(Xinhuanet 02/02/2011)
ABIDJAN-- La presse proche de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara, les deux présidents déclarés de Côte d'Ivoire, assimile à une victoire, avec des oeillères chacun dans son camp, la décision du Conseil de paix et de sécurité de l' Union africaine (UA) de mettre en place un "panel" de chefs d'Etat pour la résolution de la crise post électorale dans le pays.
"Comment Gbagbo a triomphé à Addis-Abeba", s'exclame lundi le journal Le Soleil (pro-Gbagbo) qui croit savoir que "le génie politique" du président sortant lui a permis de "renverser la tendance au sommet de l'UA" et de mettre "fin au rêve d'Alassane Ouattara de parvenir au pouvoir par effraction".
Vendredi, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a annoncé la création d'un groupe de cinq chefs d'Etat pour "évaluer le processus" électoral en Côte d'Ivoire et "formuler" dans un délai d'un mois "une solution politique" avec des décisions " contraignantes" pour toutes les parties dans la crise.
Cette "position de l'UA reprend à la lettre la posture de Laurent Gbagbo qui a demandé dès les premiers instants de la crise la formation d'un comité international d'évaluation en vue de la manifestation de la vérité", soutient Le Soleil qui conclut que " Gbagbo ne partira pas, pas même par la force comme l'ont rêvé certains chefs d'Etat de la sous région".
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest ( CEDEAO) a menacé d'intervenir militairement en Côte d'Ivoire pour installer le "président élu" Alassane Ouattara.
Comme la CEDEAO et l'Onu, l'UA a reconnu M. Ouattara comme vainqueur de l'élection présidentielle du 29 novembre dernier et a appelé M. Gbagbo à lui céder le pouvoir.
Peu avant le sommet de deux jours des chefs d'Etat de l'UA clos lundi à Addis-Abeba, le cercle des soutiens à Laurent Gbagbo avait semblé s'élargir autour des présidents angolais, sud-africain et équato-guinéen notamment.C'est "le triomphe de l'Afrique digne" et "un camouflet pour la CEDEAO", relève le quotidien Notre Voie (pro- Gbagbo) qui salue la voie pacifique prônée par l'UA pour la résolution de la crise.
"Honte à la CEDEAO qui a préconisé le feu et le sang pour régler le contentieux là où l'UA jouant de sagesse, de liberté et d'impartialité a pris la décision d'envoyer à Abidjan des enquêteurs pour rechercher la vérité et proposer une solution pacifique à la crise", s'écrie le journal.
La décision de l'UA peut être perçue comme "le réveil d'une Afrique digne, soucieuse de prendre son destin en main, c'est le sursaut d'orgueil d'une Afrique qui veut se libérer de l'emprise de l'extérieur pour voler de ses propres ailes", écrit encore Notre Voie.
Moins euphorique, le quotidien d'Etat, Fraternité Matin ( favorable à Gbagbo) relève un "casting" qui fait côtoyer dans le panel des chefs d'Etat ceux "prêts à jouer le jeu pour installer Alassane Ouattara" et "ceux qui défendent la souveraineté de la Côte d'Ivoire".
Le "Groupe de haut niveau" de l'UA sera composé de Jacob Zuma ( Afrique du sud), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Idriss Déby Itno (Tchad) et Jakaya Kitwete (Tanzanie).
Mais, "la ruse pourrait consister à empêcher l'investigation que demande Laurent Gbagbo afin que l'organisation panafricaine et la CEDEAO ne soient pas contredites au risque de remettre en cause le système des Nations unies", s'inquiète le journal qui conclut que "les carottes semblent déjà cuites".
Fraternité Matin ne croit pas si bien dire. Dans le camp en face, on jubile également.
Et pour cause, selon Le Nouveau Réveil (pro-Ouattara) "l'UA réaffirme les résultats certifiés par l'Onu : ADO (Alassane Dramane Ouattara) président".
"Les résultats de la présidentielle ne seront pas revisités, pas de recomptage des voix. Gbagbo a perdu les élections, il doit céder le fauteuil. Et c'est autour des conditions de ce passage de témoin que s'est particulièrement penché le Conseil de paix et de sécurité", soutient Le Nouveau Réveil.
Même son de cloche au quotidien L'Expression qui affiche : " Gbagbo échoue encore à Addis-Abeba".Selon le journal, "les refondateurs (camp Gbagbo) ont dansé pour rien : Ouattara est reconnu président élu et il n'y aura pas de recomptage des voix".
Et c'est à juste titre, relève L'Expression, que le vainqueur de l'élection du 28 novembre dernier, selon la Commission électorale, Alassane Ouattara s'est dit "satisfait" et a "félicité " le Conseil de paix et de sécurité pour avoir "réaffirmé ses décisions antérieures" le reconnaissant comme président "légitime" de la Côte d'Ivoire.
"On le voit, Gbagbo n'a rien gagné à Addis-Abeba hormis l' agitation de certains chefs d'Etat antidémocratiques comme Robert Mugabé, Jacob Zuma et consorts", écrit L'Expression qui conclut : "Dansera bien qui dansera le dernier".
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