mardi 22 février 2011

Côte d'Ivoire : début de "la médiation de la dernière chance" sur fond de tensions

(Xinhuanet 22/02/2011)

ABIDJAN -- La médiation du panel des chefs d'Etat de l'Union africaine (UA) qualifiée par les observateurs de "médiation de la dernière chance " a débuté lundi à Abidjan.
Les chefs d'Etat membres du panel à l'exception du président burkinabé qui n'a pu effectuer le déplacement "pour des raisons de sécurité" sont arrivés en début d'après-midi dans la capitale économique ivoirienne.
Les émissaires mandatés par l'UA se sont rendus en début de soirée au palais présidentiel pour une rencontre avec Laurent Gbagbo.
Ils devront par la suite effectuer le déplacement à l'hôtel du Golf où se trouve retranché Alassane Ouattara en vue de s'entretenir avec celui-ci.
La mission des émissaires de l'UA a cependant débuté dans un contexte de tensions et de violences qui ont secoué divers endroits de la vile d'Abidjan.
Dans le quartier populaire d'Abobo (commune pro-Ouattara), plusieurs groupes de jeunes ont dressé des barricades dans des rues, et des heurts avec les forces de sécurité ont été signalés, sans faire de victime.
En revanche à Treichville, un autre quartier populaire, un jeune homme a trouvé la mort à la suite d'un affrontement avec les forces de l'ordre qui intervenaient pour disperser des manifestants.
Les manifestations de samedi des partisans de Ouattara qui suivaient le mot d'ordre de révolution à l'égyptienne ou à la tunisienne avaient fait au moins trois morts samedi.
Dans le reste de la ville, les activités ont tourné au ralenti, notamment dans le quartier commercial d'Adjamé où la plupart des magasins sont restés fermés.
La peur était également perceptible dans les rangs de certains travailleurs dans le quartier administratif du Plateau où les forces de l'ordre ont intensifié des patrouilles et ont érigé des check points à plusieurs endroits.
Les présidents tanzanien, sud africain, tchadien et mauritanien présents à Abidjan devraient à l'issue de leur médiation prendre des mesures "contraignantes" à chacune des deux parties en conflit.
La Côte d'Ivoire est secouée depuis près de trois mois par une crise post électorale opposant le président sortant Laurent Gbagbo au président élu Alassane Ouattara.
Chacun des deux protagonistes s'est proclamé président de la république et a formé un gouvernement.
Les violences issues de la crise ont fait environ 300 morts depuis la mi-décembre , selon un nouveau bilan établi par l'ONU.
Le président de la Commission de l'Union africain (UA), Jean Ping, et quatre chefs d'Etat désignés par l'UA sont arrivés lundi à Abidjan à la mi-journée pour tenter de dénouer la crise post électorale en Côte d'Ivoire déchirée entre deux présidents déclarés.
Les présidents Idriss Déby Itno (Tchad), Jikaya Kikwete ( Tanzanie), Jacob Zuma (Afrique du sud) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et M. Ping ont été successivement accueillis à l'aéroport d'Abidjan par le représentant local de l'Union africaine entre 12h et 13h30 (locale et TU).
Initialement désigné pour remplacer le président nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), le président du Burkina Faso Blaise Compaoré, n'a pas effctué le déplacement à Abidjan.
Récusé par le camp du président sortant Laurent Gbagbo pour connivence avec le rival Alassane Ouattara, Blaise Compaoré s'est abstenu de se rendre en Côte d'Ivoire pour des problèmes de " sécurité".
Plusieurs centaines de jeunes partisans de Laurent Gbagbo avaient pris d'assaut depuis dimanche soir les environs de l'aéroport pour protester contre la venude M. Compaoré
Le panel des chefs d'Etat de l'UA, mis en place fin janvier à Addis-Abeba, doit proposer une solution pacifique de sortie de crise aux deux protagonistes, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
Les chefs d'Etat désignés par l'UA se sont réunis dimanche à Nouakchott (Mauritanie) où ils ont fait le tour de la question ivoirienne.
Leurs travaux qui n'ont pas été suivis de déclaration ont porté sur le rapport d'une "équipe d'experts"de l'UA en mission début février à Abidjan.
Les exxperts avaient rencontré les parties ivoiriennes en conflit mais également des diplomates accrédités dans le pays, des représentants de la société civile, des leaders religieux et des chefs coutumiers.
Le panel doit prendre "au plus tard le 28 février"des décisions "contraignantes" pour toutes les parties.
Des missions précédentes du président de la Commission de l'UA puis de son émissaire, le Premier ministre kényan, Raila Odinga, et de trois chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) s'étaient soldées par un fiasco.
De même, les passages à Abidjan des anciens présidents nigerian et sud africain, Olusegun Obasanjo et Thabo Mbeki, n'avaient pas permis d'aboutir à un compromis entre les deux camps.
L'arrivée des chefs d'Etat africains intervient dans une situation de regain de tension à Abidjan et à l'intérieur du pays suite au mot d'ordre du camp Ouattara pour des manifestations de rue "à l'égyptienne ou à la tunisienne"afin de chasser Laurent Gbagbo du pouvoir.
Samedi et dimanche, des affontements entre forces de l'ordre fidèles à Laurent Gbagbo et partisans de M. Ouattara ont fait au moins trois morts, selon des sources concordantes.
Les affrontements se poursuivaient lundi dans les quartiers de Koumassi et d'Abobo et la situation restait tendue dans la caiptale ivoirienne où la vie était au ralenti.
Le Plateau, le quartier administratif et des affaires, présentait son visage des jours non ouvrables. La circulation était très fluide et de nombreux magasins et services n'avaient pas ouvert comme dans le quartier commercvial de Treichville.
Les forces de l'ordre, armes au poing ; étaient postées aux endroits stratégiques notamment aux alentours du Palais présidentiel au Plateau.
Le programme du panel des chefs d'Etat prévoit, sans autres précisions, des rencontres avec le président sortant Laurent Gbagbo et son adversaire Alassane Ouattara.
Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de l'élection du 28 novembre dernier par la Commission électorale est reconnu comme président "légitime", par l'Onu, l'Union europenne (UE), l'Union africaine (UA) et la Communauté économique économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO).
Sa victoire lui est contestée par Laurent Gbagbo, proclamé réélu par le Conseil constitutionnel après invalidation des résultats de la Commission électorale.

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