la stratégie incontournable pouvant amener l’opposition à espérer gagner cette élection. C’est depuis des mois que l’on parle de la nécessité pour l’opposition de se donner un candidat unique. Malgré des tonnes et des tonnes de salive versées sur cette question, l’opposition est loin de parler d’une seule voix. Et pourtant, c’est ce qui expliquerait de l’empressement d’aller aux élections. Sur le terrain, on ne voit pas cette opposition faire preuve qu’elle a envie d’aller et vite aux élections.
L’opposition dans l’impréparation
Elle parle de se réunir autour d’un programme, sur le terrain, rien de concret pour l’élaboration de ce programme. On ne sait même pas qui prendra l’initiative de l’élaboration de ce programme. On parle d’un candidat unique, sur le terrain on est loin de l’harmonisation des vues. Car, en effet, une chose est de se doter d’un programme, une autre est de mettre le paquet pour se donner les moyens de pouvoir voir un jour ce programme mis en application. On peut dire qu’il y a impréparation manifeste des élections de la part de l’opposition. Elle veut par des manœuvres dilatoires dissimuler cette impréparation qui s’est vite muée en une peur manifeste des élections. Au lieu de dire que cette opposition ne veut pas entendre parler des élections hors délai, on devrait plutôt dire qu’elle ne veut pas du tout des élections.
L’opposition, pour se faire entendre, joue à faire peur jusqu’au point d’adopter des attitudes qui la font passer pour un vrai matamore. Si les élections ne sont pas tenues dans le délai, l’opposition fait dire que le président de la République serait illégitime s’il ne prête pas serment le 6 décembre 2011. Cette opposition qui se veut respectueuse de la Constitution, est incapable d’aller jusqu’au bout de cette logique en se donnant un porte-parole telle que voulu dans la loi reconnue par la Constitution.
Plus jamais de partage équilibré du pouvoir
La chanson sur l’illégitimité du Chef de l’Etat est vieille comme l’opposition. Celle-ci se nourrissant de crises pour survivre, sera surprise. Puisqu’elle veut les élections par tous les moyens pourvu qu’elles aient lieu dans le délai constitutionnel, elle sera servie. Dans le cas où la Ceni serait dans l’compossibilité d’organiser les élections dans le délai, le ciel ne tombera pas sur le Congo. Mieux vaudra organiser les élections avec retard que de rentrer dans les combines de partage équitable et équilibré du pouvoir.
Joachim Diana G.
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