(Le Pays 21/02/2011)
Marc Ravalomanana vient d’échouer dans sa tentative de retour au pays le 19 février dernier. Depuis son exil sud-africain, l’ex-président malgache avait annoncé sa décision de rentrer au bercail. Mais, lorsqu’il s’est présenté à l’aéroport, l’accès à l’avion lui a été refusé. Raison invoquée : un ordre émis par la direction de l’aviation civile malgache interdit aux compagnies qui desservent le pays d’embarquer l’ex-homme fort de la Grande île.
Cette volonté de Ravalomanana de rentrer au pays traduit sans doute son dépit vis-à-vis de la SADC qui, après l’avoir soutenu, s’est finalement accommodé de sa mise à l’écart. Sa tentative est une façon de se remettre dans le jeu. Derrière la décision de la direction de l’aviation, difficile de ne pas voir la main du président de la transition, Andry Rajoelina alias TGV, à l’origine de la chute de Ravalomanana.
Celui qui détient les rênes de la Grande île depuis 2009 aurait donc pris toutes les dispositions nécessaires pour qu’aucune compagnie aérienne ne ramène au pays son farouche adversaire. Mais de quoi TGV a-t-il réellement peur ? Cette question mérite d’être posée d’autant que Marc Ravalomanana a déjà été condamné par contumace par la Justice malgache.
Pourquoi donc l’empêcher de revenir au pays surtout que la Justice tenait là une belle occasion d’exécuter sa décision ? Un vrai paradoxe ! C’est tout comme si le loup, après avoir longtemps poursuivi sa proie, se réfuse subitement à ouvrir sa gueule alors que cette proie est à deux doigts d’être mangée. Tout porte à croire que le pouvoir en place à Antananarivo a, en réalité, une sacrée peur de l’ex-chef de l’Etat.
Sa présence dans le pays troublera certainement le sommeil de TGV au moment où celui-ci s’emploie à légitimer son pouvoir. Une perspective qu’il faut à tout prix éviter. Ayant accédé au fauteuil présidentiel grâce à la rue, tout comme celui qu’il a chassé, Rajoelina sait quelque chose sur la force d’un peuple en furie.
Or, la situation des Malgaches qui ont renversé le pouvoir de Ravalomanana ne s’est pas améliorée sous son règne. Cela fait que celui-ci n’est visiblement plus sûr de bénéficier de la même adhésion populaire qui l’a porté au pouvoir. En tout cas, des milliers de partisans s’étaient mobilisés pour accueillir chaleureusement le président exilé. C’est dire qu’il mobilise encore même s’il traîne aussi des casseroles. C’est probablement cette capacité de mobilisation que redoute TGV qui ne brille pas non plus par son exemplarité. Il a certainement peur que le retour de son prédécesseur au pays entraîne des manifestations populaires de nature à faire vaciller son régime. Ces manifestations pourraient prendre plus d’ampleur si d’aventure Ravalomanana était mis aux arrêts dès sa descente d’avion. On peut donc raisonnablement penser que ce dernier n’a pas tort lorsqu’il affirme que ce sont ses adversaires (les membres de la transition) qui ont peur et non lui. En tout cas, à présent, Ravalomanana aura prouvé à plus d’un que l’annonce de son retour au bercail n’était pas un coup de bluff. Il était bel et bien décidé à retourner au pays. Reste à savoir s’il va en rester là ou s’il va user d’autres voies et moyens pour se rendre sur la Grande île dont il semble être si nostalgique.
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