(Le Point 03/02/2011)
Laurent Gbagbo peut remercier les Tunisiens et les Egyptiens. En détournant l'attention mondiale du conflit ivoirien, la révolte des peuples arabes l'aide dans ce qu'il fait le mieux : tenir.
Et ce n'est pas le récent sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba qui permettra de rompre dix semaines d'un étonnant statu quo : un président sortant, battu aux élections du 28 novembre, mais qui refuse de céder la place au vainqueur, Alassane Ouattara, toujours assiégé dans un hôtel d'Abidjan.
Les chefs d'Etat africains ont mandaté cinq d'entre eux pour ébaucher une nouvelle tentative de sortie de crise. Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Idriss Déby (Tchad), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Blaise Compaoré (Burkina Faso) et Jakaya Kikwete (Tanzanie) ont un mois pour résoudre la quadrature du cercle. En l'occurrence installer Ouattara à la présidence, tout en ménageant "une sortie honorable"à Gbagbo, formule qui doit sonner à ses oreilles comme un oxymore.
Une excellente nouvelle pour l'intéressé, comme l'a prouvé la réaction enthousiaste de son entourage. Pour Laurent Gbagbo, qui a un sens aigu du rapport de forces, cette initiative signifie en premier lieu qu'aucune action militaire ne sera entreprise pour le déloger avant le mois de mars.
Durant ce laps de temps, il aura tout le loisir de continuer à armer ses milices, au cas où, et de mettre en place des circuits de financement parallèles pour éloigner la menace d'asphyxie que font peser les sanctions internationales.
Et, lorsque le club des cinq rendra sa copie, ce ne sera sans doute pas pour prôner une intervention militaire, initialement envisagée, mais toujours repoussée.
Yves Cornu
Le Point - Publié le 03/02/2011 à 12:11
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