mercredi 27 juillet 2011

Qui de Tshisekedi, Kamerhe, Kengo, Kashala … peut remporter les primaires de l'opposition ?

(7sur7.cd 27/07/2011)

La mue de l'Alliance de la Majorité Présidentielle en Majorité Présidentielle vise à doter Joseph Kabila, le Président sortant; d'une structure plus efficace dans sa quête de conservation de pouvoir. Alors que le camp présidentiel fait bloc autour de Kabila, les opposants sont encore divisés sur la stratégie de l'alternance. Le trop plein d'égo de certains membres de l'opposition met en péril les chambardements qu'une partie de la population souhaitent voir dans les arcanes du pouvoir. Entretemps, plusieurs ténors de l'opposition ont déjà annoncé leur candidature pour briguer le fauteuil présidentiel. Le premier à s'être lancé dans, la bataille est le président de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, longtemps absent du pays pour des raisons de santé. Depuis son retour triomphal de l'Europe et le succès de son meeting du 24 avril dernier au stade Tata Raphaël, où avait afflué de dizaines de milliers de sympathisants, il s'est d'ores et déjà déclaré candidat à l'élection présidentielle. Cette déclaration unilatérale du sphinx de Limete n'était pas du goût de tous les autres opposants, qui veulent une candidature unique de l'opposition après un consensus. Le président de l'Union pour la Nation Congolaise, Vital Kamerhe, l'ex speaker de l'Assemblée nationale, a aussi clairement indiqué ses ambitions pour le fauteuil présidentiel. Chaque jour qui passe l'ex bras droit de Kabila, ragaillardi par une tournée réussie à l'Est du pays, s'affirme sans complexe comme une alternative à l'actuel pouvoir.
Kengo Wa Dondo, le président du Sénat s'est aussi lancé dans la course présidentielle récemment avec la sortie le dimanche dernier de son parti politique, l'Union des forces du changement, UFC en sigle. Léon Kengo dont la stature d'homme d'Etat, et la compétence fait l'unanimité, a souhaité lui aussi une candidature nique et consensuelle de l'opposition tout en indiquant que le candidat de l'opposition soit chrétien. Oscar Kashala n'est pas en reste, le' célèbre cancérologue qui avait obtenu 4% aux élections générales de' 2006, le plaçant ainsi à la cinquième position, est revenu au pays, lui aussi dans la perspective des élections générales du 28 novembre prochain. François Muamba Tshishimbi, ex Secrétaire général du Mouvement de Libération du Congo (MLC), désormais à la tête de l'Alliance pour le Développement et la République (ADR), est le seul ténor : “de l'opposition a avoir dit clairement qu'il n'envisage pas de briguer la magistrature suprême mais bien entendu qu'il travaille à une' candidature unique et consensuelle de l'opposition.
L'opposition congolaise qui est plurielle doit donc trouver un' mécanisme de désignation d'un candidat unique pour ne pas compromettre ses chances réelles d'accéder au pouvoir. C'est ainsi que l'idée des primaires est avancée pour essayer de départager tous les candidats de l'opposition à la candidature unique de l'opposition. La non réalisation de «cinq chantiers de la République» est un argument de taille des opposants en ce sens que pas grand-chose n'a été faite aussi bien dans les infrastructures que dans le social. Ce qui d'ailleurs a fait dire au tribun hors pair qu'est Kamerhe que «cinq chantiers=zéro chantier ».
Les propos de V. Kamerhe rappellent ceux tenus par Etienne Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba, lors de la visite du président de l'UDPS à la Haye, les deux avaient qualifié la situation générale de la RDC sur tous les plans de « catastrophique ». L'échec du programme phare de la majorité présidentielle que sont les « cinq chantiers » caricaturés par les opposants de « cinq sentiers » n'est pas suffisant à lui seul pour assurer l'alternance. Les chances de l'alternance sont dans l'unité et la cohésion de l'opposition. Cependant, dans la perspective des primaires de l'opposition pour la désignation d'un candidat unique, quels sont les atouts et les faiblesses des uns et des autres candidats déclarés de l'opposition ? Tshisekedi d'abord a comme principal atout sa constance dans l'opposition depuis sa rupture avec le Maréchal Mobutu dans les années 1980, ceci lui a valu une popularité exceptionnelle à Kinshasa et ailleurs. Depuis le pays ne s'est jamais bien porté confortant ainsi sa position de fermeté envers tous les pouvoirs successifs que ça soit celui de Laurent-Désiré Kabila ou celui de Joseph Kabila. Tshisekedi a une longue expérience d'homme d'Etat, plusieurs fois ministres, ambassadeurs, mandataires publics, vice-président de l'Assemblée nationale et premier ministre. Il a aussi le bénéfice d'être perçu par bon nombre de congolais comme le père de la démocratie. Sa moralité aussi est mise en exergue par' ses partisans qui estiment que le pays qui traverse une grave crise morale a avant tout besoin d'un homme irréprochable moralement. En tout cas, sur ce point et sur celui de l'avènement de la démocratie, même ses plus farouches opposants dans la majorité lui reconnaissent le mérite d'avoir contribué à la déchéance de la dictature mobutienne et partant, l'un des artisans majeurs de la démocratie. Ses partisans l'identifie à Mandela et aimerait le voir dans le fauteuil présidentiel. Cependant, on lui reproche son côté conflictuel dans les rapports interindividuels et son côté intransigeant. Le manque parfois de lucidité, l'empêche de bien appréhender les rapports de forces politiques sans cesse mouvants. L'âge avancé d'Etienne Tshisekedi est perçu parles uns comme un atout en ce qu'il confère la sagesse; pour les autres l'âge, de Tshitshi est un handicap pour les fonctions présidentielles, qui sont très exigeantes. Ensuite, le sémillant Kamerhe dont le dynamisme et l'intelligence forcent l'admiration.
A peine opposant, il s'est vite imposé comme une alternative à Etienne Tshisekedi, l'opposant historique. Très populaire chez les jeunes, il est perçu comme quelqu'un de courageux qui a su résister au président Kabila et à sa famille politique. L'opinion lui reconnaît aussi, la qualité de sa direction à la tête de l'Assemblée nationale, où, les débats étaient de haute facture. Il a aussi comme avantage' une connaissance approfondie du Congo profond pour l'avoir sillonné dans tous les sens. Il parle les 4 langues nationales, ce qui le met à l'aise devant n'importe quel auditoire. Kamerhe a aussi l'avantage d'avoir une vision sur ce qu'il veut faire une fois au pouvoir. Sa vision inspirée du succès Brésilien incarné par Lula a fait l'objet d'un livre qu'il a publié récemment chez Larciers. Kamerhe trame aussi une belle carrière au sommet de l'Etat. Tour à tour, conseiller dans les cabinets ministériels, conseillers à la présidence de la République, Commissaire adjoint au processus de paix, ministre et récemment président de l'Assemblée nationale. Toutefois, sa jeunesse dans l'opposition lui' est reprochée par ses pairs de l'opposition. Alors que Tshisekedi n'hésite pas une seule fois d'égratigner Joseph Kabila, Kamerhe lui semble l'épargner, stigmatisant seulement' le « programme des cinq chantiers ». Cela se comprend un peu, car il a tout de même été un des plus proches collaborateurs 'de Joseph Kabila, au sujet duquel il a écrit un ouvrage très élogieux.
Un autre prétendant, c'est Kengo. Celui-ci a battu le record de longévité dans les arcanes du pouvoir. Plusieurs' fois ministres sous l deuxième République, premiers ministres, procureur général de la République et actuellement, il est toujours en fonction et à la tête du Sénat, Léon Kengo est un homme dont l'expérience dans l'exercice du pouvoir est incontestable. Cette longévité au pouvoir n'est pas un atout pour Kengo, qui est comptable aux yeux de certains congolais de la débâcle économico-sociale du pays. Kengo est aussi associé au programme de privatisations sauvages des années 90. L'homme de la rigueur a aussi fait les frais du; programme d'ajustement structurel des institutions de Bretton Woods qu'il s'était employé à appliquer avec zèle au détriment du social. Les coupes budgétaires sombres qui s'en étaient suivies dans le secteur de la santé et de l'éducation, ont fini par ternir durablement son image dans l'opinion congolaise. Et tout récemment, on lui a reproché de ne s'être pas suffisamment impliqué pour faire échec à la révision constitutionnelle de décembre 2010. Perçu comme l'homme des occidentaux, cette image défavorable lui colle à la peau et L'empêche de rayonner comme il le souhaiterait. Enfin, Oscar Kashala, après un score plus qu'honorable en 2006, a dilapidé son capital électoral à cause de son absence prolongée au pays. Ceci a entraîné une démobilisation de son électorat et a conduit à des dissensions internes au sein de son parti l'UREC. Il serait quand même trop tôt de l'enterré vite. Ce qui a avait fait sa force en 2006 demeure.
Sa compétence, son intégrité et le prestige de son métier, cancérologue de renommée mondiale. En tout cas, il appartiendra aux primaires de l'opposition de définir le critérium du candidat de l'opposition et de départager salon un mode précis et transparent tous les prétendants. Et que tout le monde s'incline et soutienne cette candidature issue des primaires. Sinon, la possibilité d'alternance en novembre 2011 reviendra à une utopie.

Robert TANZEY
Geopolis hebdo
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