vendredi 17 février 2012

Côte d'Ivoire - L’Ivoirien Alassane Ouattara pourrait prendre la tête de la Cédéao

(Le Monde 17/02/2012)

Les dirigeants ouest-africains devaient désigner, vendredi 17 février à Abuja (Nigeria), le nouveau président de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Le chef d'Etat ivorien Alassane Ouattara apparaît comme le grand favori, au second jour d'un sommet marqué par la situation préoccupante dans la région du Sahel. Les conditions sécuritaires se dégradent rapidement dans cette zone en raison d'une nouvelle rébellion touareg au Mali et des attaques de la branche maghrébine d'Al-Qaida (AQMI).
L'élection d'Alassane Ouattara marquerait par ailleurs le retour de la Côte d'Ivoire sur la scène régionale. Le pays, en proie à des violences post-électorales en 2010-2011 qui ont fait près de 3 000 morts, avait été suspendu des activités de la Cédéao en décembre 2010. Il avait été réintégré en avril 2011, lors de l'arrivée au pouvoir de l'ancien premier ministre.
Alassane Ouattara "n'était pas un choix difficile par rapport à d'autres fois ou ça a été moins consensuel, a de son côté précisé un diplomate ouest-africain. Les pays de la région ont le sentiment de s'être investis beaucoup pour la Côte d'Ivoire et voient ça comme le couronnement de leurs efforts."
Un diplomate ouest-africain travaillant à la Cédéao a lui estimé qu'il y aurait "des débats, il y a des pays qui ne sont pas d'accord". Mais l'Ivoirien "a de grandes chances de gagner". "C'est une façon d'encourager la réconciliation dans son pays", a-t-il souligné.
S'il était officiellement désigné, l'Ivoirien succéderait au président nigérian Goodluck Johnatan, actuellement à la tête de l'organisation de quinze membres. Ce dernier avait été reconduit à ce poste en mars 2001 pour une durée d'un an renouvelable.
Les dirigeants de la région devraient aussi annoncer quel pays prendra la présidence de la Commission de la Cédéao, un poste de 4 ans jusqu'alors occupé par le Ghanéen James Victor Gbeho. Jeudi soir, Mohammed Bazoum, ministre nigérien des affaires étrangères, avait affirmé que "le président de la Commission sera un Burkinabé et le président en exercice sera Ouattara".
INSÉCURITÉ RÉGIONALE
L'insécurité dans le Sahel, avec notamment l'afflux d'armes issues du conflit libyen, est une préoccupation importante du sommet à l'ouverture duquel Goodluck Jonathan a estimé qu'il y avait "de nombreuses crises dans plusieurs parties de la sous-région". "En raison de la crise dans la région du Sahel, nous constatons un afflux d'armes légères et, bien sûr, certains pays font face à différentes formes de menaces, notamment le Nigeria", confronté aux attaques du groupe islamiste Boko Haram, a-t-il ajouté. Vendredi, trois policiers ont été tués et un autre grièvement blessé lors de deux attaques séparées perpétrées par des hommes armés dans l'Etat du Niger, dans le centre du pays, où des islamistes avaient tué 44 personnes le jour de Noël, selon la police.
Depuis mi-janvier, le Mali est confronté à l'offensive d'une nouvelle rébellion touareg. Son président, Amadou Toumani Touré, n'avait pas fait le déplacement à Abuja. Les violences ont provoqué un exode à l'intérieur du pays mais aussi vers d'autres Etats. Le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie ont ainsi vu arriver des milliers de réfugiés maliens.
Une situation préoccupante, d'autant que quelque 12 millions de personnes dans les pays sahéliens sont actuellement menacées par la famine. Le conseil de sécurité et de médiation de la Cédéao a approuvé une aide financière de l'organisation régionale de 3 millions de dollars pour les victimes de la crise alimentaire et des attaques rebelles dans les pays du Sahel, selon un communiqué jeudi soir. Les participants au sommet devraient aussi se pencher sur la piraterie en hausse dans le golfe de Guinée.

LEMONDE.FR avec AFP
17.02.12
11h40 • Mis à jour le 17.02.12
11h40
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