(Le Monde 22/02/2012)
La Mission d'observation électorale de l'Union européenne au Sénégal a appelé mardi 21 février "à l'arrêt des violences" ayant marqué la répression de manifestations d'opposants, interdites par les autorités, en affirmant son souhait que "la libre réunion électorale" soit garantie. "Suite aux incidents qui ont fait six morts dans le pays lors des manifestations depuis le 27 janvier, la Mission d'observation électorale de l'Union européenne déplore tout recours à la violence tant par les forces de l'ordre que par les manifestants."Par ailleurs, "la Mission fait part de sa préoccupation quant à l'interdiction des manifestations prise par le ministère de l'intérieur" dans le centre-ville, incluant la place de l'Indépendance, interdiction que dénoncent depuis plusieurs jours des partis politiques et organisations de la société civile regroupé au sein de Mouvement du 23-Juin (M23).
Dans un communiqué diffusé lundi soir, le ministre de l'intérieur sénégalais, Ousmane Ngom, a réitéré l'interdiction de manifester dans le centre-ville de Dakar, "en vue de préserver un périmètre sensible qui abrite l'essentiel des institutions de la République, des représentations diplomatiques, des établissements bancaires et des hôpitaux nationaux". Mais le M23 considère que cette partie de Dakar "n'appartient pas à Abdoulaye Wade" et a annoncé mardi qu'en dépit de cette interdiction il appelait à manifester place de l'Indépendance de mardi à vendredi pour exiger que M. Wade retire sa candidature.
ÉCHAUFFOURÉES
Mardi soir, des candidats à la présidentielle – l'ancien premier ministre Idrissa Seck, l'ex-ministre des affaires étrangères Ibrahima Fall et le député Cheikh Bamba Dièy – et le chanteur Youssou N'Dour tentaient de converger place de l'Indépendance, mais les manifestants ont été dispersés par la police à coups de gaz lacrymogènes. MM. Seck et N'Dour, chacun dans leur voiture, étaient entourés de centaines de personnes scandant des slogans de campagne ou des refrains d'une chanson hostile au président Wade : "Gorgui, va-t'en ! Va-t'en, va-t'en, va-t'en !", Gorgui ("le vieux") étant le surnom d'Abdoulaye Wade.
Des échauffourées ont éclaté au moment de la dispersion : des pierres ont été jetées sur des policiers et un journaliste de l'AFP a vu un blessé évacué par des secouristes. Après les tirs de gaz lacrymogènes, des jeunes se sont dispersés par petits groupes dans des rues adjacentes, où des barricades de fortune ont commencé à être érigées.
LEMONDE.FR avec AFP
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