(Le Figaro 11/04/2011)
L'aide militaire a commencé dès le début de l'insurrection avec l'envoi d'un premier contingent de 300 hommes.
Des troupes d'élite tchadiennes s'impliquent de plus en plus aux côtés des militaires libyens, accusent les leaders de la rébellion. Jusqu'à conduire les opérations en première ligne. Les témoignages abondent. Dimanche le site Tchadactuel, habituellement bien renseigné, évoquait l'entrée de ces militaires tchadiens dans la vile d'Ajdabiya, le dernier verrou avant Benghazi. Il y a une semaine, un porte-parole militaire de la rébellion, Ahmad Bani, expliquait la déroute de ses combattants par la présence massive des Tchadiens : «Nous nous sommes heurtés à des milliers de membres de la garde républicaine tchadienne.»
La nouvelle tactique des kadhafistes, l'emploi d'unités très mobiles montées sur des pick-up, porte la marque des guerriers du désert tchadien, qui ont perfectionné cette technique audacieuse en près de quarante ans de conflits internes ou externes.
Un premier contigent de 300 hommes
Selon plusieurs sources, il s'agit d'une aide d'État à État. Des brigades de la garde républicaine, revêtues d'uniformes libyens, seraient dirigées par de hauts responsables tchadiens. Pourquoi le Tchad se serait-il engagé aussi directement ? «Pour remercier Kadhafi de l'avoir aidé en lui envoyant des armes lors de l'attaque d'un groupe armé contre sa capitale en 2008», dit un leader rebelle libyen au journal panarabe Ash Sharq al-Awsat.
Les autorités tchadiennes ont formellement démenti. «Aucun soldat possesseur d'une carte d'identité tchadienne n'a été capturé», a déclaré un conseiller du président Idriss Déby, Omar Yahya. Le président tchadien ne fait toutefois pas mystère de son soutien à Kadhafi, qu'il appelle régulièrement au téléphone, a-t-il confié au magazine Jeune Afrique. Il s'est également déclaré opposé à l'intervention de la coalition.
Selon les sources du Figaro, l'aide militaire a commencé dès le début de l'insurrection avec l'envoi d'un premier contingent de 300 hommes. Ces derniers, prélevés sur des unités basées en République centrafricaine et dans un centre d'instruction, ont décollé d'Abéché et d'Amdjeress, au nord-est du Tchad. Leur réception a été assurée par l'ambassadeur de Libye au Tchad à Sebha, dans le Sud libyen, ville pourvue d'un important aérodrome militaire, qui a été bombardé ultérieurement par les avions de la coalition anti-Kadhafi.
Des mercenaires venus de toute l'Afrique noire
Ces premiers contingents auraient été balayés par les frappes occidentales. Une partie d'entre eux se sont enfuis en Égypte. D'autres éléments, mieux organisés, ont suivi par voie terrestre. Les 1er et 3e groupements de la garde républicaine ont voyagé par petits groupes de deux ou trois véhicules, pour éviter d'attirer l'attention de la surveillance aérienne.
Des recrutements ont également eu lieu au Tchad dans une tribu proche des Libyens. Parallèlement à l'envoi d'unités constituées, l'ambassade du Tchad à Tripoli a été l'un des centres de recrutement de mercenaires sur place, d'abord dans la communauté tchadienne en Libye, puis parmi les ressortissants de toute l'Afrique noire. Une Afrique où les soutiens à Mouammar Kadhafi mêlent fidélités tribales, intérêts financiers et calculs à long terme.
Par Pierre Prier
11/04/2011
© Copyright Le Figaro
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire