(Le Pays 28/02/2012)
Quand on parle de carburant au Burkina, on a bien envie de dire : « Y en a marre à la fin ! » Tel un signe indien, chaque année, les Burkinabè doivent supporter une crise d’approvisionnement en hydrocarbures. Et pourtant, le gouvernement a toujours clamé que le Burkina dispose en permanence d’un stock de sécurité de 3 mois. Il a toujours chanté que son système était le bon, par rapport à celui de pays voisins où la qualité des hydrocarbures laisserait à désirer. Tout cela n’était-ce que de la propagande ? Il faut malheureusement se rendre à l’évidence.
L’Etat qui a encore le monopole de l’approvisionnement en hydrocarbures se cherche. Son système est en panne. D’une part, la SONABHY vit une situation financière intenable avec, semble-t-il, 3 à 4 milliards de F CFA de pertes par mois, du fait des subventions des produits pétroliers et gaziers. D’autre part, des dysfonctionnements graves caractérisent le milieu des opérateurs privés que sont les marketteurs, les transporteurs et les gérants de stations.
Ces jours-ci, le directeur général de la SONABHY a laissé entendre que la pénurie de carburant était due à une fronde des transporteurs, lesquels refusent d’être le dindon de la farce à cause des nombreuses taxes sur leur activité. De toute façon, dans l’un ou l’autre cas, c’est l’Etat qui est responsable. La récurrence des crises des hydrocarbures mérite qu’on se pose les vraies questions : quel est le mal, quels sont les problèmes des acteurs privés, comment assurer un approvisionnement sans rupture ? Il faut certainement s’attaquer aux enjeux structurels du secteur pour savoir si le système burkinabè est toujours viable. Il est vrai que son statut de pays de l’hinterland complique un peu les choses.
Mais c’est une question de stratégie et les pays voisins, dont nous critiquions les systèmes, peuvent maintenant nous inspirer. Dans un premier temps, l’Etat a tout intérêt à se pencher sur la santé de la SONABHY et à réfléchir à l’ouverture du marché si le modèle ne fonctionne plus. Il se peut d’ailleurs que la vérité des prix nous sauve finalement. Dans un second temps, l’Etat doit réaffirmer son autorité et imposer des règles strictes aux marketteurs, aux transporteurs et autres acteurs du domaine. Comment comprendre que certains opérateurs privés refusent de se conformer à la réglementation en vigueur pour tricher et se faire de l’argent ?
Y aurait-il des intouchables dans le secteur, qui se soucient comme d’une guigne des cahiers de charge ? Si la SONABHY est une société stratégique au Burkina et qu’un dysfonctionnement peut bloquer l’activité économique, c’est que le devoir d’agir est impérieux. L’énergie est une denrée stratégique dont le contrôle peut booster ou compromettre le développement d’un pays. En plus, à ce rythme, la colère des Burkinabè ne fait que s’accentuer.
En effet, il est de notoriété publique que l’Etat récolte beaucoup de taxes sur le prix de l’essence à la pompe. Comment comprendre une si grande pression sur le portemonnaie des citoyens alors que les stocks ne sont pas toujours assurés ? C’est pourquoi, au niveau du consommateur qui subit une pénurie de carburant, il n’y a pas deux personnes vers qui se retourner. C’est donc à l’Etat de prendre toutes les dispositions pour assurer un approvisionnement continu des hydrocarbures. Un point, c’est tout !
SIDZABDA
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