vendredi 12 août 2011

Tchad: tous les produits de la raffinerie locale sont disponibles

(PAPIER GENERAL) (Xinhuanet 12/08/2011)

N'DJAMENA-- Depuis lundi, tous les autres produits de la raffinerie de Djarmaya (essence, kérosène, pétrole lampant et gaz) sont disponibles dans les stations-services de la capitale tchadienne. Le gasoil, premier produit pétrolier made in Chad, avait fait l'objet d'une spéculation à peine mis sur le marché.
"Nous devrons avoir plus de 8 millions de litres d'essence, plus de 10 millions de litres de gasoil, 376.000 litres de kérosène et 1 million de litres de gaz par mois", affirme Mahamat Kasser Younous, directeur général de la Société Tchadienne des Hydrocarbures (SHT).
Selon un arrêté du ministère du Commerce et de l'Industrie, publié le mois dernier, le litre d'essence devrait être vendu à 364 francs CFA à la pompe, celui de pétrole lampant à 260 francs, celui de kérosène à 366 francs. Seul le kilogramme de gaz n'est pas encore déterminé, même si sur instruction du président Idriss Déby Itno, il coûte 200 francs à la sortie de l'usine de Djarmaya, à l'instar de tous les produits pétroliers.
Premier produit mis sur le marché national, le gasoil a rapidement disparu des stations-services. "La raffinerie avait mis à notre disposition une quantité juste limitée du fuel lourd ( environ 4.100.000 litres) en attendant de mettre en marche les autres unités qui vont produire l'essence, le jet et le gaz. Nous les avions reçus le 10 juillet 2011 et avons commencé à les mettre sur le marché, le 17 juillet", confie le directeur général de la SHT.
4,1 millions de litres, la quantité de gasoil mise sur le marché représentait le tiers de la demande mensuelle de tout le pays (soit 12 millions de litres).
En avril, mai et juin, juste avant la mise sur le marché du gasoil tchadien, N'Djaména en manquait déjà. Puis subitement, le carburant est sorti de la raffinerie de Djarmaya, à bas prix. Les consommateurs de N'Djaména se sont rués dans les stations-services pour remplir les réservoirs de leurs véhicules et les fûts pour les groupes électrogènes et les camions de transport. Et à peine trois jours après la mise sur le marché du gasoil, une pénurie est créée.
"Juste avant le 17 juillet, le litre de gasoil était à 1.000 francs CFA puis est tombé à 374 francs, le prix fixé par l'Etat. C'est cela qui a changé le comportement des usagers", estime le directeur général de la SHT.
Selon lui, des distributeurs de carburant ont constitué clandestinement des stocks pour attendre des jours meilleurs ou bien pour les envoyer en dehors de la capitale. Le gouvernement a été obligé de monter au créneau pour les mettre en garde.
Seule habilitée à distribuer les produits pétroliers, la SHT traite désormais avec les principales stations: Al Manna, Oil Libya, 3SH, Sopetrans, ainsi que le Syndicat des pétroliers. Elle a retenue ces sociétés sur la base d'un critère précis: notamment avoir importé 10 millions de litres de gasoil par an.
"Ce sont ces stations, situées sur les grands axes de la capitale et connues par tous les N'Djaménois, qui reçoivent nos produits. Elles joueront désormais un rôle régulateur à N'Djaména dans la distribution du carburant. Les usagers peuvent se rendre dans ces stations pour s'approvisionner", indique le directeur général de la SHT. Certaines sociétés qui avaient fait des stocks fictifs, ont été purement supprimées de sa liste. Depuis la pénurie artificielle du gasoil, le ministère du Commerce a mis, à la disposition de la SHT, des contrôleurs économiques avec des gendarmes pour veiller au respect de la desserte du carburant et de son prix. Il faut empêcher que des gens se pointent avec plusieurs fûts pour s'approvisionner. Et dans les stations-services de la capitale, les consommateurs sont servis jusqu'à 20, voire 40 litres de gasoil; mais ils ne peuvent pas aller jusqu'à 200 ou 300 litres, comme aux premiers jours de la manne de Djarmaya. Ecartés des premières quantités, les consommateurs des provinces devraient également être approvisionnés dès la mi-août. La société chinoise CNPCI et le gouvernement tchadien (qui détiennent respectivement 60% et 40% du capital de la Société de Raffinage de N'Djaména) continuent les discussions pour la fixation définitive des prix des produits de la raffinerie de Djarmaya.
"D'ici quelques semaines, nous parviendrons avec la partie chinoise à des prix raisonnables pour la population tchadienne. Ces prix n'excéderont pas outre mesure ceux fixés en cette période de trois mois accordés par le gouvernement", rassure Mahamat Younous Kasser.
Pour le conseiller politique de l'Ambassade de Chine au Tchad, M. Qian Jin, "Je comprends très bien les grandes espérances que le peuple tchadien accorde aux produits finis de leur raffinerie pour résoudre, même d'un seul coup, tous les problèmes."
"Mais une entreprise n'est pas le gouvernement, ni le Dieu Tout- Puissant. Si on la surcharge, on plombe ses ailes dès sa naissance, et la faillite sera évidente," ajoute-il, prenant la Cotontchad et la Compagnie sucrière du Tchad en example, qui avaient fixé le prix d'usine trop bas et peinent à bien vivre.
"Les produits 'made in Chad' et l'indépendance énergétique prendront un coup, ce qui ne nuit pas qu'à l'intérêt de la partie chinoise...J'ai confiance qu'en considérant synthétiquement le bien-être du peuple tchadien et le fonctionnement normal de l'entreprise, elles trouveront un équilibre qui plaira à tous", souligne le diplomate chinois.
Les Tchadiens craignent qu'à partir du 1er septembre, les prix définitifs des produits de leur pétrole ne soient plus chers. Aussi espèrent-ils des subventions de l'Etat. "Les prix annoncés sont déjà fortement subventionnés. Tous les produits sont subventionnés indirectement dans la mesure où nous avons réduits toutes les charges pour que les prix soient à la bourse de tous les Tchadiens", estime Youssouf Abassallah, ministre du Commerce et de l'Industrie.
"Ailleurs, on injecte directement de l'argent, mais nous ne voulons pas prendre ce risque. On pourrait arriver à une situation où le Tchad serait en train de subventionner ses produits pour ses voisins qui viendront s'approvisionner", conclut-il.

Publié le 2011-08-12 10:10:00
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