(Afrik.com 18/02/2011)
Les banques internationales ferment les unes après les autres en Côte d’Ivoire. Et jeudi, il s’agissait de la plus importante d’entre elles, la française SGBCI, filiale de la Société générale. Lundi, la BICICI et Citibank avaient ouvert le bal, suivies depuis par plusieurs autres. Une conséquence de la guerre économique et financière que se livrent les présidents ivoiriens proclamés Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Ce dernier a décidé de réagir jeudi soir en prenant le contrôle de plusieurs établissements bancaires internationaux ayant suspendu leurs activités.
Aux grands maux, les grands remèdes. A l’issue du Conseil des ministres de jeudi, le président Laurent Gbagbo a décidé de nationaliser les filiales ivoiriennes des banques françaises SGBI et BICICI, anglaise Standard Chatered Bank, et américaine Citibank, au motif qu’elles n’ont pas respecté le préavis de trois mois nécessaire avant toute fermeture. Dans le communiqué officiel de son gouvernement, il est stipulé que l’Etat, « prenant ses responsabilités vis-à-vis de son peuple et des opérateurs économiques (…) a pris un décret afin que l’Etat de Côte d’Ivoire prenne le contrôle par une prise de participation totale et complète dans le capital de ces banques ».
La direction générale de SGBCI - comme les précédentes -, avait invoqué jeudi des raisons sécuritaires pour justifier de la suspension temporaire de ses activités. « Nous sommes confrontés d’une part à l’impossibilité de faire fonctionner quasi normalement les échanges de compensation entre banques et d’autre part, à l’impossibilité à court terme d’assurer l’approvisionnement de nos caisses en monnaies fiduciaires », avait-t-elle déclaré dans un communiqué. Des motifs auxquels la BICICI et Citibank avaient ajouté, lundi, l’incapacité d’assurer la sécurité de leurs employés.
Les fermetures de banques en cascade cette semaine – Access Bank et la Bank of Africa (BOA) ont suspendu leurs activités, comme la Bourse régionale des valeurs mobilières ( BRVM) – a plongé les Ivoiriens dans la psychose. Les épargnants se sont rués dans les établissements pour retirer des liquidités. Les files d’attente devant les guichets et aux portes d’entrée des banques ont pris des dimensions alarmantes – au quartier Plateau d’ Abidjan en particulier.
Une tentative de déjouer tactique de l’étouffement
Dès le début de la crise postélectorale opposant les deux présidents proclamés après le second tour du 28 novembre, la communauté internationale et la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), favorable à Alassane Ouattara, a choisi la stratégie de l’étouffement économique pour contraindre le président sortant Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à son rival. Le 26 janvier, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), commune aux 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), a ordonné la fermeture de sa direction et agences nationales en Côte d’Ivoire après que, la veille, Laurent Gbagbo eut annoncé par décret leur réquisition. Une fermeture qui a peu à peu paralysé le système bancaire ivoirien.
Acculé, privé de liquidités et de la signature des comptes d’Etat, à la recherche d’un moyen de payer les fonctionnaires et les militaires, de financer sa politique et de rassurer ses concitoyens, Laurent Gbagbo a pensé trouver la parade en nationalisant jeudi les filiales des banques internationales qui avaient cessé leurs activités. « L’objectif fondamental du Président de la République (…) est d’assurer la continuité de l’ouverture de ces banques afin de préserver les emplois et d’assurer l’accès des citoyens et des opérateurs économiques à leurs avoirs étant entendu que ces avoirs ne sont pas la propriété de ces banques », indique le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres, qui promet que « chaque citoyen et chaque opérateur économique pourra avoir accès à ses comptes bancaires dans les plus brefs délais ».
La crise ivoirienne a franchi jeudi un nouveau palier. Les chefs d’Etat africains nommés par l’Union africaine (UA) pour lui trouver une solution « contraignante » devraient arriver lundi prochain à Abidjan. Une tâche qui, jour après jour, paraît plus difficile.
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