(Le Monde 23/02/2012)
L'Union européenne a exhorté, mercredi 22 février, le gouvernement sénégalais à lever l'interdiction des manifestations à caractère politique dans le centre de Dakar, à l'approche de l'éléction présidentielle de dimanche au Sénégal. Un porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a ainsi qualifié cette mesure, en vigueur depuis le 11 juillet dernier, d'"inutile". "L'UE soutient le droit du peuple sénégalais à manifester pacifiquement", a-t-il ajouté.
Les tentatives de rassemblement des opposants à la nouvelle candidature du président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, ont provoqué des affrontements entre manifestants et policiers, qui ont fait six morts depuis le 27 janvier. "L'UE regrette profondément les décès qui ont eu lieu ces derniers jours", a ajouté le porte-parole, avant de réaffirmer l'attachement de l'Union à "des élections crédibles, pacifiques et transparentes, qui doivent refléter la volonté du peuple sénégalais". La Mission d'observation électorale de l'Union européenne au Sénégal avait déjà appelé mardi "à l'arrêt des violences" et au respect de "la libre réunion électorale".
NOUVEL APPEL À MANIFESTER
Ces déclarations interviennent alors que quatre membres du mouvement de jeunes sénégalais Y'en a marre ont comparu à Dakar pour "participation à une manifestation interdite". Ils ont plaidé mercredi non coupables, mais le procureur a requis à leur encontre six mois de prison avec sursis. Le jugement a été mis en délibéré au 27 février. Ils sont été interpellés le 16 février alors qu'ils tentaient d'organiser un sit-in permanent sur la place de l'Obélisque à Dakar, jusqu'au retrait de la candidature du chef de l'Etat.
Le M23, comme il le fait presque quotidiennement depuis une semaine, avait appelé, mercredi à un nouveau rassemblement sur la place de l'Indépendance, où les manifestations sont prohibées depuis juillet 2011. A 17 heures locales (18 heures heure de Paris), la place commençait à se vider et les policiers à y prendre position, ainsi qu'alentour.
Mardi soir, le chanteur Youssou N'Dour, farouche opposant au président Wade et dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel, a été légèrement blessé à la jambe alors que, entouré de centaines de jeunes, il s'approchait des force de l'ordre qui lui barraient le passage.
MISSION DE L'UNION AFRICAINE
C'est dans un contexte tendu que l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo est arrivé mardi à Dakar pour diriger la mission des observateurs de l'Union africaine (UA) à la présidentielle. Mercredi, il a commencé à rencontrer plusieurs candidats d'opposition, parmi lesquels deux anciens premiers ministres de M. Wade, Idrissa Seck et Moustapha Niasse, ainsi que des leaders de Y'en a marre. Aucune indication n'a été donnée concernant une prochaine rencontre avec le président Wade.
Ce dernier poursuit, impassible, sa campagne électorale entamée le 5 février et qui l'a mené dans la quasi-totalité des provinces du pays. Mercredi, jeudi et vendredi, il tiendra ses derniers meetings à Dakar et dans ses banlieues, a précisé à l'AFP El Hadj Amadou Sall, un des responsables de sa campagne.
La nouvelle candidature de M. Wade est jugée "illégale" par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter.
LEMONDE.FR avec AFP
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