mercredi 15 février 2012

Mali - Exécutions sommaires au nord du Mali : La guerre des comm a commencé

(L'Observateur Paalga 15/02/2012) 
Le Mali fait face depuis le début de l’année à une insurrection armée. Des tribus touareg et assimilées, sous la bannière du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), mouvement politico-militaire né fin 2011 de la fusion de groupes rebelles touareg, ont pris les armes contre le pouvoir central.
Dans leur avancée, les insurgés ont ratissé quelques villes dont Tessalit, Aguelhok, Tinzawaten, Niafounké, Ménaka. Mais pour prendre des positions déjà sous le contrôle de l’armée régulière, fidèle au général-président Amadou Toumani Touré, il fallait forcément livrer bataille. Cela ne va pas sans des pertes en vies humaines. Mais malgré le contexte de belligérance, il y a des règles qui ne sont pas, la plupart du temps, respectées.
Dans ce même régistre, dans une déclaration faite sur les ondes de Radio France International (RFI), le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, soulignait qu’il y a eu un massacre d’une centaine de soldats (82 exactement), qui ont été égorgés ou abattus en fin janvier dans la ville d'Aguelhok lors de l'offensive des rebelles. La même information a été confirmée par Bamako, qui a dénoncé, au même titre que Paris, ces exécutions sommaires, perpétrées le 24 janvier même, jour où les rebelles et des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont attaqué Aguelhok.
Du coup, cela pose problème, car si l’on revendique la partition du territoire et que l’on commence à commettre des violences d’une telle atrocité, c’est insensé.
Cependant c’est aussi très facile de jeter l’anathème sur les insurgés, surtout que nous sommes dans un contexte de guerre. Et c’est bien connu que l’exercice favori de chaque camp est alors la manipulation des esprits : il s’agit d’utiliser des représentations exaltantes de ses propres combats et, si possible, de produire des visions caricaturales ou terrifiantes de l’adversaire ; comme c’est le cas. L’info et l’intox sont savamment utilisées aux mêmes fins, chacun essayant de tirer l’opinion publique vers lui.
Ici ce qui paraît curieux, c’est que la tactique de l’armée régulière n’a jamais été l’affrontement. En effet, quand les rebelles progressent vers un camp militaire, l'armée régulière déserte à l’avance pour éviter l’affrontement. Mais rien n’est impossible.
D’ailleurs, si l’Etat malien s’est vigoureusement opposé aux intentions séparatistes des rebelles, il n’a jamais fait d’une guerre ouverte son cheval de bataille. Il ne peut pas faire autrement, car il n’a les moyens ni financiers ni militaires de relever le défi. A défaut d’y parvenir par la voie de la négociation, il faut que la lutte soit sous-régionale.
De toute façon, au prochain sommet de la CEDEAO le 16 février 2012, le sujet de l’insurrection armée dans le nord malien sera sur la table des discussions et sans aucun doute l’un des principaux chantiers du futur président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

Kader Traoré

© Copyright L'Observateur Paalga

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