mardi 3 avril 2012

Côte d'Ivoire : le renouveau économique tarde à se concrétiser

(Les Echos 03/04/2012)
L'économie ivoirienne connaît un « renouveau », la concurrence étrangère se manifeste, mais les contrats tardent à se concrétiser, le tout sur fond d'impatience et d'insécurité.
Quand vos hôtels sont pleins, que vos restaurants sont pleins et qu'Air France songe à mettre un A380 sur la liaison Paris-Abidjan, c'est que quelque chose bouge », se félicitait hier le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire, Jean-Louis Billon. De passage à Paris pour un séminaire organisé par Ubifrance, il partage avec d'autres hommes d'affaires français et ivoiriens son « optimisme » pour ce pays sorti d'une crise post-électorale qui a fait 3.000 morts. La croissance est prometteuse -elle pourrait atteindre 8,5 % en 2012. « L'économie connaît un renouveau, », selon le directeur d'Ubifrance à Abidjan, Gilles Della Guardia. Il évoque une hausse des flux d'importation de 30 à 40 % par rapport à 2010. La Côte d'Ivoire attend avec impatience le feu vert -en principe en juin -du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour effacer une ardoise de dette de 14 milliards de dollars. Et ouvrir la voie à la signature d'un contrat de désendettement-développement de 2 milliards d'euros avec la France au second semestre. L'environnement des affaires est jugé plus serein. « Des mesures ont été prises pour lutter contre le harcèlement fiscal, contre la corruption et les tribunaux de commerce qu'on réclamait depuis quinze ans seront une réalité en juin prochain », poursuit Jean-Louis Billon. Des entreprises françaises renouvellent leur intérêt : Bouygues revient et Total vient d'acquérir des participations pour des permis d'exploration.
La concurrence étrangère arrive d'Inde, de Singapour, de Malaisie ou de Dubaï, mais aussi d'Allemagne, d'Espagne et de Belgique. Certains groupes étrangers ne font cependant encore que passer dans le pays, considérant 2012 comme une année de transition. « Pour l'industrie française, la concurrence la plus rude est déjà présente, elle vient des 300 à 400 entreprises libanaises qui ont souvent des cadres français, et sont sur les mêmes marchés », confie un proche des milieux d'affaires.
« C'est un pays très dynamique qui va sûrement exploser, commente Jackie Andoh Bertho, directrice de l'entreprise française Noa Trading, spécialisée dans les équipements solaires. Mais, pour l'heure, on est en apnée, la communication avec les banques, frileuses, est très difficile. On pensait que le premier trimestre serait plus dynamique, on nous demande d'attendre la fin du deuxième trimestre. C'est très dur. Plus personne n'a de stock ni de trésorerie. »
D'autres s'inquiètent de l'insécurité. « Plusieurs officines présentes dans le pays dressent des notes alarmantes sur la sécurité en Côte d'Ivoire, et cela peut clairement freiner la relance », conclut le directeur clientèle entreprises de Bicici, filiale de BNP Paribas, Jean-Michel Papin, tandis que d'autres veulent rassurer à tout prix.

MARIE-CHRISTINE CORBIER
Ecrit par
Marie-Christine CORBIER
Journaliste

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