(Romandie.com 27/07/2011)
LAGOS - La production pétrolière du Nigeria a retrouvé sa vigueur mais des questions cruciales qui n'ont pas été résolues depuis les élections d'avril menacent de compromettre la croissance du premier producteur d'Afrique.
Une amnistie offerte en 2009 aux groupes armés du delta du Niger, la région pétrolifère du sud, a permis un rebond, et le pays pompe actuellement 2,3 millions de barils par jour (mb/j) selon l'Agence internationale de l'énergie.
Le Nigeria a ravi en 2010 à l'Iran sa place de second exportateur de pétrole au sein de l'OPEP en 2010 alors qu'au plus fort des troubles dans le delta, en 2009, la production avait plongé à mois d'1 mb/j.
En dépit de cette embellie, les investissents sont au point mort dans l'attente d'importantes réformes du secteur, plusieurs majors attendent le renouvellement de leurs licences et les relations entre les opérateurs et la ministre du Pétrole ne sont pas au beau fixe.
De plus, c'est un calme précaire qui règne dans le delta selon des analystes, soulignant qu'il tient au versement mensuel de pensions aux ex-combattants armés, tandis que la pauvreté et le chômage sont élevés dans cette région.
La question de la sécurité n'est vraiment pas résolue, estime Benjamin Auge, rédacteur en chef adjoint d'Africa Energy Intelligence, parution spécialisée basée à Paris.
L'anglo-néerlandais Shell tente actuellement de vendre ses participations dans quatre blocs onshore, afin, selon des observateurs de se concentrer sur des opérations en mer, plus à l'abri d'éventuelles attaques.
Pour Kayode Akindele, analyste chez Greengate Strategic Partners financial advisers, si la production a retrouvé son niveau d'il y a 10-15 ans, il faut désormais se concentrer sur l'avenir du pays de 150 millions d'habitants.
La ministre du Pétrole Diezani Alison-Madueke ne fait pas l'unanimité et certains ont vu d'un mauvais oeil son maintien à ce poste-clé après la réélection du président Goodluck Jonathan en avril.
Son ministère a été jugé inefficace et Mme Madueke a été accusée de favoritisme envers certaines société ou encore d'avaliser des actes de corruption.
Un porte-parole de la compagnie pétrolière nationale, Levi Ajuonuma, a jugé ces allégations sans fondement et assuré que la ministre était à l'oeuvre.
Le gouvernement tire les deux-tiers de ses revenus de l'exploitation d'hydrocarbures, qui rapporte plus de 90% des devises du pays.
Le premier test post-électoral pour Mme Madueke va être sa gestion du dossier ExxonMobil, avec le renouvellement de trois licences accordées à l'américain en 2009 puis revoquées récemment.
M. Ajuonuma s'attend à ce qu'un accord soit conclu dans les jours à venir, qui sera suivi du renouvellement de licences accordées à Shell ou Chevron, expirées de longue date.
Nous devions nous assurer que les choses soient faites en bonne et due forme et que le principe de transparence soit respecté, assure-t-il.
Le retard de plusieurs années dans l'adoption d'une loi de réforme cruciale pour le secteur pèse sur les investissements. Les compagnies pétrolières attendent de connaître leur nouveau régime fiscal et le montant des royalties à verser.
Personne ne veut se prononcer ou décider d'investissements avant de connaître précisemment le niveau de taxation, résume Victor Ndukauba, d'Afrinvest financial advisers.
M. Ajuonuma concède que les nouveaux investissements se font attendre mais assure que la situation va bientôt changer. Il met en outre les partenaires traditionnels en garde contre les ambitions de nouveaux acteurs, tels que la Chine.
Chacun sait que quand les Chinois s'y mettent, mieux vaut avancer ses pions, dit-il. Certains estiment cependant qu'Abuja se sert de l'argument chinois pour stimuler et influencer les investisseurs traditionnels.
ROYAL DUTCH SHELL
EXXONMOBIL
CHEVRON
(©AFP / 27 juillet 2011 08h45)
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