(Afriscoop 25/07/2011)
Les conséquences de l’attentat manqué contre le chef d’Etat guinéen, au petit matin du 19 juillet 2011, sont en passe de se révéler plus graves que l’attaque elle-même. Le professeur Alpha Condé, presque miraculeusement, en est sorti indemne, et dans son entourage, un seul membre de sa garde aura perdu la vie. Mais l’onde de choc risque de provoquer un véritable séisme dans la classe politique ainsi que les casernes de la grande muette guinéenne.
La rafle qui s’est en suivie a permis de mettre aux arrêts une bonne quarantaine de militaires dont on dit qu’ils sont des amis et proches et de Sékouba Konaté (l’homme qui assura la difficile transition et permit l’élection de l’actuel président) et de Dadis Camara, l’ancien patron de la junte guinéenne, depuis de longs mois en exil de santé dans la capitale burkinabé.
Plus, le domicile du candidat malheureux à la présidentielle guinéenne ainsi que celui de sa fille ont été perquisitionnés. Le gendre de Dalein Diallo a été momentanément arrêté et entendu toujours dans le cadre de cette affaire. Un peu plus tard, la maison de Bah Oury, vice-président de l’UFDG de Dalein Diallo, a subi l’investigation de militaires à la recherche de suspects et d’indices. A qui le tour ? est-on tenté de se demander.
On le devine, Dalein Diallo, le patron de l’UFDG, même s’il réside depuis quelques temps à Dakar, même s’il a condamné sans réserve l’attaque menée contre le chef de l’Etat, reste tout de même dans le viseur du pouvoir. Pour ne l’avoir pas expressément dit, ce dernier ne le pense peut-être pas moins.
Et voilà une malheureuse affaire qui fait que de nouveau on se prend à trembler pour le Guinée ; ce pays qui, après un demi-siècle d’indépendance, cherche toujours ses marques et est régulièrement tombé de Charybde en Scylla, avait pourtant donné quelques gages qu’il s’engageait dans la voie d’une démocratie sereine avec la présidentielle d’il y a sept mois, remportée par le professeur Alpha Condé.
La présente affaire, qui conduit le pays à retenir son souffle, peut, si on n’y prend garde, battre le rappel de vieux démons ; car, le cumul de toutes les mesures prises à la suite de l’attentat du 19 juillet conduit au constat que le problème est condamné à prendre une tournure politique, ethnique avec évidemment des conséquences inimaginables pour un pays qui, après tout ce qu’il a enduré, avait besoin de tout sauf de pareils retours vers un passé fort tumultueux.
Or en Guinée, la question ethnique est hautement volatile et, il n’est pas du tout sûr que les plaies qu’elle causa, de par le passé , soient à ce jour , entièrement cicatrisées.
Il faut alors émettre le vœu que Condé, en opérant ces arrestations et perquisitions, travaille à bon escient et sache vraiment où il met les pieds ; car, s’il est normal qu’en toute justice les coupables répondent de leurs actes, se tromper de cible en pareille circonstance ne peut manquer de conduire à une dangereuse et inutile chasse aux sorcières ; ce qui, à son tour est synonyme de réveil de vieux démons, qui, inévitablement, précipitera de nouveau dans le gouffre un pays convalescent et qui titube encore, souffrant des lourdes séquelles d’un douloureux passé qui demeurent à ce jour bien vivaces dans tous les esprits.
Jean Claude Kongo — L’Observateur Paalga
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