par Jon Herskovitz
JOHANNESBURG (Reuters) - L'Afrique du Sud a célébré lundi avec nostalgie le 93e anniversaire de Nelson Mandela, dont les successeurs sont accusés de n'avoir pas perpétué l'héritage.
Les écarts de richesse se creusent dans le pays et le parti au pouvoir, l'ANC, s'est pour beaucoup égaré du chemin tracé par "Madiba".
Nelson Mandela a connu des soucis de santé en début d'année et s'il est fragile il demeure alerte, 12 ans après avoir quitté le pouvoir. Il a passé son anniversaire en famille, près de la maison de son enfance, à Qunu, dans la province du Cap-Est.
L'ancien président avait laissé derrière lui une économie solide et un pays plein d'espoir après la fin de l'apartheid.
Depuis qu'il est parti, l'Afrique du Sud a fait peu de progrès et a même régressé dans des domaines qui étaient parmi les priorités du Congrès national africain (ANC).
L'éducation représente environ 20% du budget du gouvernement mais les progrès ne sont pas à la hauteur.
Le pays est classé au 130e rang sur 139 dans le rapport sur la compétitivité en 2010 du Forum économique mondial.
L'espérance de vie est passée de 55,8 ans à 51,6 ans, le taux de pauvreté est toujours autour de 50% et le taux de chômage stagne à 25%.
ICÔNE
L'absence d'eau courante, d'électricité et d'écoles dans les townships, d'immenses quartiers occupés par les Noirs les plus pauvres, leur est de plus en plus insupportable: le nombre de manifestations violentes est passé de deux en 2006 à 111 quatre ans plus tard, selon le groupe d'études Municipal IQ.
Ces derniers mois, le pays s'interroge: l'ANC actuel est-il fidèle aux idées de Mandela ?
Les analystes politiques soulignent notamment les divisions au sein de l'ANC entre les vétérans de la lutte contre l'apartheid, qui insistent sur l'unité, la justice sociale et la réconciliation entre Noirs et Blancs, et ses membres les plus jeunes qui érigent le progrès économique en priorité.
"L'ANC n'est plus que l'ombre de lui-même et son discours sur 'l'intensification de la lutte contre le crime et la corruption' sonne faux", a récemment écrit Rhoda Kadalie, une militante des droits de l'homme, dans le quotidien financier Business Day.
Les responsables du parti affirment qu'il n'y a pas de solution facile et qu'il faudra du temps pour venir à bout des injustices générées par l'apartheid.
"Le chemin moral reste le même", assure Andrew Mlangeni, prisonnier politique avec Mandela durant l'apartheid.
"Nous avons toujours besoin de lui, il est une icône non seulement en Afrique du Sud mais dans le monde entier", ajoute ce vétéran de l'ANC.
Clément Guillou pour le service français
tempsreel.nouvelobs.com
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