(L'Express 22/02/2011)
Après une semaine de mobilisation populaire dans les rues de Libye, et notamment à l'est du pays où les contestataires contrôleraient quelques villes, le colonel Mouammar Kadhafi répond.
Le "Guide de la révolution" a pris la parole ce mardi après-midi. Voici les grandes lignes de son discours parfois décousu.
Après une semaine de mobilisation populaire dans les rues de Libye, et notamment à l'est du pays où les contestataires contrôleraient quelques villes, le colonel Mouammar Kadhafi répond. Son propos est long (1h15 au chronomètre de la BBC), parfois décousu, LEXPRESS.fr en a donc ressorti les grandes lignes...
Il ne démissionnera pas
Se posant en "chef de la révolution" et non en président d'un Etat, le leader libyen fait valoir qu'il n'a pas un poste officiel pour en démissionner... "Si j'avais été président, j'aurais démissionné!" Son titre officiel est celui de "Guide de la révolution".
Mouammar Kadhafi n'est pas président, il est le leader de la révolution libyenne.
Le colonel Kadhafi parle d'abord de lui-même dans cette allocution, parfois à la troisième personne du singulier, et fait référence à ses aïeux: "Mouammar Kadhafi n'est pas président, il est le leader de la révolution libyenne. Je suis bien plus haut que tout poste présidentiel. Je suis un révolutionnaire, un combattant, issu d'une tribu, d'une tente.
La corde patriotique est mise à contribution: "Les Libyens n'avaient pas d'identité avant. Aujourd'hui, on dit oui, la Libye de la révolution, la Libye de Kadhafi. Tous les pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine nous regardent, toutes les grandes puissances nous regardent." Et ce, grâce à son oeuvre et à sa révolution de 1977...
"C'est mon pays, celui de mes parents et des ancêtres", lance-t-il. Et il a affirmé qu'il se "battrai jusqu'à la dernière goutte de (son) sang" pour continuer de le "guider".
Des menaces contre les manifestants
"Nous n'avons pas encore utilisé la force. Mais si nous devons le faire, nous le ferons en vertu de la constitution libyenne et du droit international", aboie Mouammar Kadhafi. Il menace les "rebelles" d'une riposte "similaire à Tiananmen (en Chine) et Fallouja (en Irak)".
Quelques éléments en contrepoint: l'ONG Human Rights Watch estime que la répression sanglante aurait déjà fait plus de 200 morts, et le bilan devrait s'alourdir. L'ONU craint que des crimes contre l'humanité n'aient déjà été commis.
Porter l'arme contre la Libye est passible de la peine de mort
Il menace aussi les manifestants armés de la peine de mort: "Porter l'arme contre la Libye est passible de la peine de mort"... Dégainant son Livre vert, recueil de ses pensées considéré comme l'équivalent d'un texte constitutionnel en Libye, il égraine des articles du code pénal afin de définir dans quels cas cette peine pourrait s'appliquer: "pillage, destruction, tentative de renversement du pouvoir par la force, incitation à la guerre civile"...
"Des gamins drogués à Benghazi"
Le cas de Benghazi, deuxième ville du pays et berceau de la contestation depuis une semaine, a été plusieurs fois cité par le leader libyen. Mais pas pour évoquer le bilan humain que les ONG craignent très élevé, compte tenu de la répression (qui n'aurait donc pas commencé, si l'on écoute le Guide...).
Pour lui, la contestation est synonyme de "manifestations de miséreux". Il parle de distribution de drogues et d'armes pour motiver les jeunes à protester dans les rues. "Et nous allons nous entretuer de ce fait." Selon lui, les manifestants, les "gamins de Benghazi" sont donc "instrumentalisés et payés".
"C'est un complot"
Derrière eux, qui? Plusieurs options dans le même discours. "Il y a des barbus derrière ces jeunes. Demain ils demanderont pardon et nous ne leur accorderons pas cette fois-ci." Autre possibilité, selon Kadhafi: "des services étrangers. Honte sur eux et sur leurs tribus!" La thèse du complot étranger est régulièrement brandie par Kadhafi. Cette fois, "les Américains et les Britanniques se sont alliés contre la Libye", affirme-t-il.
Accusation aussitôt réfutée par le chef de la diplomatie , William Hague. "C'est son propre peuple qui tente de le renverser", affirmait-il alors que le leader libyen continue son discours déjà long de 40 minutes.
Il invite ses partisans à se mobiliser
"Tout le monde doit prendre le contrôle de la rue, le peuple libyen doit prendre le contrôle de la Libye, nous allons leur montrer ce qu'est une révolution populaire", a-t-il ajouté, en lisant un texte dans un discours parfois pontué de silences et de bégaiements.
Tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution
"Tous les jeunes, pas les jeunes drogués de Benghazi, mais tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution: ils protègeront les routes, les ponts, les aéroports", a-t-il dit. Il les invite donc à former des comités populaires. En 1977, il avait proclamé la "Jamahiriya" qu'il définit comme un "Etat des masses" qui gouvernent par le biais de comités populaires élus.
Il incite les habitants de Benghazi à se soulever eux-même contre les "bandes de manifestants qui pourraient s'en prendre aux ressources pétrolières. Levez-vous, sortez de chez vous! Vous voulez un nouvel Afghanistan en Afrique du Nord? (...) Sinon, cela finira en guerre civile. (...) Ce sont les Libyens qui déterminent leur sort et doivent assurer le contrôle de la rue."
Par Marie Simon, publié le 22/02/2011 à 18:03
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