(Le Pays 04/01/2011)
Un coup KO et la messe est dite ! Cela a l’avantage d’éviter les imbroglios géniteurs de dyarchie à l’ivoirienne, conséquence des seconds tours. Et François Bozizé l’a, semble-t-il, compris, lui qui vient de remporter à près de 67 % le premier tour de l’élection présidentielle dans son pays. Du moins, provisoirement. Maintenant, qu’a-t-il utilisé comme moyens pour parvenir à ce résultat ?
S’est-il tenu au principe qui veut qu’un président africain ne perde pas une élection qu’il a lui-même organisée ? Si c’est le cas, tout porte à croire que Bozizé a utilisé des échasses pour se hisser au faîte du pouvoir. Reste à savoir si les opposants vont utiliser les voies légales pour contester ces résultats ou s’ils battront le pavé pour se faire entendre. Toutefois, il faut admettre que les opposants, en Afrique, en mauvais perdants, crient souvent à la fraude pour se voiler la face. Si les opposants centrafricains n’ont pas su utiliser par exemple les radios FM pour contrer les fraudes comme l’a fait Abdoulaye Wade au Sénégal en 2000, qu’ils s’en prennent à eux-mêmes ! S’ils n’ont pas de preuves irréfragables pour établir la supercherie qu’ils dénoncent, qu’ils daignent reconnaître la victoire de Bozizé.
L’ancien président Ange-Félix Patassé, en lice, est arrivé en deuxième position avec plus de 20% des suffrages exprimés et l’ancien Premier ministre, Martin Ziguélé, le suit avec plus de 6%. Une union de ces deux, dès le départ, aurait donc pu faire douter François Bozizé voire lui donner du fil à retordre comme en 2005 où c’est seulement au second tour qu’il est passé devant Martin Ziguélé. L’unité est l’une des plus importantes armes qui manquent le plus aux oppositions africaines. Généralement faibles financièrement et en ressources humaines, elles arrivent difficilement à se faire représenter dans tous les bureaux de vote. Bien des partis politiques de l’opposition ont trop souvent tendance à laisser ce soin aux observateurs.
Pourtant, ces derniers, même s’ils constatent des choses anormales, aboutissent généralement à la même conclusion : "Il y a eu des irrégularités, certes, mais elles ne sont pas de nature à entacher la régularité du scrutin". Même si lesdits observateurs, venus nombreux en Centrafrique, ont pu relever des irrégularités, cela ne changera rien en fin de compte. Il faut tout de même reconnaître que la coalition de certains partis de l’opposition est souvent impossible. Un mariage du genre Ziguélé-Patassé, releverait de l’extraordinaire, tant les différences et les querelles entre les deux hommes sont fortes et difficiles à aplanir.
Ne voulant qu’aucun autre qu’eux-mêmes parvienne au pouvoir, il y a des opposants qui jubilent parfois parce qu’un président sortant a remporté la victoire. Face à l’union impossible de l’opposition, les chefs d’Etat prétendant à leur propre succession ont alors beau jeu de gagner les élections qu’ils organisent. User des voies légales ou vociférer dans les rues pour contester leur réélection n’y changera rien. Que la Cour constitutionnelle rabote un peu son score ou pas, François Bozizé aura déjà empoigné sa chose.
Abdou ZOURE
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