(Xinhuanet 02/02/2011)
ADDIS-ABEBA, 2 février (Xinhua) -- Au lendemain du référendum d'autodétermination du 9 au 15 janvier, avec un taux de participation record estimé à près de 80% sur un total d'environ 4 millions d'électeurs, la création du futur Etat du Sud-Soudan a reçu l'onction de l'Union africaine (UA) lors du sommet de dimanche et lundi à Addis-Abeba, l'attention ayant été portée sur les défis à relever.
Se fondant sur le souci de préservation de l'unité du continent et de la prévention de sa balkanisation au sortir d'une colonisation qui n'aura pas toujours été heureuse pour les peuples africains, l'UA a repris dans sa Charte le principe de "l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation" consacré par son ancêtre, l'Organisation de l'unité africaine (OUA), créée en 1963.
A la faveur de la victoire du "oui" au scrutin référendaire marquant le couronnement de l'accord de paix conclu le 9 janvier 2005 à Naivasha au Kenya entre le pouvoir central de Khartoum et le gouvernement de la province semi-autonome du Sud-Soudan, cette région du Soudan, le plus vaste pays d'Afrique avec une superficie de 2.505.810 km2, devra proclamer son indépendance en juillet.
"Le référendum a été libre, démocratique et transparent. En plus, il a été très pacifique. C'est une formidable expérience électorale. Parce que nous croyons à la démocratie. Nous avions la priorité de l'unité. Et le peuple s'est rendu massivement aux urnes pour voter", a déclaré à Xinhua Salva Kiir, vice-président soudanais et président doublé de chef du gouvernement du Sud-Soudan.
Le leader de l'Armée population de libération du Soudan (SPLA), rébellion autrefois dirigée par John Garang et qui pendant des décennies a mené une lutte acharnée pour l'indépendance, ne se fait pas d'illusions sur les chantiers à entreprendre pour donner corps et une identité au futur Etat.
"Nous allons très vite nous employer à élaborer un programme d'action pour la construction du nouvel Etat en création", a-t-il précisé, à l'issue d'une rencontre lundi avec le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, au dernier jour du 16e sommet ordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'organisation continentale.
"Les défis sont énormes. Nous avons combattu pendant plus de 20 ans. A la suite du référendum, le défi à présent est de construire le nouvel Etat. Mais, nous sommes convaincus et confiants que le peuple du Sud-Soudan, les leaders régionaux et la communauté internationale seront capables de mettre en place un Etat viable", a noté pour sa part le ministre de la Coopération régionale du gouvernement du Sud-Soudan, le général Deng Alor Kuol.
Il s'est réjoui du soutien de l'UA en organisant un mini-sommet sur le futur Etat et en saluant la coopération du Congrès national, du gouvernement central de Khartoum et du président Béchir, et surtout la décision des autorités du Nord d'approuver les résultats du référendum. "Cela a donné l'opportunité à l'Union africaine d'accueillir en son sein le Sud-Soudan", a dit le général Deng.
Réparti sur un territoire de 589.745 km2 avec une population évaluée entre 8 et 10 millions d'habitants, le Sud-Soudan est décrit comme un îlot de misère qui, pourtant, fournit au Soudan plus de 80% de sa production pétrolière de 500.000 barils par jour, selon les estimations, soit 90% des exportations du pays.
Mais, le contrôle de cette ressource échappe au gouvernement autonome de Juba, la capitale du futur Etat. C'est le Nord qui abrite les raffineries. Sans industrie, l'économie est essentiellement une économie de subsistance. Du reste, les perspectives sont prometteuses avec l'intérêt exprimé par les multinationales pour les autres richesses du sous-sol sud-soudanais comme l'or, les minerais de fer, de cuivre, de zinc, etc.
Pour les bases du nouvel Etat, 80% des frontières avec le Nord sont déjà délimitées. Reste les 20% autres qui, avec d'autres questions cruciales, devront faire l'objet de négociations spécifiques avec le gouvernement d'Omar el Béchir. "Les parties à l'accord de paix global (de janvier 2005, qualifié d'historique, ndlr) ont beaucoup de travail à faire au cours des prochains mois", a souligné dimanche le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, devant la conférence des chefs d'Etat de l'UA.
Parmi les modalités à discuter entre les responsables sud-soudanais et leurs interlocuteurs de Khartoum figurent la sécurisation des frontières, la citoyenneté, le partage des richesses situées à la frontière commune, la démarcation frontalière, les consultations populaires au Sud-Kordofan et dans les Etats du Nil Bleu, puis le statut de la ville d'Abyei, non encore rattachée au Sud-Soudan.
"Pour nous Africains, nous devons aider le Sud-Soudan en tant que nouvel Etat et nous sommes totalement engagés à le faire, à travailler étroitement avec les autorités et à mobiliser tous les amis du Sud-Soudan pour qu'ensemble nous construisions ce nouvel et jeune Etat. Certaines personnes avaient pensé que sa naissance allait se faire dans la violence. Elle s'est faite normalement, sans heurts", a indiqué le président de la Commission de l'UA, également interrogé par Xinhua.
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